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Rss Joseph Desmont, professeur au Collège Saint Augustin pendant la guerre 40/45



Joseph arrive au collège d’Enghien, situé à la chaussée d'Ath le 18 septembre 1935 comme professeur d’horticulture, sous la direction de Monsieur l’Abbé Pierre Carlier, Principal du Collège.
Il est chargé des cours théoriques et pratiques horticoles, il entreprend avec ses élèves et ensemble ils créent les jardins d’honneur devant le collège, de cultiver des légumes, de faire des plantations fruitières en espaliers le long des hauts murs de l’enceinte murale entourant le collège.
Un petite serre est construite afin d’assurer la multiplication des différentes plantes tandis qu’une plus grande serre est construite attenant à la ferme pour y planter des vignes et également pour y faire d’autres semis et bouturages.
Tout va pour le mieux jusqu'au moment de l'invasion des troupes allemandes d'Hitler.
Une partie des bâtiments sont réquisitionnés par l’armée belge pendant la campagne des 18 jours, la guerre est déclarée, beaucoup d’élèves et surtout les internes rentrent dans leur famille.
Certains professeurs sont rappelés et partent à la guerre.
La direction du collège, les professeurs et les élèves sont évacués vers le petit collège en ville, afin de laisser la place aux nombreux blessés arrivant des différents fronts.
En cette période du début de la guerre les gens ne savent plus quoi faire, se posent beaucoup de questions sur le devenir et beaucoup décident, vu l’avancée rapide des troupes allemandes de partir mais là encore une fois dans quelle direction : la France ???
Les allemands sont signalés à Bruxelles et Anvers et foncent vers Namur.
L’armée allemande avance rapidement et les premiers blessés arrivent également au collège avec des prisonniers, belges, français et anglais.
Les blessés belges hospitalisés au collège sont soit fait prisonniers ou évacués vers les hôpitaux.
Le collège est maintenant aux mains des allemands, une grande partie est réservée pour un hôpital, une pour la prison et le reste pour parquer les prisonniers.
Le principal ayant eu l’autorisation de déménager une partie du matériel vers le petit collège en ville, Joseph en avait profité pour faire la connaissance de certains prisonniers et entre autre avec une sentinelle allemande qui parlait couramment la langue française, c’était un alsacien d’origine allemande enrôlé pour la seconde fois par l’armée allemande par obligation pour sauver sa famille restée en Alsace.
Le jeudi 16 mai 1940 par colonne entière arrivent de nombreux prisonniers, les gardes allemands sont dépassés par ces nombreux arrivages et les prisonniers cherchent à s’évader ; plusieurs seront repris immédiatement.
Ce jour-là Joseph avait fait la route d’Anvaing à Enghien en vélo afin d’assurer ses cours, vu la débandade il conseille à certains prisonniers de se rassembler à un endroit peu visible situé entre les bâtiments de la ferme du collège et la grande serre, en leur disant qu'il avait préparé une porte de sortie pour le soir même lorsque les arrivées de prisonniers seront plus calmes. (10 prisonniers se sont évadés ce jour-là)
Le 19 mai Joseph et une dizaine de personnes du village se réunissent après la messe et décident d’évacuer vers la France, les personnes qui ont évacués n’ont vraiment pas de chance, très souvent lors de leurs déplacements en colonne, ils sont dépassés par les troupes allemandes.
Joseph et ses amis décident de rentrer en Belgique et arrivent dans leur famille aux environs du 15 juin.

20 juin: (Texte repris dans le cahier personnel de Joseph Desmont et à lire sur ce site sous le titre "Carnet de M.Joseph Desmont" dans la rubrique "sur tout les fronts")




"Les cours sont repris en ville, je peux aller arranger les vignes de la serre au Collège grâce à l’intervention de Monsieur l’Abbé Carlier Principal du Collège.
Je retrouve la sentinelle, un Alsacien qui avait déjà fait la guerre 14/18 avec qui j’avais créé une amitié tout en ayant déjà différentes idées derrière la tête. Je lui propose même de partir et de l’y aider, par crainte pour sa famille il me dit rester à son poste et que comme cela il pourrait aider d’autres personnes.
Ce qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Un prisonnier français, fleuriste à Arras vient m’aider et l’après-midi se passe mieux, il raconte tout ces faits d’armes, il parle de son exploitation etc…..
Ce prisonnier me demande si je peux me charger de différentes lettres destinées aux familles des prisonniers, chose que j’accepte volontiers."



Pour ce faire, conférencier horticole aux Jardins Familiaux de Wattrelos, et aux Jardins Populaires de Roubaix, Joseph avait un pied à terre chez le président Monsieur Georges Imbrecht, 9 rue Boileau à Wattrelos.
Cette personne était représentant pour une usine de cordes et de ficelles pour une grande partie de la France, ce qui lui permettait de déposer différentes lettres chez des personnes de confiance qui elles avertissaient les familles qu’une ou plusieurs lettres étaient déposées à tel endroit ou encore remisent en main propre.
Certaines lettres n’ont jamais été retirées et font partie des archives de Joseph Desmont.



Ci-dessous une lettre de remerciement adressée à Joseph Desmont par le Bourgmestre de La Glanerie en remerciement des lettres passées en fraudes pour les familles





Joseph raconte encore ceci:
"Après de multiples discussions avec le prisonnier fleuriste d’Arras, celui-ci me demande si je pouvais faire en sorte de faire évader certains prisonniers et ensemble nous mettons au point la manière d’arriver à nos fins.
La plus grande difficulté étant d’avoir l’accord de la sentinelle allemande qui de suite a accepté la combine que nous avions mise au point avec le fleuriste."

Rentrant au collège, Joseph va en parler à Monsieur le Principal et lui expose son plan déjà préparé et la manière dont cela va se passer avec l’accord de la sentinelle.
Monsieur le Principal donne son accord mais sans plus, car il dit ne rien vouloir savoir afin de protéger son personnel et les élèves se trouvant au petit collège.
Dès lors un autre problème se pose, les prisonniers sont toujours vêtus de leurs tenues militaires, il faut donc trouver des vêtements civiles et les faire rentrer dans l’enceinte du collège à la chaussée d’Ath. Comment ?
Après mûre réflexion les prisonniers doivent changer de vêtements afin de leur donner l’aspect du plus commun des mortels, un ouvrier agricole ou autre,
Joseph est à la recherche de vieux vêtements de travail, dans la famille ou chez des amis et connaissances de la région d’Anvaing et même auprès du personnel des chemins de fer de qui il reçoit soit des vieilles vestes où de vieux pantalons.
Les cours d’horticulture se donnant le jeudi, Joseph s’habille de deux ou trois pantalons, de deux ou trois vestes assez fines et rentre au collège avec son laisser passer, salue la sentinelle et l’avertit qu’il allait ressortir avec des prisonniers déguisés.
Tout en travaillant dans les jardins, il laisse traîner ci et là une veste, un pull, un pantalon que certains prisonniers enfilent à la hâte pour ressortir accompagné du professeur, la sentinelle fermant les yeux.
Au total 16 prisonniers français et deux anglais ont de cette manière pu s’évader.
Parmi les prisonniers évadés, quelques adresses incomplètes. Protection de la vie privée oblige.

Georges Van….de Villée (Bas Rhin) France
Louis J. Bonnefontaine (Bas Rhin)
Jean Hart….. Mulhouse
René Des…. Wailly-Beaucamp (Pas de Calais)
Jean H… Pfastatt (Haut-Rhin)
J.D. de Audignies (France)
A.K. de Roubaix
J.L de Béthune
J.L de Ville-Neuve-d’Asq ( Wasquehal )
William Cr… West Ealing London
Har B… Northampton England

Vu les nombreuses plantations entourant la propriété du collège, Joseph pouvait circuler partout en prétextant soit des tailles ou des entretiens dans les différents parterres.
Ci-dessous, quelques exemplaires de "laissez-passer" au nom de Joseph







D’un jeudi à l’autre beaucoup les personnages changent tant au point de vue des prisonniers que des allemands qui deviennent de plus en plus difficile et souvent méchant.
Les jardins de la cour d’honneur devant le collège est transformé en ruine, les allemands détruisent tout en y faisant des manœuvres avec les différents véhicules.
La ferme du collège a été vidée, tous les animaux, vaches et cochons ont été réquisitionnés et tués par les allemands.
Un dépôt de pneus en tout genre est installé par moments, "quelle aubaine" Joseph y voit déjà de futurs sabotages. En effet possédant une clé de la petite porte donnant sur le potager, il peut s’y rendre car les outils de jardinage sont entreposés dans un local de la ferme, il voit donc souvent ce qui si passe.
Voyant les stocks de pneus, au risque de se faire voir, durant l’heure des repas des allemands, il profite pour aller couper à l’aide d’une serpette extrêmement pointue et coupante la toile intérieure de certains pneus.
Environs trois cent pneus ont ainsi été coupés et on souvent explosés après quelques kms.

En 1941, Monsieur le Compte Delanoy, Bourgmestre d’Anvaing met sur pied un service appelé la Garde Civile dont le responsable était Jules Carpreau, ancien gendarme à la retraite.
Ce service doit, suivant un horaire bien établi, faire surveiller les lignes de chemin de fer, téléphoniques et certaines routes prédéfinies lors des réunions préparatoires.
Joseph est de nouveau incorporé dans la garde civile.
En 1942, recruté par Jules François (sergent de l’active) ayant comme chef le Lieutenant Gilbert Lagneau et son frère Emile Lagneau, Joseph est enrôlé dans l’armée secrète de la région, chez lui il accepte d’avoir un des quartiers généraux de l’A.S aux ordres supérieures du Colonel Dropsy (Abbé au collège de Kain).
Il est nommé chef d’escouade, responsable du Q.G, de l’armement, des munitions et des explosifs qu’il cache sous les pieds de la Sainte Vierge dans la grotte qu’il a construit juste avant la guerre.
Il participe a beaucoup de sabotages cache une quinzaine de réfractaires recherchés par les allemands; les pépinières de 5 ha servent aussi de maquis où les réfractaires et résistants peuvent se cacher facilement.



Deux aviateurs américains du nom de Glenn Hufnail (décédé le 5 janvier 2012) et James Hellis ont été cachés durant 12 jours derrière la grotte dont une photo ce trouve ci-dessous.





Après la guerre Joseph fut reconnu comme résistant armé chef d’escouade au grade de sergent, et il est titulaire de nombreuses décorations Belge, Française, Anglaise et Américaine.
Pour en terminer Joseph a fait de la résistance seul au nez et à la barbe de ses confrères a l’exception de Monsieur l’Abbé Carlier, Principal du collège Saint Augustin qui savait sans vouloir le savoir afin de protéger ses professeurs et ses élèves.
Après la guerre la vie reprend son cours, le collège est libéré et les études reprennent malgré les nombreux travaux de réfections et de réhabilitations.
Joseph ne perdant pas courage reprend ses cours et entreprend pour la seconde fois aidé de ses élèves la création et la restauration du jardin à la française (Copie des jardins de Versailles créé par Le Nôtre) où Joseph avait fait un stage de quelques mois après ses études.







L'article publié ci-dessus est de la plume de M.Jacques Desmont (fils de Joseph) et l'est avec l'autorisation de ce dernier.
Les photos publiées proviennent des archives de M.Jacques Desmont et mis en ligne avec l'autorisation de ce dernier.
Les 2 dernières photos proviennent des archives du Collège d'Enghien et sont publiées avec l'autorisation de Monsieur le Principal Benoit Pletinckx et Monsieur Jean-Pol Cambron, Professeur et achiviste.

 
 
Note: 5
(2 notes)
Ecrit par: prosper, Le: 08/10/14


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