Derniers articles https://www.freebelgians.be Derniers articles (C) 2005-2009 PHPBoost fr PHPBoost Lily van Oost https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-243+lily-van-oost.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-243+lily-van-oost.php <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/van_oost_freebelgians_7290c.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Anne-Marie (Lily) van Oost est née le 20 octobre 1923. Elle vivait alternativement à Gand et au Château den Ast à Huise près d'Audenarde<br /> Après la fermeture du camp HKK (camp scouts pour les enfants de prisonniers de guerre) à Huise, Lily van Oost est entrée en contact avec avec la Résistance par un détour. Ses déplacements à vélo entre Huise et Gand lui ont facilité la tâche.</p><br /> <br /> <strong>Lily dans la Résistance</strong><br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/lily_et_henri_van_oost.jpg" alt="" class="valign_" /><br /> Lily et son frère Henri</p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Le 1er octobre 1943, elle reçut une mission de liaison entre l'état-major de la Zone III et le commandant du secteur de Flandre orientale. Elle devait également transmettre des messages concernant les opérations militaires d'Aalter à Wingene et de Huise aux zones de largage. Dans son historique, cette phase est qualifiée de « pré-alerte ». Cela dura jusqu'au printemps 1944.<br /> Commence alors un deuxième apprentissage, la période « d'alerte » où Lily doit délivrer des ordres secrets. Par mesure de précaution, elle décide de s'installer à Ter Vaart, à Mariakerke-près de Gand, en mars 1944. La maison avait deux entrées : Ter Vaart du côté du canal, et de l'autre côté Bruggesteenweg 554. Elle pouvait accueillir des réfractaires au travail obligatoire, des agents anglais et des résistants si bien qu'elle commençait en quelque sorte à remplacer son frère Henri qui se cachait dans le Refuge Huise.<br /> La période de Résistance "active" de Lily van Oost débute le 1er juin 1944. Les ordres deviennent plus nombreuses et importantes : missions de liaison pour l'organisation des sites de largage et des abris, liaison avec les chefs des groupes de sabotage, coopération dans les transports d'armes et les transferts d'argent. Elle continue de recevoir des conseils en ce sens du major A. Haus et de son frère Henri, qui sera bientôt obligé de rejoindre le maquis. Avec la tête de son frère mise à prix, ses parents arrêtés et elle-même recherchée, Lily a continué à travailler "avec un courage incroyable".<br /> Elle était sans vergogne, confiante et avait le sens de l'humour pour pouvoir facilement jouer son nouveau rôle. Elle cachait des messages dans ses boucles. Elle a appris à toujours être sur ses gardes et à ne faire confiance à rien ni à personne. N'était-elle pas toujours sur la route comme coursière et relais ?<br /> Dans ses témoignages d'après-guerre, Lily décrit son frère comme un héros sans évoquer ses missions. Elle minimise son propre travail : « Mon travail, c'était plus d'aider les résistants que d'être résistance moi-même ». Mais son engagement était extraordinaire : une vraie femme de résistance et de vrais défis. « Nous étions engagés, il n'était pas question qu'on s'arrête. Cependant, si vous souhaitiez en savoir plus, il fallait tenir compte de toutes les mesures de sécurité ; c'était difficile de rester constamment dans le secret ». Elle n'en dirait pas plus.<br /> <br /> Le 27 juillet 1944, Lily van Oost reçut le message que ses parents avaient été libérés et renvoyés à Huise. Par prudence, on lui a ordonné de quitter la zone ; elle s'apprêtait à partir pour les Ardennes. Elle a cependant dû faire un détour par la rue Belliard à Bruxelles pour récupérer sa fausse carte d'identité. Mais le GFP rôdait et fit d'une pierre deux coups : Pauline de Selys qui habitait la maison voisine et Lily van Oost dont la carte d'identité a été retrouvée dans la boîte aux lettres. Toutes deux ont été arrêtés.</p><br /> <br /> <strong>Déportée à Ravensbrück</strong><br /> <br /> Lily était ravie de voir quelque chose de différent et a quitté la prison de Gand avec joie. Le train s'est arrêté à Anvers, Hambourg et Neuengamme et est arrivé à la petite gare de Furstenberg le 3 septembre à minuit. Après une marche de plusieurs kilomètres, les prisonniers atteignirent Ravensbrück, un lieu inconnu dans l'obscurité totale. Les gardes rugissaient, les fouets claquaient, les chiens aboyaient, bref l'agressivité de toutes parts. Un autre monde mais elle eut la chance d’en revenir, mais Henri, son frère, le héros, un ami, est resté absent pour toujours.<br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/lily_a_son_retour_de_deportation.jpg" alt="" class="valign_" /><br /> Lily à son retour de déportation.</p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Le 27 août 1946, Lily van Oost épouse le baron Gaston de Gerlache de Gomery (1919-2006), un des premiers résistants du service de renseignement Luc-Marc et plus tard pilote de la RAF. Comme son père Adrien de Gerlache, il devient explorateur polaire après 1954. Ce mariage et les cinq enfants que Lily lui avait apportés lui avaient apporté une véritable paix.<br /> <br /> <strong>Source:</strong><br /> <a href="https://www.belgiumwwii.be/nl/oorlogsportretten/van-oost-echtg-de-gerlache-de-gomery-lily.html">https://www.belgiumwwii.be/nl/oorlogsportretten/van-oost-echtg-de-gerlache-de-gomery-lily.html</a><br /> et article de Claire Pahaut</p>. Thu, 30 Nov 2023 11:55:26 +0100 Jeanne Defroidmont, une grande Résistante liégeoise. https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-239+jeanne-defroidmont-une-grande-r-sistante-li-geoise.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-239+jeanne-defroidmont-une-grande-r-sistante-li-geoise.php <p style="text-align:justify">Jeanne Defroidmont est née le 26 novembre 1922, elle est décédée le 11 janvier 2010 à l’âge de 87 ans. Elle était une des filles d’une famille nombreuse de 9 enfants.</p><br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/jeanne_defroidmont_freebelgians.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Pourtant, curieusement, bien qu'elle ait été très connue et très reconnaissable, peu, hors de son village et de ses connaissances, connaissaient son nom de famille. La vie Jeanne DEFROIDMONT se confond avec le récit d'un parcours exceptionnel. Elle consacra à la Résistance presque 4 années qui auraient dû être les plus belles de sa vie.<br /> Pour tous, elle était connue sous le nom de « Blanche Neige ».<br /> Dès le mois de janvier 1941, Jeanne Defroidmont s'engage dans un groupe de résistance dirigé par Joseph Witrouw, chef de peloton, et commandé par le Lieutenant-Colonel de réserve P.J. Dardenne et le Lieutenant Justin Bloom du refuge « Vive » zone IV section Liège de l'Armée Secrète.<br /> Malgré son jeune âge, 18 ans à peine, elle accomplit toutes les missions dangereuses qui lui étaient confiées sous le nom de guerre « Blanche-Neige ». Elle s'occupe du ravitaillement des réfractaires et des maquisards ainsi qu'aux familles de déportés et prisonniers de guerre. Elle effectue des transports d'armes et de postes émetteurs récepteurs et confectionne de fausses cartes d'identités. Elle transmet de très nombreux messages.<br /> Toujours prête à toutes les actions, aussi dangereuses qu'elles soient, Blanche-Neige est arrêtée par les allemands au cours d'une mission mais elle parvient à s'échapper par ses propres moyens et à prendre le maquis.<br /> Afin de se soustraire aux recherches de la Gestapo, elle réapparait sous différents aspects : déguisement en bonne sœur ou en paysanne ; avec ou sans port de lunettes, changement de coiffures, teinte des cheveux, etc...<br /> </p><br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/jeanne_defroidmont_freebelgians_1.jpg" alt="" class="valign_" /><br /> Jeanne en religieuse<br /> </p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">C'est ainsi qu'elle parvient à éviter toutes les filatures. Agent de liaison entre le secteur Liège/N.W. et les refuges, elle continue la lutte et brave tous les dangers, en participant à de nombreux sabotages.<br /> Elle travaille d'un commun accord avec Jean Leclercq de Pepinster, Sous-Lieutenant des P.I. (Partisans Insoumis) et le Lieutenant Joseph Davister de Visé, agent de liaison dès la première heure. Jean Leclercq transmettait de la documentation et des renseignements à son chef Justin Bloom, Lieutenant de l'A.S., qui les communiquait à Radio Londres. Quant au Lieutenant Davister, il commandait tout un groupe pour les transports d'armes. Il s'occupait d'une filière de renseignements, aidait et ravitaillait les réfractaires.<br /> Début septembre 1944, à l'arrivée de l'armée américaine sur le canal Albert, en face de Visé, on demande des volontaires pour passer et repasser les lignes ennemies afin de fournir certains renseignements aux alliés. De tout le secteur, seuls Jeanne Defroidmont et le Lieutenant se présentèrent. Au péril de leurs vies, ils parviennent à communiquer aux alliés des renseignements de toute première importance.<br /> Dans le courant du même mois, une autre mission aussi périlleuse leur est demandée et c'est encore Blanche-Neige qui se portera volontaire en compagnie de J. Leclercq. Téméraires jusqu'au bout, ils traversèrent les lignes allemandes dans la région de Fouron et rapportèrent avec succès les précieux renseignements qui furent aussitôt transmis à la 30e division américaine.<br /> Blanche-Neige a également travaillé sous les ordres de J. Davister au profit du 2ème bureau de l'AS. du commandant Callens, qui lui avait donné comme mission de repasser les lignes allemandes à Gemmenich pour obtenir des précisions sur l'emplacement des canons AT. Encore une fois « Mission Accomplie ».<br /> En guise de reconnaissance, elle reçoit en date du 2 octobre 1944, une citation à l'ordre du jour transmis par le général Eisenhower, commandant en chef de l'Etat-Major Supérieur des forces expéditionnaires alliées, en témoignage d'admiration pour la résistance belge.<br /> Madame Jeanne Defroidmont, alias Blanche-Neige, fut citée à l'ordre du jour par le commandant de l'A.S., le lieutenant général Pire pour le motif suivant : « Membre de l'Armée Secrète dès janvier 1941. Procura des faux documents d'identité et de travail. Assura de dangereuse mission de liaison et de courrier. Fournit des renseignements d'ordre militaire. Transporta des armes, des munitions et des postes-émetteurs. Prit part aux opérations libératrices du territoire ».<br /> Plusieurs médailles honorifiques lui ont été décernées et notamment la Croix de Chevalier de l'Ordre de Léopold II avec palmes, la Croix de Guerre 1940 avec palmes et la médaille de la résistance.<br /> <br /> Source :<br /> Article de M. Van Bilzen<br /> <a href="https://www.maisondusouvenir.be/jeanne_defroidmont.php">https://www.maisondusouvenir.be/jeanne_defroidmont.php</a><br /> <a href="http://awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com/2021/03/une-grande-resistante-liegeoise-membre-de-la-fnc-jeanne-defroidmont.html">http://awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com/2021/03/une-grande-resistante-liegeoise-membre-de-la-fnc-jeanne-defroidmont.html</a></p> Thu, 31 Aug 2023 12:11:37 +0200 Richard Altenhoff, un grand Résistant, tranquille et déterminé. https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-237+richard-altenhoff-un-grand-r-sistant-tranquille-et-d-termin.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-237+richard-altenhoff-un-grand-r-sistant-tranquille-et-d-termin.php <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/altenhoff_freebelgians.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> Richard Altenhoff est né le 20 juin 1913 d’un père d’origine allemande et d’une mère d’origine française; il a également un frère, Charles, né en 1915 et une sœur, Annie, née en 1920. <br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/altenhoff_freebelgians_2.jpg" alt="" class="valign_" /><br /> Richard avec son frère et sa sœur en 1924</p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">En 1933, Richard intègre la faculté des sciences appliquées (École polytechnique) de l’Université libre de Bruxelles. Pendant ses études, il s’investit très activement dans le cercle du Libre examen. Décrit comme un jeune homme mesuré, réfléchi et tolérant mais déterminé, il sait défendre ses convictions avec force et exprimer fermement ses opinions. Au lendemain de l’obtention de son diplôme d’ingénieur civil électricien-mécanicien en 1938, il entame son service militaire. C’est là que l’Armée est mobilisée, suite à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne. Richard participe à la Campagne des 18 Jours au sein de la 15e Compagnie de Troupes de transmission. Une fois rentré, il entame une carrière professionnelle prometteuse au sein d’une entreprise de travaux publics. Dès son retour à la vie civile, il est contacté par un ancien camarade de l’ULB qui lui permet de participer à un réseau de communication. De fil en aiguille, avec plusieurs autres anciens étudiants de l’ULB, ils fondent une cellule spécialisée dans le sabotage : c’est le futur Groupe G. Les débuts du groupe consistent en des réunions où l’on planifie et on imagine un réseau actif dans tout le pays. Les qualités de stratège de Richard Altenhoff et ses compétences techniques le désignent comme responsable logistique du groupe. <br /> Sa mission est de trouver, recevoir, acheminer, répartir du matériel répondant aux besoins vitaux des agents déjà actifs. Il participe aussi à certaines missions. En ces modestes débuts de l’organisation, il est l’un des principaux agents du G et travaille d’égal à égal avec Jean Burgers. Richard Altenhoff devient ainsi l’un des meneurs du G, « l’intellectuel de grande classe, le “penseur” du G, auquel il imposa sa marque» Richard Altenhoff est arrêté au domicile familial par la Gestapo, rue de la Cambre, 138, le matin du 3 juillet 1943. Il est emprisonné au fort de Breendonk où il est torturé. Il est jugé et condamné à mort à Bruxelles le matin du 15 mars 1944. Un cocondamné à témoigné par la suite : « L’attitude de Monsieur Altenhoff devant le conseil de guerre fut toute de fierté et de patriotisme. Il a écrasé le conseil par un discours antinazi et par un courage que j’étais seul à admirer. » À la question : « Est-ce que tu regrettes ? », il répond alors : « Oui… Je regrette de n’avoir pas fait assez ! ». Richard Altenhoff à été fusillé le 30 mars 1944 au Tir National à Schaerbeek. Il avait 30 ans. Il a reçu, à titre posthume,<br /> le grade de Lieutenant-colonel de la Résistance, le statut de prisonnier politique ainsi que la Croix d’Officier de l’Ordre de Léopold avec palme, la Croix de Guerre 1940-1945 avec palme, la Médaille de la Résistance et la Croix de Prisonnier politique 1940-1945</p>.<br /> <br /> <br /> <strong>Sources :</strong><br /> <a href="https://fr.woluwe1200.be/wp-content/uploads/2021/10/panneau_WSL-Richard-Altenhoff.pdf">https://fr.woluwe1200.be/wp-content/uploads/2021/10/panneau_WSL-Richard-Altenhoff.pdf</a> Fri, 30 Jun 2023 16:31:01 +0200 Justin Bloom, héros de la Résistance https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-234+justin-bloom-h-ros-de-la-r-sistance.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-234+justin-bloom-h-ros-de-la-r-sistance.php <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/justin_bloom_freebelgians_avril.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <p style="text-align:justify">Sous le commandement du Lieutenant Colonel de réserve P.J. Dardenne, commandant le refuge « Vive » Zone IV section Liège de l'A.S., le lieutenant Justin Bloom dirigea spécialement le groupe de sabotage « Fabritus ». Tombé dans les mains de l'ennemi alors qu'il était en service commandé, il fut incarcéré à la citadelle de Liège, condamné à mort et fusillé le 4 septembre 1944, quelques jours avant la libération.<br /> <strong>‘’LES FAUX GENDARMES’’</strong><br /> Nous sommes au mois d'avril 1944. Chacun sent que le débarquement est proche et que de graves évènements vont se passer. La radio de Londres laisse entendre que la France et peut-être la Belgique pourraient être bientôt le théâtre d'opérations d'une envergure peu banale. Le moment est venu de donner aux forces de l'intérieur qui s'organisent et rongent leurs freins depuis des mois, les armes nécessaires aux combats qui s'annoncent. Le parachutage des mitraillettes, explosifs et munitions commence.<br /> Justin Bloom de HERSTAL, lieutenant aux unités cyclistes frontières qui commande la section de Hollogne de l'A.S. se lance avec une audace folle en plein dans la bagarre. Il s'agit d'aller prendre livraison des armes parachutées la nuit et de cacher celles-ci dans des dépôts clandestins préparés d'avance.<br /> Dès qu'a retentit à Radio-Londres le message attendu : ‘’Le furet a laissé tomber sa noisette’’, Justin Bloom rassemble ses hommes. Ce sont tous de jeunes patriotes animés d'un cran superbe : Delvaux Gaston de Jemeppe ; Sottiaux René ; Smal Victor ; Debaeker Julien ; Ulens Théophile de Hollogne ; Rox Gui de Herstal ; Closset Henry ; Lairesse Albert de Fléron et François Albert de Montegnée.<br /> C'est chez Closset à Fléron que le rendez-vous a lieu. Là-bas, les hommes revêtent des costumes de gendarmes belges, montent dans une camionnette sur laquelle l'inscription ‘’Gendarmerie Nationale’’. Justin Bloom en uniforme de commandant de Brigade suit en moto-sidecar. <br /> Armés de mitraillettes, les hommes se rendent ainsi dans la campagne à l'endroit convenu où le parachutage doit avoir lieu. Les patrouilles allemandes rencontrées en chemin n'ont garde d'inquiéter la ‘’Maréchaussée’’ qui fait sans doute du zèle en service de nuit...<br /> La préparation des dépôts destinés à cacher les fûts parachutés constituait tout un travail d'organisation dangereux et malaisé.<br /> Cette mission était assurée par le Dr Y. Colmant, de la rue des Augustins à Liège, l'ophtalmologiste bien connu qui, au cours de la campagne 14-18 s'était déjà tout particulièrement distingué au front comme officier d’élite.<br /> Fin avril 1944, le Dr Y. Colmant était entré en relation avec un sous-officier des Chasseurs Ardennais, Joye, de Salm-Château, passé en Angleterre en 1940 et parachuté récemment en territoire belge. M. Samuel Motte, major de l'armée du Salut à Liège, avait servi d'intermédiaire entre les deux hommes.<br /> Avant d'accepter de rencontrer Joye, le Dr Colmant avait demandé que celui qui se disait parachuté consentit à radiodiffuser par la BBC trois jours déterminés et consécutifs le message suivant : ‘’Jeannette n'a pas peur’’. Aux jours fixés, le message était donné à 19 h. 15 à l'émission en langue française. Alors seulement, les deux hommes se rencontrèrent à l'hôtellerie de l'Armée du Salut, rue Beeckman et découvrirent leur identité et le service auquel ils appartenaient déjà.<br /> Joye, accompagné de son collaborateur Eddy Dufrasne, expliqua que deux missions urgentes étaient à remplir en prévision de l'invasion du territoire belge par les troupes américaines : <br /> 1° préparer l'hébergement d'un certain nombre d'agents anglais et belges qui devaient être parachutés dans la région. <br /> 2° achever le plus rapidement possible l'organisation des dépôts d'armes et d'explosifs sur la rive gauche de la Meuse.<br /> Avec l'ardeur qui lui est propre, le Dr Y. Colmant se mit aussitôt à la besogne. La première mission fut remplie grâce au concours d'agents appartenant déjà à différents services.<br /> Au centre de Liège, les logements furent assurés par Mme Joseph Ghaye du service Rademaeker-Balteau. Enfin, dans la région de Huy, par son propre frère, le Dr Joseph Colmant qui devait tomber le 6 août 1944 sous les balles des Belges au service de l'Allemagne.<br /> Pour l'accomplissement de la seconde mission, le Dr Colmant rencontra l'aide généreuse du Dr Marcel Delvigne, de M. Achille Brepoels de St-Nicolas-lez-Liège et M. Louis Vanhaeren, chef du dépôt des tramways de St-Gilles-lez-Liège. M. Vanhaeren offrit au dépôt même des tramways un emplacement idéalement camouflé pour dissimuler les armes.<br /> C'est vers ce dernier dépôt que devait être acheminé le produit d'un parachutage particulièrement important qui eut lieu à Villers-1e-Bouillet dans la nuit du 20 mai entre 4 et 5 heures du matin. <br /> Il comportait 2600 kilos de dynamite et 18 caisses d'armes automatiques. L'expédition eut lieu suivant le processus habituel, commandée par Justin BLOOM. Quand le tout fut chargé sur la camionnette, celle-ci emprunta la route Hannut-Liège précédée du side-car occupé par le lieutenant. Arrivée au carrefour dénommé Dernier-Patard, sur le territoire de la commune de Hollogne-aux-Pierres, la camionnette est arrêtée par un fort détachement de Feldgendarmes allemands. Le convoi stoppe, confiant dans le stratagème des uniformes de gendarmes et des fausses pièces d'identité, qui lui avait réussi à plusieurs reprises. Les Allemands, manifestement avertis, se précipitent sur les faux gendarmes, les désarment et après les avoir malmenés, les parquent dans la cour de la ferme Lerude. Après deux heures d'attente sous la menace d'être fusillé, le groupe est amené à la Kommandantur de Liège, puis à la prison St-Léonard.<br /> On apprenait plus tard que le 20 mai au petit jour, toutes les routes menant à la banlieue liégeoise avaient été gardées par de forts contingents d'Allemands.<br /> Au dépôt des tramways de St-Gilles, l'attente commençait à se faire longue, lorsque vers 9 h.30 arriva un coup de téléphone :’’Justin a une appendicite sur la route’’. <br /> C'était l'annonce du désastre.<br /> Les Allemands arrêtèrent encore par la suite : Lacroix désiré, Humblet Jean, Degrée Alfred et l'avocat Simon Pirmolin de Hollogne, qui avait joué un rôle très important dans cette affaire.<br /> Les interrogatoires furent menés avec l'énergie que l'on devine par la Feldgendarmerie au premier étage du Palais de justice, place St-Lambert. Les malheureux qui se refusaient à parler étaient couchés, poignets liés, le ventre sur une chaise et pendant que le poste marchait à fond pour couvrir les plaintes, les coups pleuvaient à l'aide d'un morceau de tuyau d'arrosage.<br /> Le Dr Y. Colmant fut arrêté à son tour le 21 juin à 5 heures du matin par la G.F.P. Emmené boulevard Piercot, il comprit aux premières questions posées de quoi il retournait : ‘’Qui est Melle Jeannette’’ ? Où se trouve M. Motte ? Où et comment avez-vous rencontré M. Ernest, autrement dit le parachutiste Joye ? »<br /> Le 15 juillet, M. Brepoels subissait le même sort.<br /> Ces différents dossiers furent transmis à la cour militaire et en ce qui concerne les faux gendarmes, l'audience avait été fixée au 20 juillet, mais pour des motifs ignorés, l'affaire fut remise à une date ultérieure.<br /> Le cas du Dr Colmant fut différé, à son tour, et traîné en longueur avec, il faut le reconnaître, la complaisance à peine dissimulée de l'Auditeur militaire, le major Altenburg, qui ne brûlait pas d'une ardeur particulière pour le régime nazi et fit tout ce qu'il put durant son court séjour à Liège pour minimiser les faits qu'il était chargé d'instruire.<br /> C'est ainsi que le 7 septembre, les membres de la Résistance, en enfonçant les portes de la Citadelle, sauvèrent d'une mort certaine tous les courageux patriotes arrêtés dans cette affaire. <br /> Hélas! Quelques jours après, on identifiait au Lycée de Waha, les corps de Justin Bloom, de Joye et de l'avocat Simon Pirmolin que les Allemands avaient, avant de s'enfuir, lâchement abattus dans les fossés de la Citadelle.<br /> Plusieurs audiences avaient été prévues pour différentes dates du mois d'août 1944, et le rôle de la Cour militaire prévoyait même une audience au 1er septembre... Mais toutes les affaires furent indistinctement remises en raison des préparatifs du départ.<br /> Fin août, le Conseil de guerre pliait bagages en toute hâte et le 6 septembre tout le personnel, auditeurs et greffiers s'enfuyait précipitamment devant les premiers chars américains.<br /> La Cour militaire allemande de l'Oberfeldkommandantur n° 589 de Liège, entrait dans l'Histoire.<br /> Sources :<br /> Texte de M. G. Van Bilzen.<br /> <a href="https://www.maisondusouvenir.be/justin_bloom.php">https://www.maisondusouvenir.be/justin_bloom.php</a></p> Fri, 31 Mar 2023 12:22:52 +0200 Gérard PAUQUET, alias Robert HANNE https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-228+g-rard-pauquet-alias-robert-hanne.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-228+g-rard-pauquet-alias-robert-hanne.php <p style="text-align:justify">Souvenirs d'un jeune Résistant, originaire de Baelen-sur-Vesdre et réfractaire à la Wehrmacht.</p><br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/pauqut_hanne_freebelgians_novembre2022.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">En ce début de juin 1943 débarque à Nivelles en gare de l'Est, d'un convoi venu de Verviers et en partie occupé par des soldats de la Luftwaffe casernés à Nivelles, Robert HANNE, ouvrier soudeur aux Ateliers métallurgiques. Il porte un livre discrètement glissé sous le bras. Il se dirige vers une dame aux cheveux ornés d'un ruban rouge, laquelle lui demande : " C'est le volume I ? <br /> A sa réponse affirmative, elle le prie de la suivre. Sans mot dire, tous deux gagnent la rue Berthels où cette dame a son domicile. Ils y entrent furtivement par une issue arrière.<br /> C'est ainsi que Gérard PAUQUET, alias Robert HANNE, jeune Résistant de Baelen-sur-Vesdre et réfractaire à la Wehrmacht est entré dans la clandestinité à Nivelles. La dame qui l'a accueilli à la gare de l’Est était Mme DUSSART-ANWAY, l'épouse d'un Résistant nivellois, Armand DUSSART, instituteur à l'Ecole d'application de l'Ecole Normale de l'Etat.<br /> Le surlendemain de son arrivée, Gérard est pris en charge par l'abbé GOSSART (Mr l'abbé P. GOSSART était l'aumônier de la 3e Cie Refuge " Panthère " (Villers-la Ville) de l'A.S. En plus de son service de renseignements, il venait en aide aux réfractaires.<br /> <br /> Ce dernier le conduit à la ferme de la Belle-Maison, exploitée par un autre Résistant, Gaston DEHOUX. C'est là, au numéro 3 du chemin de Grambais (Actuellement : Vieux chemin de Braine-le-Comte), à proximité des Ateliers métallurgiques où il est censé " souder ", que Gérard PAUQUET va passer, toujours sur le qui-vive, les dix-huit derniers mois de l'occupation.<br /> Dans cette ferme, Gérard aurait pu se contenter de vaquer à des occupations qui lui étaient familières – il était en effet fils de fermier – si son hôte, Gaston DEHOUX, ardent patriote, n'avait décelé en lui la même volonté, le même courage de résister à l'ennemi. Qu'on en juge plutôt !<br /> Gérard PAUQUET est né en 1924 à Baelen-sur-Vesdre, une commune située en territoire belge, mais toute proche de la frontière qui avant 1919 séparait la Belgique de l'Empire allemand. Dès le 10 mai 1940 Gérard fuit l'invasion et gagne, comme des milliers de compatriotes, les Centres de renfort de l'armée belge, mieux connus sous le nom de CRAB, où sont regroupés entre autres les appelés de la classe 1940. Mais vu son âge – il n'a pas encore 16 ans à l'époque – Gérard attendra l'appel sous les armes dans une exploitation agricole de Châtel-de-Nœuvre, localité située au sud de Moulins, dans l'Allier.<br /> Au lendemain de la capitulation, Gérard s'en retourne, le devoir accompli, au pays. Mais quel pays ? A sa descente du train a Verviers, en juillet 1940, il apprend qu'il ne peut regagner son domicile car depuis le 18 mai le canton d' Eupen a été annexé au IIIème Reich et dix autres communes, dont Baelen où il est domicilié, ont été rattachées administrativement le 29 mai à l'Allemagne.<br /> Gérard n'est donc plus Belge et, comme il est dépourvu de passeport, il ne pourra franchir la frontière militairement surveillée, que clandestinement, la nuit suivante.<br /> Dans sa commune de Baelen où il a retrouvé ses parents, Gérard entre dès 1940 au Corps Franc Mary-Lou, un mouvement de Résistance qui aide les prisonniers de guerre français échappés de leur stalag a regagner la France. En ces circonstances, il héberge dans le fenil de la ferme paternelle des prisonniers évadés et les pilote ensuite jusqu'au passeur qui leur fera franchir la frontière.<br /> Le 6 juin 1943 Gérard devra lui aussi passer cette même frontière comme réfractaire. Comme d'autres jeunes gens de Baelen-sur-Vesdre qui ont atteint l'âge de 18 ans, il a reçu l'ordre de rejoindre la Wehrmacht, un ordre auquel il ne veut pas répondre.<br /> Le passage de la frontière, gardée par des douaniers et des militaires, est particulièrement périlleux. Après un premier essai infructueux, le groupe des réfractaires – ils sont plus de septante – passe un contrat écrit, contresigné par le greffier du tribunal de Dolhain : avec le chef des douaniers, un certain S. (ce dernier qui s'était compromis aux yeux des Belges pour avoir vendu à l'Allemagne les plans du fort de Battice se garantissait de cette façon contre d'éventuelles poursuites après la guerre, en ne s'opposant pas au passage des réfractaires).<br /> Pris en charge par le groupe Mary-Lou, Gérard échappera aux poursuites de la police allemande. On le retrouve tantôt à Liège, à deux pas de la caserne de la Chartreuse (!), à Nessonveaux, à Chaudfontaine (où un ami de la famille, qui l'a reconnu, l'averti du danger qu'il court d'être arrêté), a Verviers enfin. Dans cette dernière ville, il trouve refuge chez Mr RANWAY, le neveu de la dame au ruban rouge, un professeur qui expédie à sa tante de curieux "volumes" et qui fournira également à Gérard les faux documents l'habilitant à rejoindre Nivelles comme ouvrier-soudeur aux Ateliers métallurgiques. Aux Ateliers métallurgiques, Gérard n'y mettra jamais les pieds, encore que depuis les prairies de la Belle- Maison il pût voir ces longs bâtiments industriels qui, en lui servant de point de chute providentiel, lui ont permis d'échapper à la conscription de la Wehrmacht.<br /> Toutefois, la vie à la Belle-Maison n'offrait pas toujours le calme champêtre que l'on pourrait s'imaginer. En effet, en cette fin d'occupation, les Allemands perquisitionnent souvent dans les fermes, toujours de nuit. Aussi ne dort-on que d'un œil ! Gérard occupe la chambre située juste au-dessus de la porte d'entrée : il est ainsi le premier averti. Les Allemands recherchent tantôt des parachutistes dont ils ont décelé les traces, tantôt des aviateurs qu'ils ne retrouvent pas après la chute de leur avion, ou encore des soldats ukrainiens qui, incorporés de gré ou de force dans la Wehrmacht, ont par la suite déserté.<br /> Ces visites impromptues de soldats allemands sont longues, parfois minutieuses car on sonde à la baïonnette le foin, la paille, voire les matelas. Lors de ces perquisitions, Gérard cherche tout d'abord refuge dans un conduit de cheminée dont l'orifice est dissimulé par un meuble habilement glissé par le fils du fermier, lequel prend tout aussi habilement la place de Gérard dans le lit momentanément inoccupé. Dans la suite, notre réfractaire devra prendre d'autres précautions moins rocambolesques : il se rendra chaque soir au faubourg de Soignies pour y passer la nuit chez une dame, sœur d'une voisine de la Belle-Maison.<br /> Certes, la discrétion des voisins est assurée. Jusqu'à la Libération, hormis ceux qui l'hébergent, nul ne sait qui il est. De nature affable, de caractère jovial, Gérard a réussi, sans se trahir, à se faire accueillir par une communauté de voisins dont les liens s'étaient davantage resserrés avec la guerre.<br /> Aussi Gaston DEHOUX, son hôte, lui confie-t-il, et à lui seul, que, en tant que membre de l'Armée Secrète, il dissimule des armes dans une fosse creusée dans la grange et recouverte de traverses de chemin de fer et de gerbes de paille, des armes qui devront être fournies à l'A.S. le jour où celle-ci recevra de Londres l'ordre d'entrer en action. Car la Libération, chacun y songe en ce mois d'août 1944, on la sent proche. Pour Gérard ce sera certes le retour au foyer paternel, ce sera surtout la fin d'un cauchemar, de la hantise quotidienne d'une arrestation, voire d'une exécution.<br /> Cette Libération tant attendue commencera un dimanche du début de septembre, lorsque Gaston DEHOUX percevra depuis sa ferme des tirs qui lui semblent provenir de la ville. L'heure aurait-elle sonné de livrer les armes qu'il dissimule dans sa grange ? Il s'inquiète de ne pas avoir reçu d'ordre précis, d'autant que la rumeur parle d'une colonne blindée de la Wehrmacht en retraite faisant route depuis Mons vers Nivelles et il décide d'envoyer Gérard auprès de l'abbé GOSSART pour en obtenir les informations nécessaires. Parti à vélo, Gérard doit s'abriter place Albert I pour éviter les tirs de L'Armée Blanche qui postée, croit-il, dans une des tours de la collégiale visait des soldats allemands.<br /> Arrivé au couvent des Conceptionnistes où l'abbé GOSSART officiait justement, Gérard, malgré les protestations indignées des religieuses, franchit la clôture et fait part à l'abbé du message que Gaston DEHOUX lui avait confié. Sans tarder, l'abbé GOSSART met fin au service religieux et regagne son domicile boulevard Charles Vanpée ou, dans un cabanon situé au fond d'un jardin voisin, il abritait un poste émetteur. Il prend immédiatement contact par radio avec un correspondant belge réfugié à Londres. Gérard croit comprendre que Londres, répondant à l'appel de l'abbé, enverra des chasseurs-bombardiers intercepter la colonne blindée allemande que l'on disait faire route vers Nivelles. Une attaque aérienne eut lieu une heure plus tard. Des témoins ont pu constater les lourdes pertes subies alors par la Wehrmacht en retraite. Faut-il dès lors en déduire que cette attaque fut menée à la suite des informations fournies par l'abbé GOSSART ? Il serait certes téméraire de l'affirmer. Il reste, néanmoins, que cette intervention alliée évita à la ville, et à ceux qui croyaient pouvoir défier l'ennemi sans trop de risques, les représailles d'une armée, en déroute certes, mais disposant encore d'importants moyens de riposte. Il fallait toujours craindre que la Wehrmacht, tel un fauve blessé, ne se retourne dangereusement contre des francs-tireurs, voire contre des civils<br /> Fin août, début septembre, les Allemands battent en retraite. Des documents d'époque nous les montrent traversant la ville avec un charroi des plus hétéroclites. Certains d'entre eux, toujours armés s'égaillent dans la nature. Qui s'imaginerait en retrouver dans le bois du Sépulcre, là où les Nivellois viennent chaque printemps cueillir des jonquilles ?<br /> Le frère de Gaston DEHOUX, René DEHOUX, qui exploite la ferme de la Rose a Grambais, s'aperçoit que des betteraves ont été enlevées dans l'un de ses champs situé à l'orée du bois du Sépulcre. Inquiet, car le vol n'est pas le fait de quelques lapins, il consulte son frère, lequel envoie son fils Maurice et Gérard pour surveiller les lieux du haut d'un chemin surplombant le champ. Effectivement, le soir venu, des ombres quittent le bois et s'approchent du champ. Nos deux guetteurs en concluent qu'il ne peut s'agir que de soldats allemands qui, ayant perdu le contact avec leurs unités, en sont réduits à trouver leur pitance dans un champ de betteraves.<br /> Sitôt averti, l'abbé GOSSART envoie Gérard auprès de l'Autorité militaire américaine établie à l'Ecole Normale. Le Commandant de gendarmerie BOUDART, chef de l'A.S, et un officier américain parlant le français décident que Gérard accompagnera en jeep des soldats américains jusqu'au bois du Sépulcre.<br /> A leur arrivée sur les lieux, Gérard s'offre à entrer seul dans le bois en brandissant un drapeau blanc. Il interpelle bientôt deux soldats allemands, toujours armés, mais quelque peu étonnés de se voir interrogés dans leur langue. Un dialogue s'engage : "Was machen Sie hier ?" demande Gérard. "Wir wa.roen : unsere Kameraden Soldaten von unserem Regiment" répondent-ils. "Wieviel sind Sie?" interroge Gérard. "Sechs …Sieben …" lancent-ils. "Jetz, wollen Sie Kriegsgefang sein ?" leur propose Gérard. Les Allemands se concertent et acceptent finalement de se rendre Huit soldats allemands seront, ce jour-là, faits prisonniers sans qu’un seul coup de feu n'ait été tiré.<br /> Ce qui a été relaté ci-dessus ne sont pas des faits d'armes mais des gestes courageux empreints d'humanité et qui honorent celui qui les a poses.<br /> Souvenirs et témoignages recueilli par M. Emile WARNY en août 1994<br /> Source : Maison du Souvenir.<br /> <a href="https://www.maisondusouvenir.be/articles.php">https://www.maisondusouvenir.be/articles.php</a><br /> </p> Mon, 31 Oct 2022 09:59:12 +0100 Dieudonné Drisse, cheminot patriote et courageux https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-225+dieudonn-drisse-cheminot-patriote-et-courageux.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-225+dieudonn-drisse-cheminot-patriote-et-courageux.php <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/dieudonne_drisse_1.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Voici l’histoire d’un machiniste visétois qui s’est distingué pendant les deux premières années de la guerre par sa bravoure et son patriotisme.<br /> Dieudonné était né en Tunisie aux environs des années 1900. Il se rendit d’abord en France avec son père puis vint en Belgique et travailla comme chauffeur de locomotive sur la ligne de chemin de fer Montzen – Visé. Bien qu’originaire d’un pays musulman, il était catholique et devint visétois par son mariage avec Hermine Michiels, la fille de Victor Michiels, assassiné sauvagement par les Allemands le 14 août 1914 lors de la destruction de Visé. De ce mariage naquit un fils Victor et une fille Flore.<br /> Dès le début de la guerre, il permit à plusieurs dizaines de prisonniers de s’évader des camps allemands en cachant ceux-ci dans le tender à charbon ou encore sous le plancher du wagon des contrôleurs. C’est ainsi qu’au cours d’un de ses voyages, un des prisonniers évadés, avant de le quitter lui demanda son nom et son adresse pour, lui dit-il, ‘’le remercier après la guerre’’. Il s’agissait du général Giraud qui, de juin à novembre 1943 a été, avec le général de Gaulle, co-président du Comité français de la Libération nationale (CFLN).<br /> Au cours du deuxième trimestre 1942, de nombreuses arrestations de résistants eurent lieu. Se sachant recherché, Dieudonné se cacha un certain temps puis, le 12 décembre 1942, il rentra chez lui pour y mourir d’un infarctus. Il fut enterré le 17 décembre, jour des vingt ans de son fils Victor<br /> De nouvelles arrestations eurent lieu en mars 1943. Parmi les résistants arrêtés, il y avait Henri Syben emmené notamment avec deux pères de l’Abbaye de Val-Dieu. Quelques jours plus tard, sa femme vint le voir à la prison st Léonard où il était enfermé. Elle lui annonça que Dieudonné Drisse était décédé trois mois plus tôt.<br /> Henri Syben n’hésita pas une seconde et pour que cessent les recherches de la gestapo en vue d’arrêter le chef de son groupe, il dénonça Dieudonné Drisse aux Allemands comme étant celui qu’ils pourchassaient.<br /> Aussitôt, les Allemands se rendirent chez Dieudonné pour l’arrêter car ils n’étaient pas au courant de son décès. Son épouse, Hermine Michiels eut bien du mal à prouver qu’il n’était plus en vie et ce n’est qu’après avoir montré aux soldats une copie de l’acte de décès de son mari qu’ils comprirent qu’ils arrivaient trop tard.<br /> Malheureusement, à ce moment, Victor arriva chez sa mère et fut aussitôt arrêté et envoyé en Allemagne comme travailleur obligatoire jusqu’en mai 1945.<br /> <strong>Sources bibliographiques et iconographiques :</strong><br /> <a href="https://www.maisondusouvenir.be/cheminot_dieudonne_drisse.php">https://www.maisondusouvenir.be/cheminot_dieudonne_drisse.php</a><br /> ‘’Le Papegaie’’ le journal des Anciens Arquebusiers de Visé.<br /> </p> Sun, 31 Jul 2022 10:16:47 +0200 André Wendelen, Résistant belge https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-222+andr-wendelen-r-sistant-belge.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-222+andr-wendelen-r-sistant-belge.php <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/wendelen_andre_freebelgians_mai_2022.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">André Jacques Auguste Wendelen, également appelé selon ses noms de guerre, Tybalt, Hector, Limbosch ou l'Archange, né le 16 février 1915, décédé le 23 février 1976, était un agent du service anglais de sabotage: le Special Operations Executive, attaché au service de la Sûreté de l'État, il fut parachuté à trois reprises en Belgique dans le cadre des missions Mandamus, Tybalt et Brabantio-CNC. Après la guerre, André Wendelen entamera une carrière diplomatique. André Wendelen nait à Saint-Josse-ten-Noode, le 16 février 1915. Inscrit à l'Université libre de Bruxelles, il y décroche une licence en droit.<br /> <br /> Le 9 septembre 1935, il fait son service militaire chez les carabiniers du Prince Baudouin. À l'issue de celui-ci, il a le grade d'adjudant CSLR (candidat sous-lieutenant de réserve). Le 26 août 1939, il est mobilisé mais sera déclaré inapte et sera définitivement réformé en janvier 1940. Il s'exile à Londres où il se présente à l'attaché militaire en tant que civil. Il est envoyé à Tenby puis à Poitiers. À Moux ( ??) , on le relève de ses fonctions en raison du fait qu'il n'a aucune obligation militaire. Le 23 août 1940, il s'enrôle dans les Forces belges en Grande-Bretagne. Il sera lieutenant auxiliaire au 1er bataillon fusiliers à Tenby. Le 14 juillet 1941, il entre au service de la sûreté de l'État tandis que le Gouvernement belge est en exil à Londres. En 1941, André Wendelen prononce un discours à la BBC. Blessé lors d'un entrainement, il est hospitalisé et perd un rein. Agent ARA (Renseignements et actions), il accomplira trois missions après trois parachutages sur le territoire belge occupé.</p><br /> <br /> <strong>Missions et action dans la résistance</strong><br /> <br /> <strong>Mandamus</strong><br /> <br /> <p style="text-align:justify">La mission s'est déroulée du 27 janvier 1942 au 31 juillet 1943. André Wendelen est alors capitaine ARA. André Wendelen et son radio, Jean Brion, sont parachutés dans la nuit du 27 au 28 janvier. L'objectif principal de la mission était d'aider à la constitution du Groupe G qui se structurait dans la mouvance de l'Université libre de Bruxelles et de coordonner ses actions de sabotage. Parachuté sur le sol belge, André Wendelen se met rapidement en contact avec ses anciens camarades de l'université et du Cercle du libre examen (Librex) où il rencontre Jean Burgers (Gaby). À partir de ce moment, le Groupe G sera en contact avec Londres et recevra directement ses directives du SOE. Jean Brion sera arrêté en juin, après un périple en Suisse, en France et en Espagne, plusieurs arrestations, il parviendra néanmoins à regagner Londres le 31 juillet 1943.</p><br /> <br /> <strong>Tybalt</strong><br /> <br /> <p style="text-align:justify">La mission s'est déroulée du 10 août 1943 au 29 février 1944. André Wendelen est alors major ARA. André Wendelen est parachuté avec le radio Jacques Doneux (Hillcat). Ils sont parachutés la nuit du 10 au 11 août 1944 au sud de Dinant. La mission a pour but de coordonner les efforts de la résistance et notamment de renforcer l'action du Mouvement National Belge. La mission comportait également un volet "sabotage" pour tenter d'enrayer les déportations de main d'œuvre vers l'Allemagne. André Wendelen portait sur lui, un million et demi de francs belges, des diamants et des S-Phones pour permettre aux résistants d'entrer en contact avec les pilotes britanniques lors des parachutages. Le 9 novembre 1943, André Wendelen, pris en charge par le Réseau Comète, traverse les Pyrénées aux côtés de William Todd, Jarvis Allen et Thomas Shaver. Un malencontreux coup de fil au consulat britannique de San Sebastian conduira à son arrestation ainsi qu'à celle de Thomas Shaver. Ils sont incarcérés à la prison de Pampelune. André Wendelen se fait passer pour un pilote canadien. Libéré, il parviendra finalement à rallier </p>Londres via Gibraltar.<br /> <br /> <strong>Brabantio-CNC</strong><br /> <br /> <p style="text-align:justify">La mission s'est déroulée du 5 août 1944 au 30 novembre 1944. André Wendelen est parachuté avec le radio Jacques van den Spiegle (Van de Sande) et Elaine Madden. Ils sont parachutés dans la nuit du 3 au 4 août 1944. Outre des missions de coordination, l'objectif est de mettre la main sur le Prince Charles, le frère de Léopold III, qui vit dans la clandestinité à Sart-lez-Spa (mission Patron-Lysander). L'objectif étant de le ramener à Londres. La mission sera finalement abandonnée et permit alors à cinq membres du Groupe G de rentrer à Londres. Après la guerre, André Wendelen entamera une carrière diplomatique et sera ambassadeur de Belgique</p>.<br /> <br /> <strong>Source :</strong><br /> <a href="https://www.memoiresdeguerre.com/article-wendelen-andre-118981843.html">https://www.memoiresdeguerre.com/article-wendelen-andre-118981843.html</a> Sun, 01 May 2022 18:03:42 +0200 Evasion de Belgique occupée pour rejoindre la Force Belge en Grande-Bretagne. https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-220+evasion-de-belgique-occup-e-pour-rejoindre-la-force-belge-en-grande-bretagne.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-220+evasion-de-belgique-occup-e-pour-rejoindre-la-force-belge-en-grande-bretagne.php <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/freebelgians_pour_mars_2022.jpg" alt="" class="valign_" /><br /> Henri Ledent et Hubert Leroy</p><br /> Voici le récit de cette évasion, raconté par Hubert Leroy :<br /> <br /> <strong>Du 19 avril au 22 juin 1942, d’ATH à LONDRES</strong>.<br /> <br /> <p style="text-align:justify">Suite à des arrestations massives effectuées à Liège et environs, LEDENT Henri étant repéré, décide, sur les conseils de ses relations, de se soustraire au sort qui, fatalement, aurait été le sien s’il était resté.<br /> Nanti de quelque argent et comme tout renseignement de ligne, le Mont Kemmel (avion), ainsi qu’une adresse en France fournie par Melle VAN-ROY (Vivegnis), le dimanche 12 avril, Henri prit la route ou plutôt le train, direction Bruxelles.<br /> Repéré à la gare du Nord (Bruxelles) par un gestapiste de Liège, il parvient à le semer et trouve refuge pour la nuit chez Joseph CLOCKERS (originaire de Vivegnis) rue Sans Souci à Ixelles-Bruxelles.<br /> <br /> Le lendemain, il prend le train à la gare du Midi pour Charleroi en compagnie d’un autre repéré ; arrivés à destination, chacun descend du train par une porte différente et le malheureux compagnon de voyage d’Henri se fait arrêter sur le quai.<br /> <br /> Un train démarre sur une autre voie. Henri n’hésite pas, saute dedans, se renseigne sur la destination et roule en direction de Haine-St-Paul, passant par Mons et arrive à Chièvres vers 13 h, où je suis en service.<br /> <br /> Je le présente comme gendarme venant de Charleroi en quête de ravitaillement, toutefois, le commandant de brigade est mis dans la confidence. Le lendemain, Henri part pour le Mont Kemmel. Il me revient deux jours plus tard, le renseignement s’est révélé faux.<br /> Nous cherchons une ferme où il aurait pu se cacher, mais aux premiers mots de notre demande et les motifs, tous les fermiers hésitent. Nous comprenons qu’il est inutile d’insister.<br /> Henri décide de tenter la grande aventure, ceci se situe le samedi 18 avril.<br /> <br /> Pour ma part, commençant à en avoir assez du service aux contrôleurs et autres services, je décide d’accompagner Henri. Nous arrêtons la date du lendemain, le 19 avril. Je dois me faire remplacer dans mon service de planton à la brigade. Je donne comme prétexte que mon collègue (Henri) retourne à Charleroi et que je voudrais le conduire à Ath. Un marié consent à me remplacer pendant 8 heures. Le pauvre, il me reverra deux ans et demi après.<br /> <br /> Dimanche 19 avril : Départ 9 h d’Ath. Lettres postées. Train Tournai-Lille.<br /> 18 h départ de Lille pour Paris, métro.<br /> 18 h gare Montparnasse, salle d’attente.<br /> Lundi 20 avril : 9 h train pour Angers, couvent, dîner, religieuse, enfants, prières, chants.<br /> 19 h départ pour Saumur. Arrivée 21 h 30, à pied direction Neuilly. Halte au lieu-dit La Ronde, auberge Madame Petit. Logement.<br /> Mardi 21 avril : Adresse Melle Van Roy – Neuilly – château de la baronne de Pelletier de Glatigny – arrivée au château vers 10 h – accueil très affable, cachés lingerie, ensuite chambre à coucher. Baronne, sa fille, femme de chambre, confidence, promenade clair de lune (radio Londres)<br /> Mercredi 22 avril : Même situation, promenade soir, déterré 2 pistolets.<br /> Jeudi 23 avril : Même situation, exercice de tir par la baronne dans la réserve à vin (dessous du parc).<br /> Vendredi 24 avril : Toujours enfermés, promenade parc.<br /> Samedi 25 avril : Courant après-midi, retour baronne, visite effectuée à Saumur, papiers d’identités françaises. Sortis du château par une porte de service et rentrés par la grande allée, comme ouvriers soi-disant envoyés de la Bourse du travail de Paris, embauchés sur le champ. Souper, installations, annexes.<br /> Dimanche 26 avril : Sortie au village, messe, promenade.<br /> Lundi 27 avril : Commençons service. Henri sommelier et jardin. Hubert scier bois … Arrivée de la sœur de la baronne, une comtesse + 6 enfants + nurse anglaise.<br /> Mardi à vendredi 1er mai : Même situation.<br /> Samedi 2 mai : Arrivée de scouts dans la propriété, abbé, confession sous bois.<br /> Dimanche 3 mai : Assisté messe, chapelle, communion, départ fixé lendemain, apprêts.<br /> Lundi 4 mai : Départ en carriole pour Saumur (train pour Tours, Bourges, nuit dans train).<br /> Mardi 5 mai : Nevers, arrivée à 6 h. Visite beau-frère baronne, déception, presque pris, fuite, reprenons le train, arrêt à Monceau-les-Mines, visite Henri au curé, réussite, café, hôtel, prisonniers français (Allemagne) logement hôtel.<br /> Mercredi 6 mai : Départ à 3 h 30 pour ligne de démarcation – 2 guides – 6 prisonniers en tout – corps de garde allemand – chiens – lumières – prairies – haies – champs.<br /> 7 h 30 France libre, déjeuner sur le pouce – corps de garde français – identification – autobus (dispute femmes) – arrivée Mâcon – couvent – coiffeur – hospice vieillards – dîner berges de la Saône – départ après-midi pour Lyon – contrôlés près de Mâcon et dans le train par sûreté nationale, traversé Lyon – changement de train à Tarascon – voyageons toute la nuit, arrivée à Toulouse très tôt.<br /> Jeudi 7 mai : Arrivés à Toulouse vers 4 h 30. Tasse café, petit hôtel, nous rendons couvent des Pères ? adresse de la baronne, impossible ligne de passage et nous gardés ; repos quelques heures, visite dépôt d’essence, revenir plus tard traîner en ville, décidons prendre une chambre, argent post très vite, boulangerie fermée, tickets mais pas de pain, faim, cigarettes, nuit hôtel. Patronne hôtel fils en Allemagne, heureuse nous faire plaisir.<br /> Vendredi 8 mai : Quitté hôtel (contrôle). Reste en poche pour nous deux environ 500 F, nous rendons à la gare pour passer le temps. Henri examine tableau voyages et tarifs, désire se rendre à Lourdes, autant fauchés à Lourdes qu’à Toulouse. Billets coûtent 150 F ; donc restent à peu près 200 F.<br /> Partis pour Lourdes, matinée, train légionnaires Afrique, vin, tabac, tickets. Arrivée avant midi, visite grotte, piscine, basilique : messe, demandons adresse du père Draime, nous rendons chez lui. Connais rien, dit-il, pour nous aider, nous envoie chez Belge pour du travail villa « Ensoleillée » chez M. Lambert qui lui aussi est Liégeois, installé là depuis 40 ans avec famille. Explications situation, voulons aller en Angleterre, mais plus d’argent et ne connaissons rien des lignes. Promet de nous aider, dit pas quoi. Après dîner, part pour Toulouse, le soir téléphone à sa femme « Envoyer les deux sacs le lendemain matin ». Sacs = nous. Souper avec Mme Lambert et enfant. Promenade, hôtel, fauchés.<br /> Samedi 9 mai : Retour à Toulouse. Argent Lambert. Il nous attend à la gare, nous conduit à l’Office belge. M. Cartigny (Verviétois), interrogatoires, formulaires, maison communale, argent, tickets, tabac, formalités séjour, conduits hôtel de Paris. Nombreux Belges, devons attendre 2 ou 3 semaines.<br /> Dimanche 10 mai : Fête de Ste Jeanne d’Arc, promenade, cinéma.<br /> Lundi 11 mai : Même situation, renvoi sac à la baronne.<br /> Mardi 12 mai : Même situation, prévenus départ lendemain, serons à 4.<br /> Mercredi 13 mai : Départ pour la frontière espagnole. 6 h 00 Vermeire Jean. 7 h 30 Poulain (Ans) et Hubert. 8 h 00 Henri avec un Espagnol responsable filière : rendez-vous OSSEGA hôtel ? Souper, chambre pour discuter, arrivées de 2 guides pour la montagne remettre faux papiers français et argent.<br /> 12 h 30 départ à pied monter, monter, monter (Poulain, pain précipice) pets (air en montagne) marcher, toujours marcher. Hubert souliers foutus (rechange Henri), glaciers, crevasses, neige, avancer, reculer, passer frontière 2 h du matin.<br /> Jeudi 14 mai : Continuons marcher, 7 h 30 halte au-dessus montagne, village vallée, impossible descendre village, fête Ascension, restons cachés (buissons) toute la journée, faim, surtout soif : guide descendre, reviens avec vin dans peau de bouc.<br /> 21 h 00 petit vieux vient nous chercher, guides frontière, donné 12 pesetas à chacun puis partir. Nouveau guide nous conduit vers village, cascade, eau fraîche, sanatorium, souper concierge, douche, dormir, dormir.<br /> Vendredi 15 mai : Départ 6 h en autobus, guide près conducteur (nous 4 fond du bus). En cours de route, montent carabiniers avec prisonniers, nous sommes cachés par marchande de fruits.<br /> Arrivés à Rippol, parc, guide prend tickets, entrons dans la gare, train pour Barcelone. A quai, prenons place, guide resté sur le quai, discute avec ouvrier (nouveau guide). Train parti, belles campagnes, beaux paysages ; après une heure de voyage, changement de décor, approchons de la ville, destructions, ruines guerre civile.<br /> Arrivés à Barcelone, gare souterraine, escalier, mendiant (change de guide). Marcher derrière mendiant de 20 à 20 mètres. Grand boulevard. Tout à coup, drapeau anglais, bâtiment consulat, nous rentrés, pas contents, nous pas Polonais, discussion, verre d’eau, attendre délégué belge, conduits bus « américain » salon particulier, dîner et quel dîner ! Queue pour petit endroit. Interrogatoire par lieutenant de marine belge « Antonio ». Sortis promenade cinéma 2 séances, rendez-vous dans parc 20 h 00. Conduits chez M. Denrie – mari belge malade en Belgique. Connaissance Benita et Muchachos, appartement situé au 4e étage, souper au lit, un pour Henri, Hubert et Poulain. Les autres Belges sans gîte.<br /> Samedi 16 mai : Gîte Denrie : cuisine à l’huile (va-vite), olives, oignons, riz, salade tourson ( ?), cigarettes Herba.<br /> Arrivée gîte Gigot, Lombart samedi ou dimanche.<br /> Du dimanche 17 mai au samedi 30 mai : Gîte Denrie. Toujours enfermés appartement, prend air frais la nuit sur le toit (plate-forme), visite Antonio apporte cigarettes, illustrés.<br /> Dimanche 31 mai : Prévenus pour départ lendemain 20 h : Ledent, Leroy, Vermeire, Cole.<br /> Lundi 1er juin : Quitté gîte après-midi, convoyeur consulat : affiche mariage du ? reçu par don Pedro, cadeau 1 cigarette anglaise et 500 pesetas. Mot de passe pour Orense, hôtel Lion d’Or ; U.L.B.<br /> Présentés au guide qui reste avec nous jusqu’à la frontière portugaise. Partis pour la gare, places réservées dans train, deux groupes avec Hubert même compartiment Cole – Vermeire dans un autre.<br /> 20 h 00 départ, chaleur, tunnel interminable, ….. (illisible)<br /> Mardi 2 juin : Changé de train à Soria, direction Valladolid très tôt le matin. Arrivés à destination après-midi. Guide parti pour restaurant marché noir, nous attendre dans parc. Retour guide souper fin et fin souper. Resté trop longtemps, train raté 22 h 30.<br /> Dans ce train, brigade « Azur » ? Retour front russe : attendre train de 1 h 30, de nouveau dans parc, cachés buissons.<br /> Mercredi 3 juin : Train direction frontière portugaise ; départ 1 h 30 (restant brigade « Azur ». Voyagé restant de la nuit, toute la matinée, après-midi de nouveau montagne, pont saboté, train 22 h 30 de la veille fond du ravin ; pont de fortune ; de nouveau changé de train.<br /> Arrivés à Orense début soirée.<br /> Hôtel Lion d’Or, mot de passe, mauvaises nouvelles, ligne brûlée, faut attendre. Passé nuit hôtel, 1 lit pour nous 4, 2 sur matelas à terre, Henri et Hubert sur grille du lit. Pendant la nuit, Vermeire drap de lit et tout le paquet.<br /> Jeudi 4 juin : Restons à l’hôtel, en ville fête de Franco, journal, 4 Belges arrivés la veille.<br /> Vendredi 5 juin : Quittons hôtel après-midi en taxi, 40 km, stop milieu montagne, cachés sous la route tuyau égout, taxi parti, paysans et passants sur la route. Ici, dans tuyau, le « PET », rire malade.<br /> Arrivée guide, costume velours, ombrelle, de nouveau commencé montagne, plus dur que Pyrénées. Henri indigestion, très malade, veut être abandonné, enfin dégagé, repartis. Monter, descendre, monter, descendre. Guide pas très sûr, souvent se trompe ; torrents, chiens, jardins, cavaliers, murs sans mortier, toujours marcher.<br /> Samedi 6 juin : Marché toute la nuit, levé du jour, soleil très fort. Enfin fond vallée, moulin en pierre, renfermés, guide parti, plus mangé depuis la veille. Dans courant après-midi, femme apporté pain, sardines, bouteille de vin, toujours attendre.<br /> A la tombée de la nuit, retour guide, partis moulin, remise en mains douaniers portugais, guide parti mais toujours en Espagne. Grand route, pont gardé par carabiniers, descendre dans la rivière, passages très difficiles. Enfin passé en dessous du poste de garde, repris la route un peu après. A minuit, arrivés au poste de douane et territoire portugais.<br /> Dimanche 7 juin : Continuons la route avec 1 douanier (sergent) nous conduit au village chez lui à 1 h du matin. Souper, 5 autour de la table, grand plat (lapins, salades, oignons, olives, riz, huile). Départ avec douanier + couple Belges vers 2 h 30. Marcher jusque 6 h. Voiture venue de Braga pour nous prendre. Montons à 6 + chauffeur dans voiture pour 4. Arrivés à Braga vers 9 h. Grande propriété, patron originaire de Verviers. Lavés, déjeuner. Après-midi, direction pour continuer sans guide, partis de Braga à 19 h. Changé train à Porto à 23 h. Continuer voyage à 4.<br /> Lundi 8 juin : Arrivés à Lisbonne à 9 h café de la gare. Dégusté café crème. Taxi pour consulat Belgique, interrogatoire, argent, conduit ? Anglais, nouvel interrogatoire, apéro, midi conduits au gîte, retrouvé Gigot, soir promenade, cireurs, mendiants, nuit au gîte.<br /> Mardi 9 juin : De nouveau ? Anglais. Embarquons le jour même à 14 h 30. Midi dîner pension anglaise. 14 h port, vedettes, embarqués sur « CONRAD » 19 Belges, 9 Polonais, 2 Tchécoslovaques, ainsi que des civils anglais avec famille. Formalités (Juifs).<br /> Mercredi 10 juin : A bord « CONRAD » restés en rade de Lisbonne.<br /> Jeudi 11 juin : Très tôt, à l’aube, levé l’ancre, 5 cargos anglais, mal de mer.<br /> Vendredi 12 juin : Continuons à 3, direction plein Atlantique ; alertes avions.<br /> Samedi 13 juin : Pendant la nuit, rencontré convoi (24 navires) faisant route vers l’Angleterre, venant d’Amérique du Sud. Alertes avions.<br /> Dimanche 14 juin : Belle journée, mer très calme. Alertes avions.<br /> Lundi 15 juin : 1 h du matin, forte détonation, tout le monde sur le pont, pétrolier à notre gauche (en avant) atteint d’une torpille, coule en 4 à 5 minutes. Convoi prend de la vitesse, 2e torpille navire à notre gauche (en arrière) atteint, coule aussi vite.<br /> Par suite vitesse, convoi disloqué ?<br /> <br /> Au lever du jour, rassemblement convoi, manquent 6 unités, continuons voyage.<br /> Mardi 16 juin : Continuons à 21, calme revenu. Major Demeyer, frousse, cordes, bouée, radeau, valises, documents, nourriture.<br /> Mercredi 17 juin : Calme, même situation, change direction, canal St Georges impraticable (sous-marin), contourner Irlande.<br /> Jeudi 18 juin : Toujours de même – contre-torpilleur ramené naufragés, convoi scindé.<br /> Vendredi 19 juin : Côtoyé l’Ecosse, serons bientôt au but.<br /> Samedi 20 juin : Tard dans l’après-midi, arrivons dans un port de guerre du nom de ??? Débarquement remis au lendemain, nouvelles formalités avec douane et administrations.<br /> Dimanche 21 juin : Débarqués de bonne heure sur petit bateau de plaisance. Restés plus ou moins 1 h à bord, ensuite accosté. Attendus au débarquement par officier écossais + 2 soldats (2 autobus) jusque Perc ?. Conduits dans un hôtel, gardés militairement, dîner, passés à la gare, train pour Londres environ 13 h. Cinq évadés par compartiment + 1 soldat anglais. Paniers repas, cigarettes, thé. Passés par le port de Glasgow. Roulé toute la nuit.<br /> Lundi 22 juin : Arrivés à Londres vers 8 h. Gare de Paddingron. De nouveau autobus avec escorte. Conduits à Patrioc-School, pour être tamisé.<br /> Du mardi 23 au dimanche 28 juin : interrogatoires. (26 juin : sortie Henri)<br /> Mercredi 29 juin : Sortie Hubert.<br /> <br /> Et ainsi se termine la relation de l’évasion de Henri et de Hubert jusqu’à l’arrivée en Angleterre. En ce qui concerne les interrogatoires, on sait que les Anglais avaient peur d’avoir laissé pénétrer des espions sur leur sol. Aussi, ces interrogatoires étaient poussés afin de prendre en défaut ceux qu’ils questionnaient.<br /> <br /> Sources :<br /> Maison du Souvenir<br /> <a href="https://www.maisondusouvenir.be/ledent_et_leroy.php">https://www.maisondusouvenir.be/ledent_et_leroy.php</a></p> Mon, 28 Feb 2022 17:01:11 +0100 La résistance durant la guerre 1940-1945 du côté de Visé https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-218+la-r-sistance-durant-la-guerre-1940-1945-du-c-t-de-vis.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-218+la-r-sistance-durant-la-guerre-1940-1945-du-c-t-de-vis.php <p style="text-align:justify">Le 10 mai 1940, pour la deuxième fois en quelques décennies, les Allemands envahissaient notre pays. Mais, dès octobre-novembre de la même année, les premiers signes de résistance à l’occupant se manifestaient. L’opinion sortait de sa torpeur; les Allemands, malgré leur puissante aviation, avaient échoué en Angleterre et chacun sentait, que cette guerre risquait de durer longtemps mais… qu’elle n’était pas perdue d’avance !<br /> C’est ainsi que d’anciens journalistes clandestins de 1914-18 reprirent le collier aidés par de nombreux autres plus jeunes et, à côté de ces résistants du papier et du micro, voici que très vite apparurent les résistants de terrain.<br /> Ceux-ci vont se répartir selon deux types: les "mouvements" et les "réseaux de renseignements et d’évasions". On les trouvera un peu partout sur notre territoire, aussi bien dans les villes que dans les campagnes.<br /> Comme "Mouvements" qui s’étaient formés, il y avait, entre autres: l’Armée Secrète (A.S) – le "Front de l’Indépendance" (F.I) – le "Mouvement National Belge" (M.N.B.), et bien d’autres.<br /> Quant aux "Réseaux", citons notamment le réseau "Clarence" et le réseau "Comète"…<br /> Dans les lignes qui vont suivre, nous parlerons principalement du réseau "Clarence" dont le fondateur était Walther Dewé; nous évoquerons également le nom de différents agents de Visé et des Fourons qui faisaient partie de ce mouvement.<br /> <br /> Walthère Dewé est certainement un des plus grands résistants belges, on pourrait même ajouter l’un des plus grands de toute la résistance européenne, car il fut, à ma connaissance, le seul homme qui fondit un réseau de renseignements clandestin au cours des deux guerres mondiales.<br /> Dès septembre 1939, il constitue "le Corps d’observation belge". Ce Corps va notamment recueillir en Allemagne des informations sur l’industrie, les armements, les forces militaires du Reich. Il prévient Belges, Britanniques et Français qu’une invasion est imminente et demande que l’on renforce immédiatement les mesures de défense… Mais c’est déjà trop tard!<br /> Dès le mois de juin 40, il fonde un nouveau réseau de renseignements appelé "Clarence". Il est aidé en cela par l’ingénieur Hector Demarque. Dewé recommence alors sa vie de proscrit et parcourt le pays pour recruter des agents, nouer des contacts, développer son organisation de renseignements. Son réseau comptera jusqu’à 1547 personnes.<br /> Le 14 janvier 1944 il est arrêté par la police allemande mais il parvient à s’échapper et se sauve vers la rue de la Brasserie à Ixelles. Hélas pour lui, un officier de la Luftwaffe, montant cette rue lui barre le passage et, avec son revolver, tire sur lui et le tue. La Résistance perdait le plus grand de ses chefs.<br /> <br /> Faisons un retour en arrière et revenons au début de la guerre. A Fouron-le-Comte, le docteur Jules Goffin, qui avait déjà travaillé avec Walthère Dewé dans le réseau "La Dame Blanche" (en 14-18), reprend ses activités d’espionnage et se charge de l’organisation du groupe dans sa région.</p><br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/goffinjules_freebelgians.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <p style="text-align:center">Le Docteur Jules Goffin</p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Il va pouvoir compter sur l’aide de nombreuses personnes qui, comme lui, voulaient lutter pour la liberté et l’indépendance de notre pays.<br /> Après la première guerre mondiale, en 1920, Jules Goffin étudie la médecine à Louvain. Cinq ans plus tard, son diplôme en main, il commence à exercer comme médecin à Fouron-le-Comte. Il pratique dans la région et dans plusieurs villages hollandais situés le long de la frontière. <br /> Le 10 mai 1940, il évacue en France avec ses quatre enfants car, ayant déjà fait de la résistance au cours de la première guerre, il est recherché par les Allemands. Après un mois passé dans les villages de Salvat-sur-Agout et Clermont-l’Hérault il rentre avec sa famille à Fourons et exerce à nouveau sa profession de médecin et de pharmacien. Il reprend également contact avec Walter Dewé. Ils mettent sur pied un groupe de résistance appelé "Service Clarence". Ce service consiste essentiellement à récolter le plus grand nombre d’informations sur les transports allemands par voie ferrée telles que le nombre de véhicules transportés: chars , camions, pièces d’artillerie, troupes transportées ainsi que le repérage des insignes caractérisant les divisions qui allaient vers le front.<br /> Il faut dire que Visé était très bien situé. Elle était le centre de deux importants réseaux ferroviaires: les trains venant de la Ruhr via Venlo passaient par Visé ainsi que ceux qui allaient d’Aix-la-Chapelle à Tongres.<br /> Dewé et Goffin recrutèrent des cheminots tels que Jean Vanwissen, sous-chef de gare à Visé; Henri Syben, garde aiguilleur à Visé-Haut, Henri Straet, garde-aiguilleur à Fouron-Saint-Martin. Tous n’étaient pas cheminots ! Il y avait notamment Théo Brentjens, commandant de gendarmerie à Fouron-Saint-Martin, l’abbé Van den Dungen et Alphonse Smeets d’Eijsden, de Mme Mariette, commerçante rue du Pont à Visé, M.M. Demain père et fils, quai du Halage à Visé…<br /> Les renseignements récoltés étaient acheminés chez Mademoiselle Jeanne Claessens, directrice de l’école des garçons à Fouron-Le-Comte. Elle aussi fait partie du groupe d’espionnage "Clarence". Elle transmettait les informations à l’abbaye de Val-Dieu. Là, deux pères de l’abbaye travaillaient également pour le groupe Clarence. Le père Etienne était aussi ce qu’on appelait alors "un agent promeneur", tandis que le père Hugues transmettait à Londres les informations recueillies. Entre Visé et Val-Dieu, c’est le coureur cycliste amateur, Guillaume Flechet de Warsage qui communiquait les renseignements récoltés.<br /> Un deuxième poste émetteur fonctionnait également au château d’Eijsden. L’opérateur était Jef Smeets. Il transmettait les renseignements récoltés par différents agents, dont notamment le chef de gare de Maastricht Alphonse Dresen. Ceux-ci travaillaient en parfaite collaboration avec les agents de Visé et Fourons.<br /> Très souvent, le docteur Goffin incitait ses agents à ne s’occuper que du renseignement mais quelques-uns, voulaient aussi aider des prisonniers évadés, des juifs ou des aviateurs. A force d’insister, au cours de l’hiver 1941-1942, le docteur, via le comte Raphaël de Liedekerke d’Eijsden, prit contact avec le groupe "Luc-Marc" du capitaine Arthur Renkin. Celui-ci, liégeois d’origine, était chef de l’harmonie Sainte-Cécile d’Eijsden et, avec le lieutenant Nicolas Erkens, ils dirigeaient la résistance dans le Limbourg hollandais.</p><br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/vanwissen_012022.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <p style="text-align:center">Jean Vanwissen, sous-chef de gare à Visé.</p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Ainsi donc et comme vous avez pu le lire, au cours de l’hiver 1941-1942, le groupe d’espionnage "Clarence", dont le responsable pour la région était le docteur Goffin, s’était associé, un peu contre son gré, au groupe "Luc-Marc" dirigé à Liège par le capitaine Renkin ainsi qu’avec le lieutenant Nicolas Erkens dirigeant la résistance dans le Limbourg hollandais.<br /> Je dis "contre son gré" parce que le docteur Goffin aurait préféré s’occuper uniquement du renseignement car, pensait-il, le danger de prendre également en charge des prisonniers évadés, des aviateurs tombés sur notre sol ou en Hollande pouvait devenir trop grand.<br /> Le docteur avait malheureusement vu juste. Peu de temps après cette coopération triangulaire, de graves problèmes commencèrent à s’accumuler sur le groupe des résistants.</p><br /> <br /> <strong>Que s’est-il passé?</strong><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Durant le deuxième trimestre de l’année 1942, les services de contre-espionnage allemand parvinrent à s’infiltrer dans le groupe grâce à deux Hollandais, Jos Hoosemans et Gé Stellbring. Ce dernier, suite à l’imprudence d’un jeune pilote, parvint à obtenir le mot de passe utilisé par les résistants et à se faire adopter comme courrier du groupe "Luc-Marc". Quatre mois plus tard, les Allemands étaient au courant du fonctionnement de la résistance ainsi que les noms de ceux qui en faisaient partie et les arrestations débutèrent très tôt le matin du 15 octobre 1942. A Liège, les Allemands capturèrent plusieurs membres de "Luc-Marc" tels que Raoul et Juliette Demoulin, Aloïs Keeren de Rémersdael, Joseph Meertens, Berthe et Jeanine Renkin Yvonne Tonka ainsi que quelques autres. Le même jour, la même scène se produisit à Fouron.<br /> Peu après, à Eijsden, le Comte Raphaël de Liedekerke, Alphonse Smeets et son épouse Leida, son frère Hubert, ses fils Jan, Alphonse Jr et Dirk Sleeuwenhoek subirent le même sort. Seul, Jef Smeets, l’opérateur, parvint à s’échapper. Quelques jours plus tard, le 5 novembre 1942, étaient également arrêtés à Eijsden, la Comtesse Elisabeth de Liedekerke, les espions Arpots, Jef Partouns, Jef Reintjens ainsi que six pères capucins et le 11 novembre ce fut le tour du vicaire Louis Van Den Dungen d’Eijsden, à Maastricht du chef de gare Alphonse Dresen et à Sittard de Nicolas Erkens.<br /> Après six semaines d’emprisonnement et d’interrogations musclées à la prison Saint-Léonard de Liège, Jules Goffin et les autres résistants belges arrêtés le même jour, rejoignirent les résistants hollandais au couvent des Franciscains de Maastricht, siège de la gestapo. De là, les Allemands emmenèrent tous les prisonniers au camp de Vught situé près de 's Hertogenbosch.<br /> Cependant, les compagnons du docteur Goffin qui n’avaient pas été arrêtés cessèrent pendant quelque temps leurs activités puis, le calme revenu, ils reprirent leur service sous la conduite du père Etienne de Val-Dieu. De nouveaux résistants vinrent combler les vides laissés par les arrestations tels que Léon Claessens, Albert Conraads de Berneau, Léon Ghysen de Bombay ainsi que Yvon Syben de Mouland, fils d’Henri Syben. Yvon était facteur des postes entre Visé et Lanaye et pouvait, sous le couvert de son travail, observer sur le canal Albert, le transport du ciment qui allait servir à l’édification du mur de l’Atlantique.<br /> Aux environs du mois de mars 1943, les Allemands détectèrent l’activité du poste émetteur de Val Dieu et le 18 mars de nouvelles arrestations eurent lieu. C’est ainsi que furent arrêtés Jeanne Claessens, Henri Syben et les deux pères Hugues et Etienne de Val Dieu. Par contre, Jean Vanwissen, par miracle, parvint à s’échapper.</p><br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/peres_huues_et_etienne_freebelgians.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <p style="text-align:center">Les pères Etienne et Hugues de Val-Dieu</p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Ces nouveaux prisonniers furent confrontés au docteur Goffin puis ils furent tous transférés à Utrecht en juin 1943.<br /> Le samedi 9 octobre de la même année, on fusilla Jules Goffin ainsi que les deux pères de Val Dieu, le comte Raphaël de Liedekerke, Alphonse et Hubert Smeets, Nicolas Erkens et Alphonse Dresen. Après l’exécution, les victimes furent incinérées. Par contre, la comtesse Elisabeth de Liedekerke, Jeanne Claessens, Léonie Husson, Aloïs Keeren, Raoul et Juliette Demoulin, Jeanine Renkin et Alphonse Smeets Jr furent acquittés.<br /> Le samedi 26 juin 1948, grâce aux autorités néerlandaises, les urnes contenant les cendres des héroïques résistants parvinrent à Eijsden et une manifestation patriotique de circonstance eut lieu à la « Maison Blanche » à la frontière.<br /> Comment se passaient les évasions ?<br /> Il faut savoir que dès la fin de 1940, plusieurs lignes d’évasion vers l’Angleterre via l’Espagne se mirent en place et fonctionnèrent jusqu’en 1944 malgré les coupes sombres de la Gestapo.</p><br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/otten_freebelgians.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <p style="text-align:center">La ferme Otten de Navagne</p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Concernant le groupe Clarence du docteur Goffin, aux environs de la moitié de l’année 1942, en plus des prisonniers français évadés et des juifs en fuite, vinrent s’ajouter des aviateurs alliés abattus en Hollande et dans notre région. Il fallait regrouper tout ce monde, souvent les habiller en civil afin de les acheminer vers la liberté. Dans notre région, deux des points dangereux étaient le passage sous le « pont des Allemands et la gare de Visé » gardés nuit et jour. Tout d’abord, les évadés étaient regroupés dans le couvent des Capucins à Breust-Eijsden, puis de là, ils étaient conduits à la ferme du château du comte Raphaël de Liedekerke à Eijsden exploitée par Alphonse Smeets. Son fils Jan Smeets, aidé par son frère Alphonse Smeets et par le douanier Dirk Sleeuwenhoek les prenaient alors en charge et les accompagnaient jusqu’à la ferme de Guillaume Otten. Les évadés se cachaient dans une étable servant de refuge au bétail jusqu’à ce qu’un moment propice pour l’évasion se produise. Lorsque le moment était arrivé, ils étaient conduits vers un buttoir d’une voie de garage de la SNCB qui passait sous l’arche du grand viaduc. Sur cette voie, stationnaient en permanence des wagons qui servaient de « tunnel » aux évadés. Ils la franchissaient à quatre pattes la nuit. Le jour, la tactique était différente car ils simulaient des cheminots au travail ou longeaient le convoi sous la conduite de Jean Vanwissen qui les faisait grimper dans les trains. Ceux-ci prenaient la direction de Liège. Les évadés, qui étaient cachés sous un faux plancher dans le wagon du chef-train étaient débarqués à Amercoeur car à cet endroit, les trains ralentissaient assez fort et ils pouvaient sauter sans trop de danger sur le sol longeant la voie. <br /> Si la voie d’évasion de Navagne s’avérait trop dangereuse, les résistants utilisaient le passage par la ferme d’Alphonse Smeets « La Moinerie » à Warsage puis prenaient le tram Warsage-Dalhem-Liège. Au débarquement de ces deux modes de transport, Freddie Zommers et Yvonne Tonka les prenaient en charge et les conduisaient à la torréfaction de café de Joseph Meertens, rue Dumont et de là, par Méry, Heer–Agimont, non loin de Givet où ils étaient pris en charge par d’autres résistants, pour traverser la France et l’Espagne avant de gagner l’Angleterre.</p><br /> <br /> <strong>Anecdotes historiques.</strong><br /> <br /> <span style="text-decoration: underline;">Le train d’Hitler.</span><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Un jour de février 1943, Jean Vanwissen et le chef de gare allemand sortent de leur bureau et se dirigent vers le quai. Là, un train vient d’arriver. Il s’agit du train d’Hitler. Tout le long du quai ainsi que le long de l’avenue de Navagne, de très nombreuses sentinelles lourdement armées veillent à la sécurité du Führer ! Innocemment, Jean Vanwissen demande au chef dans quel wagon Hitler se trouve et où il se rend ? C’est dans le deuxième wagon qu’il se trouve, répond-il, et il lui communique également la destination de ce train. Quelques heures plus tard ces renseignements furent envoyés en Angleterre. Malheureusement, sans résulta !</p><br /> <br /> <span style="text-decoration: underline;">Le carnet de notes du chef de gare allemand</span>.<br /> <br /> Une nuit de janvier 1943 un train entrait en gare de Visé. Le chef de gare allemand quittait son bureau et allait comme d’habitude sur le quai afin de voir si tout était normal. Il attendait que le train soit parti pour rentrer dans le bureau qu’il avait en commun avec Jean Vanwissen et noter différentes coordonnées de celui-ci dans un carnet "top" secret. Or, il y avait eu un consensus au sein du Service Clarence pour que ce document soit subtilisé car il contenait des données qui intéressaient les services d’espionnages anglais. Profitant de l’absence momentanée de l’Allemand, Jean Vanwissen s’empara du carnet, le mis dans une petite mallette, sortit de la gare et courut jusqu’à son domicile situé au bas de la rue de Sluse et déposa celle-ci dans le corridor de sa maison pour revenir ensuite à la gare. Le chef était toujours sur le quai ! Quelques instants plus tard, ce dernier rentrait, ouvrait le tiroir de son bureau pour prendre son carnet mais ne le trouva plus malgré ses recherches de plus en plus fébriles ! Il demanda même à Jean Vanwissen s’il n’avait pas vu celui-ci. Entretemps, le coursier travaillant pour les résistants avait été prévenu. Il vint chercher la mallette et la transporta à vélo chez les pères de Val-Dieu et de là, par la filière habituelle, acheminée vers l’Angleterre par un lysander. C’est par la BBC que les résistants furent avertis que le précieux colis était bien arrivé. Les deux jours suivants, l’officier allemand ne vint pas prendre son service à la gare et le troisième jour il vint reprendre ses objets personnels. Il dit à Jean Vanwissen qu’il était envoyé sur le front russe pour avoir égaré son fameux carnet.<br /> <br /> <span style="text-decoration: underline;">Le bombardement de la gare de Visé.<br /> </span><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Lors des dernières arrestations des résistants au mois de mars 1943, Jean Vanwissen était parvenu à se sauver et s’était réfugié à Rethel, petite ville au Nord de la France. Il y resta jusqu’à la fin du mois de juin. Il revint en Belgique mais continua à se cacher jusqu’au début octobre pour reprendre son service à la gare après avoir été soi-disant malade pendant tout ce temps !<br /> A partir de janvier 1944, il recommença ses activités d’espionnage avec Lucien Remacle, sous-chef de gare également à Visé. Les deux amis travaillaient avec le groupe de résistants "TEGAL" qui était très actif dans la province de Liège. Ils renseignèrent les Alliés de la position exacte des batteries anti-aériennes installées au nord de la gare. A partir de ce jour, Jean Vanwissen écoutait à la radio les « messages personnels » envoyés par la BBC. Lorsqu’il entendit un jour le message suivant « Nous remercions nos amis d’Eupen et Malmedy » il sut qu’un bombardement allait avoir lieu dans les trois jours au coucher du soleil. Le lendemain, Jean et son fils Guy se trouvaient sur l’île Robinson occupés à pêcher lorsque soudain ils entendirent et virent des avions américains lâcher des bombes sur la gare et le grand viaduc. De très nombreux soldats allemands furent tués. On était le 17 août 1944.<br /> <br /> Remerciements à Monsieur Guy Vanwissen pour les informations et les photos<br /> <br /> Sources internet :<br /> <a href="https://www.maisondusouvenir.be/resistance_40_45_leonard.php">https://www.maisondusouvenir.be/resistance_40_45_leonard.php</a><br /> <a href="https://www.maisondusouvenir.be/jules_goffin.php">https://www.maisondusouvenir.be/jules_goffin.php</a></p> Fri, 31 Dec 2021 15:22:21 +0100 Des fillettes juives sauvées dans un couvent à l’avenue Clemenceau (Anderlecht-Bruxelles.) https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-215+des-fillettes-juives-sauv-es-dans-un-couvent-l-avenue-clemenceau-anderlecht-bruxelles.php https://www.freebelgians.be/articles/articles-3-215+des-fillettes-juives-sauv-es-dans-un-couvent-l-avenue-clemenceau-anderlecht-bruxelles.php <p style="text-align:justify">A la façade de l’immeuble situé 70 avenue Clemenceau, on a, à l’initiative du Service social juif et de l’Association de l’Enfant Caché, apposé une plaque commémorative en hommage à six combattants de la Résistance : Floris Desmedt, Andrée Ermel, Jankiel Parancevitch, Tobie Cymberknopf, Bernard Fenerberg et Paul Halter. Les résistants honorés avaient réussi à soustraire à l’occupant allemand et à la déportation 14 jeunes filles juives et leur accompagnatrice. Le bâtiment abritait précédemment le couvent des Sœurs du Très Saint Sauveur où l’on soignait les malades. En 1937, les sœurs y accueillirent déjà des enfants de réfugiés basques suite à la guerre civile en Espagne. Durant la Deuxième Guerre mondiale, 14 fillettes juives et leur accompagnatrice Gutki y séjournèrent. Les fillettes étaient âgées de 20 mois à 12 ans et leur accompagnatrice avait 24 ans. Un jeune homme juif, Bernard Fenerberg, qui avait 17 ans à l’époque, logeait dans une chambre chaussée de Mons. Il prenait ses repas rue de la Clinique chez Marieke qui s’occupait de petits garçons juifs cachés par l’abbé Bruylandts. Pour faire le moins possible de déplacements, car Bernard n’avait pas encore de faux papiers, il n’y mangeait que le soir et y préparait ses repas de midi pour les emporter et les réchauffer le lendemain à l’atelier de fourrure où il travaillait. Mais le mois de mai 1943 fut exceptionnellement torride et la nourriture qu’il emportait aurait pu se gâter. Alors, malgré le risque, Bernard décida de venir manger également le midi chez Marieke et la prévint le soir du 19 mai. Le 20 mai, il se rendit à midi à la rue de la Clinique et y trouva Marieke en pleurs. Elle expliqua à Bernard que la Sipo-SD, accompagnée du fameux dénonciateur «le gros Jacques», lui-même Juif, avait découvert les 15 fillettes dans le couvent et avait voulu les arrêter. Sur l’insistance des sœurs, les soldats allemands leur avaient accordé un délai d’une nuit pour qu’elles puissent préparer les fillettes à leur départ. Mais cet ordre était assorti de la menace d’emmener les sœurs elles-mêmes si le lendemain, les enfants n’étaient pas au complet. La rage au cœur, Bernard retourna à l’atelier de fourrure rapporter les faits à Tobie Cymberknopf et lui proposa d’aller chercher son ami Paul Halter qui était commandant de l’Armée belge des Partisans. Après plusieurs heures de recherche, ils trouvèrent heureusement Paul et c’est lui qui allait diriger l’opération de sauvetage des enfants. Ils se donnèrent rendezvous le soir même au couvent. Paul était accompagné de trois autres résistants. Bernard n’était pas tranquille. Des hommes de la Sipo-SD pouvaient être à l’intérieur. Paul Halter sonna. Une sœur entrebâilla la porte. Paul la bloqua du pied, sortit son révolver et ordonna à la sœur de les laisser entrer. Les sœurs avaient peur et les fillettes qui étaient déjà couchées, pleuraient. Les résistants rassurèrent les sœurs et l’accompagnatrice des enfants en leur précisant qu’ils n’étaient pas allemands et qu’ils venaient pour sauver les enfants. Les fillettes sortirent de leurs lits et, une fois calmées et habillées, elles furent emmenées. Pour éviter que les sœurs soient arrêtées par la Sipo-SD, on mit en scène un kidnapping. Les sœurs furent ligotées avec un câble de téléphone. Deux mamans sont venues chercher leurs enfants. Paul Halter et Andrée Ermel mirent les deux plus jeunes enfants en lieu sûr. Malgré le danger, pour les 10 autres et leur accompagnatrice Gutki, il n’y avait pas d’autre solution que de les emmener dans l’appartement vide des parents de Bernard, rue Terre-Neuve, en plein quartier juif. Dans la rue, les gens se dépêchaient de rentrer chez eux car le couvre-feu était proche. Ils formèrent des groupes de trois pour ne pas se faire repérer et, la peur au ventre, parvinrent sans ennuis à l’appartement. Ils mirent les enfants au lit et Gutki resta près d’eux pendant que Bernard et Tobie montèrent la garde toute la nuit. Le lendemain matin, ils n’en crurent pas leurs yeux : la voisine, madame Delobel, avait généreusement apporté un grand plateau de déjeuner pour les enfants. Ensuite, très rapidement, des résistantes du CDJ vinrent chercher les enfants pour les emmener dans un endroit plus sûr. Lorsque les Allemands revinrent le lendemain au couvent, ils furent furieux de constater ce qui s’était passé : les enfants juives avaient disparu. Les sœurs furent interrogées mais pas inquiétées. <br /> Bernard Fenerberg est né à Paris le 14 avril 1926, Bernard Fenerberg avait un an quand, avec ses parents, il a émigré en Belgique.</p><br /> <br /> <p style="text-align:center"><img src="https://www.freebelgians.be/upload/fenerbergb.jpg" alt="" class="valign_" /></p><br /> <p style="text-align:center">Bernard Fenerberg en 1943</p><br /> <br /> <p style="text-align:justify">Son vrai nom est en fait Feuerberg mais ce nom a été fautivement inscrit dans les registres lors de l’inscription de son père en Belgique. Au début de la guerre, Bernard Fenerberg habitait avec son père, sa mère et sa sœur Clara Fanny dans un appartement à la rue de Terre-Neuve. (Bruxelles). En mai 1942, son père à été condamné par les Allemands aux travaux forcés en France. Il dut participer à la construction du Mur de l’Atlantique (Pas-de-Calais) que les Allemands ont érigé pour résister aux Alliés et fut ensuite déporté. Lors de la rafle qui eut lieu dans la nuit du 3 au 4 septembre 1942, Bernard, sa mère et sa sœur ont pu s’échapper et passer dans la clandestinité. La Sipo-SD n’avait pas sonné chez eux mais bien à la maison voisine. Sa mère et Clara Fanny ont d’abord trouvé refuge quelque temps chez un oncle. Sa mère a ensuite été cuisinière au domicile de la comtesse et du comte d’Aspremont Lynden, chef de cabinet du roi Léopold III. Sa sœur a été transférée par le CDJ dans un couvent à Heverlee. Bernard, qui avait à l’époque 16 ans, a pu se cacher dans une maison de la rue de la Clinique dans le quartier de Cureghem. Dans cette maison proche de l’église, louée par le vicaire Jan Bruylandts, Marieke s’occupait d’une douzaine de jeunes garçons juifs que le religieux cachait. Au rez-de-chaussée, on trouvait le local de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) où, durant la guerre, de jeunes Juifs se rendaient aussi, car toutes les associations juives étaient interdites par l’occupant allemand. Ensuite, Bernard a déménagé pour loger dans une mansarde à la chaussée de Mons. Son grand-père habitait également chaussée de Mons, entre l’avenue Clemenceau et la rue Sergent de Bruyne et d’autres membres de sa famille rue du Compas. Dès ses 14 ans, Bernard travailla comme apprenti fourreur. Ensuite à partir de 1942, grâce à la complicité de son patron, il put continuer à travailler clandestinement dans un atelier de la rue de l’Infirmerie, près de l’église du Béguinage. Il échappa plusieurs fois de peu à la déportation. Un jour, dans les Marolles, il s’engouffra in extremis dans une épicerie où, grâce à l’aide de la commerçante, il put atteindre une maison vide voisine et s’y cacher pendant deux heures dans les broussailles du jardin. Un autre jour, chaussée de Mons, alors qu’avec un ami de la JOC il comptait les avions alliés qui passaient dans le ciel, il fut surpris et contrôlé par un SS belge qui n’appréciait pas cette audace. Heureusement, Bernard possédait à l’époque une fausse carte d’identité. Il expliqua que sa mère serait inquiète s’il ne rentrait pas et il ne fut pas arrêté. Pour avoir pris l’initiative de l’opération réussie du sauvetage des enfants juives, Bernard, recommandé par Paul Halter, fut engagé à 17 ans dans l’Armée belge des Partisans, en dissimulant qu’il n’avait pas l’âge requis de 18 ans pour y être accepté. Il reçut notamment la mission d’incendier un champ de colza à Ruisbroeck, de voler à des officiers allemands des armes dont la Résistance avait besoin, ou d’abattre des dénonciateurs. Après la guerre, il retrouva sa mère et sa sœur. Le père de Bernard mourut à Auschwitz-Birkenau ainsi que de nombreux membres de sa famille.<br /> Source :<br /> <a href="https://maksvzw.org/v2/wp-content/uploads/2018/01/145_16052014_layout-brochure_fr_14_S_img_couleur-14.pdf">https://maksvzw.org/v2/wp-content/uploads/2018/01/145_16052014_layout-brochure_fr_14_S_img_couleur-14.pdf</a><br /> <a href="https://docplayer.fr/80225011-Cureghem-partie-3-resistance-et-deportation.html">https://docplayer.fr/80225011-Cureghem-partie-3-resistance-et-deportation.html</a><br /> </p> Thu, 30 Sep 2021 09:39:01 +0200