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Par Johnny

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Rss De la Légion belge à l’ Armée secrète
Le Directoire de la Légion belge
Le capitaine-commandant Charles Claser



Charles Claser est né le 27juillet 1901 à Alost où son père est lieutenant à l’Ecole des Pupilles. Ses études sont contrariées par le déclenchement du premier conflit mondial; sa famille s'étant réfugiée en France il y poursuit ses études; sa vive intelligence lui permet de décrocher son baccalauréat avec la plus grande distinction.

De retour en Belgique, il entre, en 1919, à l’Ecole des Cadets de Namur et, l'année suivante, est admis à l’Ecole Militaire avec la 66ème promotion infanterie-cavalerie qui compte parmi ses membres, le prince Léopold; il en sort en 1922, sous-lieutenant d'infanterie. Il servira d'abord au 3ème régiment de Ligne; en 1928, il suit les cours de la 54ème session de l'Ecole de Guerre d'où il sort breveté d'état-major en 1930. Il sera promu successivement capitaine et capitaine-commandant en juin et décembre 1939. Avant d'être, fin 1939, affecté à l'état-major de la 1ière Division d'infanterie, il effectue différents stages à l'artillerie et à l'aéronautique où il acquiert son brevet de pilote-observateur.
Il se distingue, pendant la campagne des dix-huit jours, en ralliant de force des fuyards d'une unité, prenant leur commandement et réussissant une contre-attaque au cours de laquelle il est blessé. Il noue des contacts avec des hommes qui devien-dront comme lui, les pionniers de la Légion belge: Van der Putten, Boereboom, Franckx, Thomas, etc.

Dès l'été de 1940, ce géant chauve parcourt la Belgique, sous le pseudonyme de Van Nieuwenhove, en vue de jeter les bases de ce qui deviendra la Légion belge et le restera après la fusion, un an plus tard, avec l'Armée belge reconstituée du colonel Lentz. Il souffre du manque de contacts avec Londres; cette lacune est, espère-t-on, comblée par la mission Cassart, mais on sait ce qu'il en advint. ( la mission échoua ) Aussi, en mars 1942, décide-t-il de gagner la Grande-Bretagne où il arrive en juillet, sous le pseudonyme de Monsieur Rose. Il verra diverses personnalités belges dont P.H. Spaak, faisant fonction de Premier ministre et Henri Rolin sous-secrétaire d'Etat à la Défense nationale ainsi que les officiers de la 2ème section du Ministère de la Défense nationale et leurs collègues du Special Operations Executive. Ces derniers mettent conjointement au point l'Ordre de mission militaire pour Monsieur Rose sur lequel Claser se basera pour créer, dès son retour en Belgique fin août, son Corps franc belge d'Action militaire. Soulignons que cette mission à Lon-dres n'a pas été couronnée de succès puisqu'elle n'a pas réussi à vaincre la suspi-cion qui pesait sur la Légion belge.

En l'absence de nouvelles de Londres (il ignore les remaniements opérés après son départ), Claser décide de reprendre le chemin de la Grande-Bretagne, cette fois en compagnie d'un de ses adjoints, Richard Defroyennes. Lés deux hommes sont arrêtés en France au franchissement de la ligne de démarcation; ils transitent successivement par les prisons de Champagnol, Besançon et Dôle; c'est dans cette dernière que la secrétaire de Claser, Julie Delwiche, réussit à contacter les deux prisonniers pour arranger leur évasion. Pour leur malheur, l'agent belge de l'Abwehr; De Zitter, qui a réussi à infiltrer le Corps belge d'Action militaire sait que Claser et Servais, l'homme le plus recherché de Belgique ne sont qu'une seule et même personne; il réussit à convaincre le successeur de Claser qu'il se faisait fort de le faire libérer de la prison de Saint-Gilles où, entre-temps, il a été transféré avec son compagnon. Cette fois, Claser sera arrêté définitivement puisque les Allemands savent qui il est.
Incarcéré tout d'abord à la prison d'Etterbeek, il sera mis au secret à Saint-Gilles puis, fin décembre 1943 transféré à Forest avant d'être, en février 1944, emmené en Allemagne vers le camp d'Esterwegen avec de nombreux compagnons de la Légion belge, tous '' Nacht und Nebel ''

Le 15 mars, il est transféré à la forteresse de Gross-Strehlitz; c'est là que, suivant le docteur André, compagnon de capti-vité, Claser aurait rédigé des documents, transcrits en caractères microscopiques par Frans Bodart et qui, malheureusement, ne furent jamais retrouvés.
Les prisonniers, déjà affaiblis par les épreuves endurées, seront évacués, le 1er octobre 1944, sur le camp d'extermination de Gross-Rosen en Silésie; ils y seront soumis au régime inhumain qu'ont connu tant de détenus politiques. Début décem-bre, Claser squelettique, entre à l'infirmerie du camp où il rejoint le docteur André, pionniers de la Légion belge, puis membre du Corps franc belge d'Action militaire; il s'éteindra le 12 décembre.

'' Quand '', dira le docteur André, ''angoissé de voir s'éteindre ce grand Belge, qui était devenu mon ami intime, je le vis emmené vers le crématoire, j'eus l'impression que notre Patrie perdait le meilleur de ses enfants''.


Le colonel de réserve Robert Lentz


Fils d'officier, son père Charles sert au 2ème régiment de Ligne, Robert Lentz est né à Gand le 20 octobre 1885; 16 ans plus tard, jour pour jour, il entre à l'Ecole des Cadets et, le 8 novembre 1904 est admis à l'Ecole militaire avec la 55ème promotion infantene-cavalerie Le 26 mars 1907, le sous-lieutenant Lentz passe au 4ème régiment de Lanciers. Le 1ier juillet 1912, il entre à l'Ecole de Guerre où la mobilisation interrompt ses études; il commence la campagne à la tête d'un peloton du 4ème Lanciers et va se distinguer particulièrement à la bataille de Haelen le 11 août 1914. À partir de 1915, il sert successivement à l'état-major de la Division de cavalerie, puis de la 5e Division d'Armée et termine la campagne avec la grade de capitaine-commandant.
En 1919, il fait partie de la délégation belge aux négociations qui ont abouti, le 28 juin, à la signature du Traité de Versailles; cette même année, il est breveté d'état-major. En 1921, il est désigné pour l'Ecole militaire comme chargé de cours d'Art militaire; 42 ans plus tard, son professeur Van Overstraeten disait de lui: ''Je ne peux que déclarer toute mon estime à l'égard de cet officier de cavalerie que j'ai toujours apprécie''

Il est affecté, en 1926, au 2ème Lanciers où il va, à sa demande, passer dans les cadres de réserve le 1er avril 1927. Le 26 juin de la même année, il est promu major de réserve et, en 1931, lieutenant-colonel. Il fonde l'Union nationale des officiers de réserve (UNOR) qui va montrer sa vitalité lorsque, en 1935, 10.000 de ses adhérents défileront devant le roi Léopold III en présence de nombreux collègues français et hollandais.

Le 10 mai 1940, il est chef d'état-major de la 17ème Division d'infanterie qui sera une des rares grandes unités à être citée à l'ordre du jour de l'armée; avant que la division ne soit dissoute, le colonel Lentz qui estime que ''ceci n'est qu'un incident tactique, la guerre continue'', plante les premiers jalons en vue de constituer, sur base de regroupements régimentaires, ce qui deviendra, fin de l'année, l'Armée belge reconstituée.

A l'été de 1941, l'Armée belge reconstituée fusionne, sous le nom de Légion belge, avec le groupement organisé par le capitaine-commandant Claser; Lentz devient ainsi un des quatre membres du Directoire de la L.B. avec Claser, Vander Putten et Boereboom; il est chargé particulièrement de l'organisation de combat.
Il est arrêté à son domicile, avenue Huart-Hamoir, le 8 mai et incarcéré à la prison de Saint-Gilles où il restera au secret pendant 17 mois. Le 13 octobre 1943, il est transféré en Allemagne et, via les prisons d'Aix-la-Chapelle, Dusseldorf et Hambourg, aboutira, le 23 janvier 1945, au camp de concentration de Sachsenhausen, il y restera jusqu'au 25 avril date à laquelle il entreprendra avec de nombreux compagnons de captivité la “ marche de la mort ”. De nombreux témoignages font état de son attitude correcte, irréprochable, courageuse qui impressionne ses compagnons de captivité.

Libéré le 4 mai 1945, il rentre à Bruxelles le 13, sa santé irrémédiablement ruinée. Le 10 novembre 1949 il s'éteindra à Bruxelles, suivant les paroles du général Deleuze: ''le Lentz des deux campagnes, le Lentz de la Résistance, le Lentz de la captivité, le Lentz de tous les jours''.


Le lieutenant de réserve Charles Vander Putten


Charles Vander Putten est né à Evere le 14 mars 1900, dans une famille modeste de neuf enfants. Il fait ses études à l'Ecole moyenne puis à l'Athénée de Schaerbeek; il entre ensuite à la Faculté polytechnique de l'Université Libre de Bruxel-les (ULB) où il conquiert, en 1923, le titre d'ingénieur des constructions civiles.
Il est, dès 1925, attaché au service de Physique industrielle de l'Ecole polytechnique de l'ULB. Au moment de la guerre, outre ses fonctions de directeur de l'Institut des Arts et Métiers, il est professeur de physique industrielle à l'ULB et enseigne également à l'Institut national des Industries de Fermentation.

Après avoir conquis son grade académique, Charles Vander Putten entame une carrière militaire dans les cadres de réserve. Il accomplit son service militaire de 14 mois, successivement à l'Ecole du génie puis au régiment des Troupes de transmission d'où il est libéré le 29 novembre 1924; il est promu successivement sous-lieutenant le 26 juin 1926, lieutenant le 26 juin 1930, capitaine le 26 mars 1941 (avec rétroactivité) et capitaine-commandant le 26 septembre 1946. En mai 1940, il est chef de peloton à la 2ème compagnie du 21ème bataillon des Troupes de transmission. Emmené en captivité le 29 mai, il est rapatrié le 13 août suivant.

C'est un compagnon de captivité, le lieutenant Germain Thomas qui va présenter, en septembre 1940, Charles Vander Putten au capitaine-commandant Claser fondateur, on le sait, de la Légion belge. Ses nombreuses relations dans les milieux bruxellois, ses qualités intellectuelles en font une recrue de choix. Claser le charge de mettre sur pied le service de renseignements politiques. Il devient donc, avec Claser, Lentz et Boereboom, membre du Directoire de la Légion belge et suppléant de Claser.
Les nombreuses démarches qu'il entreprend au titre de chef du service des renseignements politiques en vue de rapprocher les différents mouvements de lutte contre l'ennemi, ses prises de position lors de la fermeture de l'ULB attirent l'attention des autorités allemandes au point qu'il est envisagé de l'envoyer à Londres comme représentant de la Légion belge.

C'est finalement le capitaine-commandant Claser qui, en mars, entreprendra le voyage vers la Grande-Bretagne; conformément aux statuts de la L.B., Vander Putten va le remplacer à la tête de l'organisation.
Il est appréhendé le 8 mai 1942 en même temps que Lentz. Il sera libéré le 2 novembre suivant, après six mois de détention à Saint-Gilles; il sera à nouveau arrêté le 2 mars 1943 et traduit devant le conseil de guerre de l'Oberfeldkommandantur 672 de Bruxelles qui le condamnera pour ''activité dangereuse pour l'armée allemande'' à 11 mois de prison. Il ne sera d'ailleurs pas libéré à l'issue de sa peine de prison, mais bien emmené en Allemagne après avoir transité par diverses prisons. Il séjournera au camp de Orianenburg-Sachsenhausen jusqu'au 21 avril 1945.

À ce moment, Vander Putten qui avait contracté une bronchite lors de la mobilisation de 1939 est épuisé par les mauvais traitements subis, la sous-alimentation, les longues heures de travail et la rigueur de l'hiver allemand. Son calvaire et celui de ses compagnons de détention n'est cependant pas terminé car le 21 avril commence la longue marche de 325 kilomètres qui va mener les prisonniers, dans des conditions épouvantables, à Schwerin où ils seront libérés le 3 mai 1945.
Rapatrié le 21 mai, il refuse, malgré son état alarmant, de se faire hospitaliser et veut reprendre l'essentiel de ses activités. Mais il a trop présumé de ses forces et, le 30 septembre 1946, il est emporté par un emphysème pulmonaire.


Le lieutenant de réserve André Boereboom


André Boereboom est né à Bruges le 3 février 1909. En 1926, il entame ses études universitaires à Gand d'où il sortira en 1931, ingénieur en constructions civi-les; un an plus tard, il acquiert le diplôme d'ingénieur électricien.
Il effectue son service militaire au régiment des Troupes de transmission du 16 août 1932 au 15 octobre 1933. Il va alors poursuivre une carrière normale dans les cadres de réserve; sous-lieutenant le 26 mars 1936, il est lieutenant à la déclaration de guerre; il sera promu successivement capitaine et capitaine-commandant les 26 mars 1946 et 1952; il accède enfin au grade de major le 26 septembre 1962.
Au moment du déclenchement de la mobilisation, il est, depuis juillet 1935, directeur d'administration au ministère des Travaux publics. Il est affecté à l'état- major du 1ier bataillon des Troupes de transmission puis au service transmissions de l'état-major de la 1ière Division d'infanterie où il va faire la connaissance du capitaine-commandant Claser. Emmené en captivité le 1er juin 1940, il est rapatrié comme flamand le 14 août.

Dès le mois de septembre, il est contacté par Claser et, vers la fin de l'année, devient chef du service des transmissions (STR) de la Légion belge, poste auquel sa double formation universitaire et militaire le désigne tout particulièrement; assisté du 1ier sergent T.Tr. Didier, il se met aussitôt au travail et lance notamment l'opération de montage de deux postes qui devraient permettre d'assurer la liaison avec Londres. Vers la mi-1941, suite au départ forcé pour la Grande-Bretagne du lieutenant Galland, chef des services de la Légion belge, André Boereboom prend sa succession.

Il est arrêté par la police allemande le 28 octobre 1942; condamné à quinze mois de prison, par le conseil de guerre près l'Oberfeldkommandantur 672 de Bruxelles.
Il est, début 1944, à l'expiration de cette peine d'emprisonnement, transféré à Huy, puis à Vught et aboutit finalement au camp de Sachsenhausen où les Russes le libèrent le 6 mai 1945; il est rapatrié le 24 du même mois.
Rentré au pays, Boereboom reprend place aux Ponts et Chaussées. Après avoir été chef de Cabinet de différents ministres, il devient secrétaire général du département. Le pays lui doit beaucoup, en particulier la modernisation de notre infrastructure routière et le fameux plan incliné de Ronquières.

Voici pour terminer, sa citation à l'ordre du jour de l'Armée secrète signée par le général Pire:
''Est entré à la Légion belge dès sa formation en septembre 1940. A créé et pris la direction de tous les services de la Légion belge. A assuré cette direction avec une compétence particulière, courant journellement, des risques considérables. A été arrêté en octobre 1942, condamné et expédié dans les camps d'extermination d'Allemagne dont il est rentré en mai 1945''.
André Boereboom est décédé le 13 septembre 1970.


Les commandants de l'Armée de Belgique et de l'Armée secrète


Le colonel Jules Bastin


Jules Bastin, né à Roux le 23 mars 1889, dans une famille modeste, est attiré très tôt par le métier des armes. Il s'engage en 1905 à l'Ecole régimentaire du 13e régiment de Ligne à Dinant et, le 18 novembre 1907, est admis à l'École militaire comme élève de la 58ème promotion infanterie-cavalerie. À sa sortie de l'Ecole militaire il est affecté au 3ème Chasseurs à pied puis, trois ans plus tard, passe à sa demande au 1ier régiment de Chasseurs à cheval à Tournai.

A la déclaration de guerre, en 1914, le lieutenant Bastin est chef de peloton dans cette dernière unité. Il est blessé grièvement le 16 août 1914 à Sart-Risbart, lors d'une charge qu'il effectue à la tète de son peloton; les Allemands le relèvent écrasé sous son cheval mort. Transféré en Allemagne, il va tenter de s'évader à DIX reprises des différents camps où il séjourne. La onzième tentative sera la bonne; il arrive à Calais le 2 décembre 1917. Après un congé de convalescence imposé par son état de santé, il reprend du service, d'abord dans son ancien régiment, puis successivement aux 1ier et
7ème régiments d'artillerie où il commande brillamment une batterie jusqu'à la fin des hostilités. Il est promu capitaine le 28 décembre 1918.

Pendant la période d'entre-deux-guerres, le capitaine-commandant Bastin suit les cours de l'Ecole de Guerre d'où il sort adjoint d'état-major le 23 janvier 1923; il sert ensuite dans différents états-majors et armes et va, en 1927, prendre le com-mandement d'un escadron du 1ier Lanciers où il sera nommé major le 26 septembre 1928. Promu lieutenant-colonel le 26 septembre 1934, il est désigné comme sous-chef d'état-major du Corps de cavalerie, puis, quelques mois plus tard, assume les fonctions de chef d'état-major. Nommé colonel le 26 mars 1939, Bastin exerce pendant neuf mois le commandement de son régiment, le 1ier Lanciers, avant de reprendre les fonctions de chef d'état-major du Corps de cavalerie, qu'il occupera pendant la campagne des dix-huit jours.

Après la capitulation de l'Armée belge, Bastin rejoint l'Angleterre via Dunkerque, puis rentre en France se mettre à la disposition du gouvernement belge en vue de reprendre la lutte; la débâcle française ruinera cependant ses projets. Il rentre en Belgique, bien décidé à ne pas refaire connaissance avec les camps allemands.
Il est affecté à l'Office des Travaux de l'Armée Démobilisée (OTAD) et entre en contact avec le colonel Lentz et le capitaine-commandant Claser; c'est le début de son action clandestine.
Il est arrêté une première fois le 27 novembre 1941 et emprisonné pour un mois. Il assume d'abord le commandement de la Réserve mobile fondée par Lentz, commandant de l'organisation de combat, dont il devient le remplaçant éventuel. Après l'arrestation, le 8 mai 1942 de ce dernier, Bastin lui succède comme prévu à la tête de l'organisation de combat.

En novembre 1942, au moment où le capitaine-commandant Claser entame son second voyage vers la Grande-Bretagne, Bastin devient commandant de la Légion belge; il prend deux décisions importantes:
Tout d'abord, il choisit d'appeler le mouvement Armée de Belgique pour mieux souligner son caractère purement militaire et national; il modifie ensuite la répartition territoriale en cinq zones au lieu des trois que comptait la Légion belge. En février 1943, il reçoit
l’ ''Ordre de mission au colonel Bastin'' daté du 30 décembre 1942 et signé par le Premier ministre Hubert Pierlot qui lui propose en substance, le rôle de fédérateur des organes de Résistance armée en pays occupé; Bastin accepte et commence aussitôt les démarches en vue de réaliser cette mission, démarches qui le conduiront, le 27 avril, dans le guet-apens tendu par la Geheime Feldpolizei au Thier de Robermont à Liège, où il est arrêté une deuxième fois. Le colonel Gérard, camarade de promotion et son successeur désigné, prend automatiquement le commandement.

Bastin sera libéré quelques semaines plus tard, en juillet, pour être à nouveau arrêté le 24 novembre, mais cette fois sans espoir de retour.
Il est emmené à la prison de Saint-Gilles. Le conseil de guerre auprès de l'Oberfeldkommandantur 672 de Bruxelles, estimant que les conditions pour un jugement en pays occupé ne sont pas réunies, il sera, avec une soixantaine d'officiers arrêtés suite à l'affaire du Thier de Robermont, transféré en Allemagne comme ''Nacht und Nebel'' le 5 février 1944. Les prisonniers arrivent à Esterwegen le 7 février; la vie y est très pénible; beaucoup tombent malades dont Bastin atteint de bronchite. Le 14 mars, il est transféré à la prison de Gross-Strehlitz puis, le 30 octobre, au camp d'extermination de Gross-Rosen où il s'éteindra, épuisé par les mauvais traitements, le 1er décembre 1944.


Le colonel Ivan Gérard


Ivan Gérard est l'aîné d'une semaine de Jules Bastin puisqu'il naquit le 16 mars 1889; il est, comme lui, tôt saisi par la vocation militaire. Il s'engage, en effet, à l'Ecole des Pupilles le 1ier octobre 1900, passe ensuite au 1ier régiment de Chasseurs à pied le 14 août 1905 et est admis à l'Ecole militaire le 29 octobre 1907 dans la même pro-motion que Bastin. A sa sortie de l'Ecole, le sous-lieutenant Gérard est affecté au 12ème régiment de Ligne où il sera nommé lieutenant le 26 mars 1913.
Il fera toute la campagne 14-18 au 12ème de Ligne où il commandera successivement la 4ème compagnie du deuxième bataillon, puis la 2ème du troisième bataillon, enfin la 7ème. Il est promu capitaine en second le 15 novembre 1915 et capitaine-commandant le 26 décembre 1917. Il est blessé grièvement aux jambes par éclats d'obus à Bixschoote le 17 avril 1918.

À l'issue du premier conflit mondial, il suit les cours de l'Ecole de Guerre d'où il sort adjoint d'état-major le 6 août 1920. Il sert ensuite dans différents états-majors et est, le 10 avril 1924, désigné pour la 2ème section de l'état-major général de l'armée. Promu major le 26 décembre 1927, il retourne à son unité d'origine; il devient ensuite, le 12 février 1934, chef d'état-major de la 3ème Division d’infanterie puis passe, comme lieutenant-colonel, à la direction supérieure de l'infanterie le 13 décembre 1935.

Colonel depuis le 26 juin 1938, Ivan Gérard prend le commandement du 12ème de Ligne le 17 septembre 1939 et le conduira remarquablement pendant la campagne des dix-huit jours. Le régiment se distinguera notamment à Kuurne le 24 mai où, après avoir résisté toute la journée aux attaques ennemies, il se repliera le soir avec le plus grand calme et le plus grand ordre sous l'œil de son commandant. Emmené en captivité le 28 mai, il sera libéré le 1ier mai 1942 pour raisons de santé.

Lors de la réorganisation de l'Armée de Belgique en cinq zones vers la fin 1942, il prend le commandement de la Zone V et devient le successeur désigné de son camarade de promotion, Jules Bastin, à la tête de l'organisation. Suite à l'affaire du Thier de Robermont, il prend, sur le champ, la place du colonel Bastin et, suivant sa fiche biographique, ''avec l'accord du gouvernement belge, commandera l'Armée secrète du 27 avril 1943 au 1ier octobre 1943 et du 1ier décembre 1943 au 15 mars 1944'', date de son départ pour la Grande-Bretagne.

Pour caractériser le commandement du colonel Gérard dans des conditions spécialement difficiles, on ne peux mieux faire que de reproduire un passage de sa citation à l'ordre du jour de l'Armée secrète signée du lieutenant général Pire ''Il exerce cette fonction avec ardeur, s'attachant principalement à donner à l'Armée secrète une organisation militaire poussée, étayée d'un esprit de rigoureuse subordination. Après avoir été remplacé dans son commandement par le titulaire libéré, continue sa collaboration dévouée au commandant de l'Armée secrète dans les conditions difficiles d'une vie épiée par l'ennemi''. Il faut souligner que Ivan Gérard commande l'Armée de Belgique (et non l'Armée secrète comme dit erronément dans le texte de la citation) à une période particulièrement importante; c'est lui qui reçut la mission ''Stanley'' et qui s'appliqua à restructurer l'organisation en fonction des directives reçues de Londres.

Le 3 septembre, il sera ''désigné par le commandant en chef des armées alliées, avec l'accord du gouvernement belge, pour commander les forces belges de l'intérieur au combat''
Rentré en Belgique après la Libération, il prendra, le 10 octobre 1944, le commandement des troupes de l'Intérieur. Il passera dans les cadres de réserve le 1ier avril 1946, sera promu général-major le 15 mars 1947 avec effet rétroactif au 26 mars 1942, puis lieutenant général de réserve le 26 juin 1946.
Le 11 mai 1967, alors qu'il assiste à une réunion au Cabinet du ministre de la Défense nationale, il est pris d'un malaise; transporté d'urgence à l'hôpital, il y succombera peu après son admission.


Le lieutenant général Jules Pire


Jules Pire est né à Hannut le 29 mars 1878; le 9 novembre 1897, il s'engage comme volontaire de carrière au 8ème régiment de Ligne. L'année suivante, il est admis à l'Ecole militaire avec la 49ème promotion infanterie-cavalerie; à l'issue de ses études, le sous-lieutenant Pire rejoint le 11ème de Ligne; il y restera pendant plus de six ans jusqu'à son admission, le 28 août 1907, à l'Ecole de Guerre d'où il sortira adjoint d'état-major. Le lieutenant Pire va ensuite effectuer des stages dans différentes unités d'artillerie et de cavalerie avant d'être, le 29 janvier 1914, désigné pour l'état-major de la Brigade mixte; deux mois plus tard, il est nommé capitaine en second.
Le capitaine Pire sert donc à l'état-major de la 3ème Brigade mixte pendant les premiers mois de la guerre; le 10 janvier 1915, il rejoint le 5ème de Ligne pour y exercer les fonctions d'adjudant-major.

Le 27 septembre 1918, il est commissionné au grade de major et va prendre le commandement du 2ème bataillon du 23ème régiment de Ligne qu'il va conduire pendant l'offensive finale.
Après quatre ans d'absence, le major Pire retrouve sa femme et son fils qu'il connaît à peine. Il va, pendant la période d'entre-deux-guerres, occuper différentes fonctions dont notamment, comme colonel, le commandement du 2ème régiment de Ligne le 2 janvier 1931, comme général-major, le commandement de l'infanterie de la 5ème Division d'infanterie et enfin, couronnement de sa carrière, celle de commandant du corps des Chasseurs ardennais. Le lieutenant général Pire est mis à la retraite le 24 mars 1939.

Quelques mois plus tard, lors de la mobilisation de l'armée belge, le lieutenant général Pire reprend volontairement du service pour assumer le commandement de la 10ème Division d'infanterie composée pour l'essentiel de Chasseurs à pied; il va développer l'instruction de sa grande unité et surtout lui insuffler une âme pendant la ''drôle de guerre''; elle se révélera une des meilleures de l'armée pendant la campagne des dix-huit jours; il la conduira comme dit le texte de sa citation à l'ordre du jour de l'armée ''en brave soldat et en adroit manœuvrier''.

Au cours de la bataille, Pire apprend la mort de sa femme tuée dans le bombardement d'une colonne de réfugiés. ''Avec une grandeur d'âme que rappellent encore avec émotion ceux qui furent à ses côtés en ces heures tragiques il reste, en dépit de l'épreuve, magnifiquement, le chef. On le verra pleurer seulement lorsqu'il apprendra la capitulation''

Pire a 63 ans au moment où, en 1941, s'organise la Légion belge; le commandement en est confié à un Directoire composé d'un colonel, un capitaine-commandant et deux lieutenants de réserve. Le lieutenant général Pire, homme modeste, pour qui seul compte servir accepte le plus naturellement du monde d'être sous leurs ordres; il devient responsable de la région wallonne
( Zone III ). Lors de l'affaire du Thier de Robermont à Liège, il prend le maquis pour échapper aux recherches de la police allemande.

Début 1944, après l'arrestation définitive de Bastin et l'évasion vers la Grande-Bretagne de son successeur Gérard, Jules Pire est nommé commandant de l'Armée de Belgique qui, quelques mois plus tard, deviendra Armée secrète. Il va conduire son groupement pendant les quelque trois mois de l'action clandestine déclenchée par Londres le 8 juin et exécutera, le moment venu, la démobilisation ordonnée par le gouvernement. Puis, à 66 ans, il rejoindra sa retraite dans le silence.
Le lieutenant général Pire mourra le 29 janvier 1953. Citons, pour terminer, Henri Bernard: ''Sur son lit de mort, le grand chef fut promu par le roi, Grand Cordon de l'Ordre de Léopold; il est le seul Belge qui reçut, pour faits de guerre, la plus haute distinction nationale au cours du second conflit mondial. À ses funérailles, les drapeaux des troupes régulières et des unités clandestines s'inclinèrent, cravatés de crêpe, devant la dépouille glorieuse avec respect et ferveur''.

( Source bibliographiques et photographiques : Henri Bernard ''L’Armée secrète 1940-1944'' Editions Duculot 1986 et extraits du même ouvrage dues à la plume du Colonel V. Marquet )
 
 
Note: 5
(1 note)
Ecrit par: prosper, Le: 28/05/11


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