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Rss La filière d’évasion de Lichtenvoorde (Hollande)


Lichtenvoorde à la Libération.



Evasion le 9 décembre 1943 de Germain Albert et Larcier René

Le 9 décembre 1943, Albert GERMAIN , né à Gembloux le 18 janvier 1913, soldat au groupe cycliste de la 15e division d'infanterie, et René LARCIER , né à Marchienne-au-Pont le 18 octobre 1909, sergent au 1er régiment d'unités spéciales de forteresse, s'évadent du Stalag VI F. René Larcier a favorisé le 14 juillet 1943 l'évasion du sergent Emile Lambert . Il commandait en effet la corvée de prisonniers de guerre chargée de conduire à la gare de Bocholt les colis destinés aux prisonniers de guerre des Kommandos extérieurs. En cours de route, à un moment favorable, Larcier ouvre le sac où se cachait Lambert. Ce dernier saute alors de la remorque et disparaît. Ayant appris la réussite de cette évasion, Larcier décide de tenter également sa chance. Il fait équipe avec Germain Albert. Comme il y avait parmi les prisonniers de guerre italiens récemment arrivés au camp d'excellents tailleurs, Larcier et Germain leur demandent de confectionner des vêtements civils au moyen de couvertures bleues françaises. Ce travail a lieu tous les soirs dans un réduit près de la cuisine dont Germain, serrurier de métier, s'est fabriqué la clé. Comme éclairage, nos hommes ont fabriqué des lampes de fortune avec des bouts de corde trempant dans de la graisse. Bientôt les costumes sont prêts. Il s'agit à présent de les teindre en noir. Larcier se procure de la teinture auprès des prisonniers de guerre travaillant à l'extérieur du camp et, le soir, ils se laissent enfermer à la cuisine. Nus jusqu'à la ceinture, ils tournent leurs costumes dans un bain de teinture préparé dans une cuve à thé. Un prisonnier de guerre travaillant dans une ferme des environs et rentrant tous les soirs au Stalag, René Meurée, accepte de cacher les costumes, le matériel et les vivres de Larcier et Germain dans la ferme où il travaillait. Apprenant qu'un train sanitaire était formé fin novembre, Larcier et Germain décident de s'évader au début de décembre afin d'arriver en Belgique en même temps que ce train et pouvoir dire qu'ils étaient rapatriés comme malades. Le 9 décembre entre 13 et 14 heures, moment où les sentinelles sont le moins attentives, ils tentent de sortir du camp, mais toutes leurs tentatives échouent. Il est 16 heures 30 et ils sont toujours au camp. Larcier passe dans la partie du camp où se trouvait l'entrepôt des colis et se rend à la centrale où travaillait Germain. Ils avaient l'intention de s'enfuir de là, mais ce bâtiment est rempli d'ouvriers allemands effectuant des réparations et ils ne peuvent s'approcher des fenêtres. Ils tentent alors de sortir par le potager, mais le prisonnier de guerre qui en possède la clé refuse de la leur confier. En désespoir de cause, ils se rendent à la baraque des colis. Ils se chargent de robinets et de tuyaux et se dirigent vers le lavoir de cette baraque en déclarant aux sentinelles allemandes qu'ils viennent pour une réparation. Du lavoir, ils s'introduisent dans le local des colis et parviennent à ouvrir une fenêtre. Il commence à faire nuit. Larcier passe par la fenêtre entrouverte et rampe jusqu'aux barbelés. Il commence à couper les fils au moyen d'une pince universelle, mais il n'est pas habitué à ce travail. Bientôt, n'en pouvant plus, les mains en sang, il revient vers la fenêtre et demande à Germain de continuer le travail. Ce dernier achève rapidement la création d'une brèche et, peu avant l'appel de 17 heures 30, les deux Belges parviennent à sortir du camp. Ils sèment derrière eux du paprika pour dépister les chiens et courent vers la ferme où Meurée les attend. Des gosses allemands les aperçoivent et crient comme des putois, mais n'osent pas les poursuivre. Ils traversent des cultures et arrivent dans un petit bois où ils soufflent un peu. Ils entendent alors mugir la sirène du camp signalant une évasion, la leur évidemment. Nos deux évadés n'en mènent pas large, car des battues vont être organisées et les fermiers allemands touchent 30 Marks par évadé repris. Avec les plus grandes précautions, ils s'approchent de la ferme où ils avaient rendez-vous avec Meurée. Ce dernier, ayant entendu la sirène du camp, les croyait repris et est fort étonné de les voir arriver. Il sort de leur cachette tout le matériel de fuite entreposé par les deux candidats à l'évasion. Malheureusement, dans leur énervement, ils laissent tomber dans le purin une des 2 sacoches préparées et ils sont obligés de l'abandonner. Larcier et Germain s'habillent rapidement en civil et grimpent sur un chariot conduit par le prisonnier de guerre René Mien. Ce dernier les amène à une autre ferme où les attendent 2 vélos et un jeune Hollandais de 12 ans qui doit leur servir de guide. Ils partent aussitôt en vélo. A proximité de la frontière, le jeune Hollandais s'arrête et leur montre par où ils doivent passer la frontière. Lui-même se dirige vers le poste de douane et s'arrangera pour passer les 3 vélos. Il les attendra en Hollande sur la grand-route. Les deux évadés coupent à travers champs et contournent le poste de douane que, grâce à un magnifique clair de lune, ils distinguent parfaitement. Tout se passe le mieux du monde et ils retrouvent en territoire hollandais leur guide et les 3 vélos. Une demi-heure plus tard, ils arrivent au domicile de leur guide. Un bon souper les attend. En ouvrant la sacoche qui leur reste, ils constatent que celle qui a été abandonnée dans le purin contenait la boussole et les cartes. Ils dorment chez leur guide et, le lendemain matin, se dirigent vers Lichtenvoorde où ils doivent gagner la boulangerie Meijer.
Le boulanger les fait aussitôt entrer chez lui. Ils s'asseyent dans de confortables fauteuils tandis qu'un phono joue en sourdine la Brabançonne et la Marseillaise.
Meijer leur fait voir la liste des évadés passés par chez lui et il leur demande d'y ajouter leur nom. Un docteur hollandais arrive et se renseigne sur leur condition physique. Germain en profite pour faire panser une vilaine entaille à la jambe, gagnée en franchissant les barbelés du camp. Comme il est dangereux de voyager le dimanche, Meijer décide d'attendre le lundi et il conduit les deux évadés chez un fermier des environs. Il craint en effet une visite de la police allemande, d'autant plus que le voisin est un national-socialiste convaincu. Le lundi à 5 heures, nos hommes sont debout. Ils déjeunent à la ferme, puis se rendent chez Meijer. Ils y trouvent un Hollandais d'une trentaine d'années qui va leur servir de guide. Il conseille aux deux Belges de le suivre à une cinquantaine de mètres jusqu'à la gare. Le guide prend lui-même les billets pour Tilburg. Il achète des revues hollandaises et allemandes et les donne à Larcier et Germain. Il leur recommande de ne pas parler dans le train et de faire semblant de ne pas le connaître. Lui, de son côté, s'efforcera de monopoliser la conversation. A Arnhem, il faut changer de train. Comme il faut attendre un certain temps, le guide les mène dans une maison amie jusqu'à l'heure du train. A l'arrivée à Tilburg, les évadés sont remis à un nouveau guide. A la sortie de la gare, forte émotion, car des policiers allemands arrêtent des voyageurs pris au hasard et examinent soigneusement leurs pièces d'identité et leurs bagages. Comme ils s'intéressent surtout aux voyageurs lourdement chargés, nos évadés passent sans encombre. Le guide les conduit à une maison amie à quelques mètres de la gare. Ils y apprennent qu'une femme de l'organisation vient d'être arrêtée. Il est dangereux de rester à Tilburg. Ils sont chez un receveur d'autobus de la ligne Tilburg-Turnhout. Comme le receveur se rend à son travail, nos deux évadés l'accompagnent. Ils ont reçu de l'argent belge et chacun un croquis de l'itinéraire à suivre pour franchir la frontière. Le receveur vient les prévenir du moment où ils doivent quitter l'autobus. Ils progressent alors à travers champs et bois et suivent strictement l'itinéraire indiqué et, le lendemain matin, arrivent à Poppel. Larcier se cache quelque temps chez ses beaux-parents puis, s'étant procuré des vêtements militaires, rentre ostensiblement chez lui en déclarant avoir été rapatrié par train sanitaire. Il a l'audace de porter ses vêtements militaires à la maison communale ainsi que les Allemands le prescrivaient aux rapatriés. Il reçoit sa carte de ravitaillement et n'est nullement inquiété par la police allemande.
Germain vit en clandestin jusqu'à la libération.



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Ce qui est remarquable dans les évasions par la Hollande, c'est l'existence de filières d'évasion très efficaces. L'une d'elles, celle au départ de Lichtenvoorde, vint en aide à 19 prisonniers de guerre belges évadés. D'après un rapport, daté du 21 août 1964, de la commune de Lichtenvoorde, le mouvement de résistance de cette localité a aidé dans leur évasion environ 300 prisonniers de guerre français et belges. La famille Knüfing aurait abrité environ 200 évadés, la famille Meijer environ 50 et la famille Leemreize également une cinquantaine. La famille Kniifing avait presque en permanence un ou deux évadés dans sa demeure. Meijer H. était le plus ancien chef de l'organisation, mais son nom et son adresse étant connus dans les camps allemands, il dut, par mesure de prudence, s'abstenir de toute intervention directe dans l'aide aux évadés.
H. Wekking était également un des premiers membres de l'organisation. Arrêté le 9 août 1942 par la police allemande, il est dirigé vers un camp de concentration allemand sans avoir dénoncé ses amis. A. Wouters était chargé d'assurer les soins médicaux aux évadés et de gérer les finances de l'organisation. Il prend la direction du mouvement lorsque Meijer cesse son activité. Il était connu sous le nom de "Docteur".
G. Reinders et J. Fourij repéraient les évadés signalés à Lichtenvoorde et aux environs et les dirigeaient vers les demeures d'accueil de Knüfing, Meijer et Leemreize.
J. Ter Haar était chargé du voyage des évadés de Lichtenvoorde à la frontière belge. Il les accompagnait en train jusqu'à la frontière. Il servit également de guide à une centaine d'évadés recueillis par les résistants de Hengelo, Laren et Zutphen. Tous les évadés secourus par l'organisation de Lichtenvoorde reçurent des vêtements civils et de l'argent hollandais, belge et français. L'organisation fonctionna jusqu'à la fin de la guerre, mais à partir de septembre 1944, il ne fut plus possible de diriger les évadés vers la Belgique. Il fallut les dissimuler sur place.




Des résistants, réfractaires ou évadés cachés à Lichtenvoorde



Source bibliographique :

Livre de Georges Hauteclerc ‘’Evasions réussies’’ (page 169 et suivantes)


Sources Iconographiques :

https://www.beeldbanklichtenvoorde.nl/cgi-bin/beeldbank.pl?misc=12&a8a0=VELD%20keyword1&a8a1=Oorlog&display=gallery&inword=2
https://mijngelderland.nl/inhoud/canons/gelderland/onderduiken-in-de-achterhoek#!#customCarouselDetail

 
 
Note: 5
(2 notes)
Ecrit par: prosper, Le: 30/10/21


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