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Rss Jean Demaury - Volontaire de Guerre
Naissance du 11° Bataillon de Fusiliers à Namur le 11 décembre 1944

- 20 décembre 1944: 800 volontaires belges incorporés, en majorité d'anciens résistants
- 5 compagnies de fusiliers, une compagnie état-major et un état-major de bataillon.
Unité de base: la section: dirigée par un sergent aidé par un caporal, elle compte 10 fusiliers dont un doté d'un fusil-mitrailleur "BRENGUN". Le sergent est pourvu d'une mitraillette "STENGUN", les fusiliers de fusils "LEE ENFIELD".
Le bataillon comprend 800 hommes :
- 1 aumônier
- 28 officiers
- 104 sous-officiers
- 66 caporaux
- 603 soldats
Il est commandé par le Major Dewulf et est composé de Bruxellois et de Liégeois.
C'est dans la caserne Marie-Henriette de Namur que commence l'instruction intensive au son du canon.


Le récit de Jean Demaury

Il faut signaler que le 16 décembre 1944, la contre-attaque d'Ardenne commence, sur un front allant de MONSCHAU ( Montjoie) au nord jusqu'à ECHTERNACH au sud. Souvent, la nuit, nous devons gagner les abris dans la cave car les alertes sonnent, annonçant l'arrivée d'avions allemands visant les ponts de la Meuse. Les artilleries américaines et anglaises sont à moins de 20 km de Namur et pilonnent les Allemands de la 2e Panzer Division qui ont atteint les abords de Ciney. Le temps est humide et doux mais ... le 22 décembre, il neige et le 23, la température chute très brutalement, nous plongeant dans un hiver qui sera très dur et très long, il gèle à pierre fendre.

Le 17 décembre, à 120 km de Namur, à Houffalize, tout change: le 16, les Allemands ont lancé leur offensive, les Américains plient bagages. Le jour de Noël, premier bombardement américain, ils bombarderont Houffalize 30 fois, la nuit la plus terrible sera celle du 5 au 6 janvier où durant 35 minutes, 700 bombardiers et 250 chasseurs achèvent la destruction totale de Houffalize.
A la fin de la bataille d'Ardenne, on décompte un total de 192 victimes sur les 450 habitants restés dans la ville. Le 2 février, le Général PATTON commandant de la 3ème Armée U.S., passant par là dira:
"Je n'ai jamais rien vu de tel durant cette guerre."

Le 23 décembre, une alerte est décrétée à 17 heures, le bataillon est consigné, les hommes doivent se mettre en tenue complète de campagne.
Nous avons l'ordre de nous débarrasser de nos vêtements civils et de les déposer chez les habitants namurois.
On nous annonce que nous devons être prêts à faire mouvement dans l'heure. A cet effet, des camions viennent se ranger dans la cour de la caserne. Suivant la rumeur en cours, les Allemands sont à 35 km d'ici. Pour les hommes de mon peloton et moi-même, un problème non prévu et douloureux se pose: une heure avant l'alerte, nous avons reçu les premières injections antityphiques et antitétaniques, ce qui nous impose des réactions douloureuses dans l'omoplate.

Les 23, 24, et 25 décembre, Namur grouille littéralement de troupes et de civils ardennais qui pour la deuxième fois vivent l'exode pour échapper aux représailles allemandes qui menacent les anciens résistants et maquisards d'avant la libération, tout ce monde se bouscule sur les ponts de la Meuse, points de passage obligés vers le sud des Ardennes. Cette situation durera toute la nuit de Noël également et prendra fin dans la soirée du 28 décembre.
Ici, se situe une anecdote concernant les jours qui suivent la Noël. A la caserne Marie-Henriette, le ravitaillement a distribué, à chaque homme, une dinde de Noël rôtie ( offerte par les Américains ). Hélas, le lendemain ce repas succulent mais très gras pour des estomacs sortant de quatre années de privations fut la cause d'une épidémie de diarrhées, ce qui provoqua évidemment des files très importantes dans la cour de la caserne devant les W.C. Le résultat de cette situation: les fosses d'aisance se sont bouchées et la température descendue à -15° la nuit, le trop-plein s'est répandu sur la moitié de la cour, ce qui rendit l'environnement assez désagréable pendant quelques jours pour la corvée nettoyage!

Le 17 janvier: le bataillon doit évacuer la caserne Marie-Henriette pour aller s'installer dans la caserne Terre-Neuve, au sommet de la citadelle, l'endroit où est situé la citadelle doit avoir été depuis des siècles privilégié pour établir une place-forte. Les locaux n'ont plus logé de soldats depuis 50 ans, les installations sont vétustes et insalubres. Il paraît que Napoléon a appelé la citadelle de Namur "La termitière de l'Europe", il devait donc savoir que de nombreux souterrains y cheminent. Les nuits ne sont pas toujours entièrement réservées au sommeil. Quelques uns des volontaires ont vite fait de trouver la sortie qui permet de quitter la citadelle sans passer par le corps de garde qui veille à l'entrée. Par l'un des tunnels, dont la sortie débouche dans le parc situé le long de la Sambre, nous allons acheter dans les boulangeries-pâtisseries de quoi améliorer l'ordinaire servi par les cuistots, sans nous préoccuper du couvre-feu. Et l'on poursuit donc l'instruction, le matin réveil à 6 heures, course à pied de 5 km dans la neige sur la crête le long de la Meuse.
Après le déjeuner, exercices de tir à la Sten et au Bren dans des tunnels de la citadelle et au champ de tir des briqueteries à La Plante; le lancement de grenades s'effectue dans les remparts.

Le samedi 10 février, nous défilons dans les rues de Namur, les Namurois réputés froids envers les militaires ont pavoisé et la foule applaudit les jeunes volontaires qui partent en Allemagne.

Le mardi 13 février, le réveil sonne à 4 heures, la citadelle est vidée à 6 heures.
A 7 heures, en gare de Namur, la troupe embarque dans un train qui quitte Namur à 8 heures et qui arrive à Esch-sur-Alzette. Le bataillon se met en route à pied vers Rumelange ( 6 km S-E ), nous y restons 10 jours. Nous voilà incorporés à la 3ème Armée américaine du Général Patton. On nous distribue l'équipement américain avec sac de couchage, un paquet de 20 cigarettes par homme et par jour, du chocolat, du savon, des lames de rasoir.

Le 3 mars, nous perdons notre premier V.G. (Volontaire de Guerre ), tué accidentellement d'une balle dans le ventre.

Le 6 mars, sont mutés onze volontaires parlant français, flamand, anglais et allemand au 512th M.P. ( police militaire) en qualité d'interprètes.
Progressivement, les diverses compagnies prennent part à des missions dans le sud de la province de Luxembourg ainsi qu'au Grand-Duché de Luxembourg ( Bettembourg, Dudelange, Heiderscheid, Lellingen, Ettelbruck1 Clervaux, Echternach et Wasserbillig )
Le 10 mars, le 2ème peloton de la 3ème compagnie, passant par Bastogne, arrive à Lellingen, dans le Grand-Duché. Les combats ont été terribles pendant la bataille d'Ardenne. Les alentours du village sont jonchés de carcasses de chars et de camions carbonisés, le terrain est miné, le village est en ruines, vidé de ses habitants, les cadavres d'animaux sont éparpillés et pourrissent dans les prairies et dans la rivière, le sol n'est que cratères de bombes et d'obus. A peine descendu du camion, je découvre une bottine dont le pied dépasse, sectionné à la moitié du mollet…Chacun de nous essaie de trouver un endroit couvert pour
s'installer le mieux possible à l'abri du gel ou de la pluie, sans eau (elle est polluée), sans électricité.
Plus un brin de paille à trouver. Pour se chauffer, on est réduit à brûler quelques portes et décombres.
Pour manger, nous avons nos rations américaines. Notre mission est la garde du tunnel sur la voie de chemin de fer Bastogne - Luxembourg.

Le 12 mars, survient un accident grave au poste d'Alscheid, à 2 km de Lellingen, à la sortie du tunnel sur la voie ferrée, dans le poste du garde-barrière, où se trouve une de nos sections. Le V.G. Paelmans, dégoupille un grenade offensive dont les Allemands avaient enlevé la mèche (de 4 secondes) du détonateur, qui explose dans ses mains. Je me précipite avec la trousse de secours de notre section qui contient une vingtaine de pansements. A mon arrivée sur les lieux, je trouve mon camarade étendu sur le sol, les bras en croix, calme et souriant, fumant une cigarette que lui tient le V.G. Sallers. Paelmans me tend ses deux mains réduites en bouillie, je lui confectionne, à chaque main, un gant de boxe avec cinq pansements et ensuite, j'applique les dix autres pansements sur ses cuisses criblées d'éclats. Il est évacué sur l'hôpital n° 110 de l'Abbaye de Clervaux, il ne rejoindra jamais plus le bataillon et sera fait Chevalier de l'Ordre de Léopold Il avec palmes le 27 juin 1949.

Le 19 mars, la 3ème compagnie s'installe à Wasserbillig et occupe des postes dans cette ville et à Mandernach, Remich et Syren.
En face de nous, c'est la ligne Siegfried.

Le 25 mars, 2 instructeurs anglais dans 2 jeeps se présentent au commandant de la 3ème Cie: ils viennent chercher cinq V.G. qui se sont inscrits pour passer l'examen de parachutiste. Le sergent David, de mon peloton, me serre la main avant le départ, me dit qu'il est certain que je deviendrai un bon parachutiste et me souhaite bonne chance... Nous passons les examens durant toute la journée à Wiltz, dans une école. Les exercices étant terminés, nous rentrons dans la soirée à Wasserbillig et nous apprenons la terrible nouvelle.
Vers 15 heures, le sergent David et trois de nos camarades en reconnaissance sur les bords de la Moselle ont sauté, à leur passage, sur des mines d'infanterie. Le sergent grièvement blessé expire quelques instants plus tard; le soldat Jean Beraux a les deux jambes sectionnées au ras du bassin, il meurt sur le coup. Les soldats Geluyckens et Van Frachem sont gravement blessés. Ces derniers sont secourus par des démineurs américains se trouvant à proximité et évacués vers le 104th Field Hospital de Trêves. Le 27 mars, Geluyckens décède, Philippe Van Frachem, qui a reçu des éclats dans le dos, guérira.

Un mois plus tard, le bataillon traverse le Rhin à Mayence et prend part aux deux premières phases du grand " sweep " ( balayage) de la 3ème Armée Outre-Rhin. Le 11ème Fusiliers opère depuis Francfort par Hanau, Fulda, Bad-Hersfeld jusque Kassel.
Durant ces opérations, le bataillon a de fréquents accrochages avec des unités de la Wehrmacht ou de la SS bousculées par l'avance américaine.
De très nombreux prisonniers sont capturés à la mi-avril sur la Fulda et fin avril autour de Nuremberg.

Le 5 avril, le 3e Cie traverse le Rhin sur le pont '' Sunday Punch ", il fait 570 m de long et est constitué de bateaux pneumatiques attachés les uns aux autres et recouverts d'un tablier en planches supportant des poutrelles métalliques pour le passage des roues des camions et des chars.
Nous arrivons à Bad Hombourg, charmante ville d'eaux située à 20 km de Francfort-sur-le-Main. Elle n'avait pas souffert de la guerre. Nous sommes logés dans les hôtels, chaque homme a son lit et une salle de bains. Quel bonheur et bien-être après les conditions pénibles que nous avons vécues dans les Ardennes, le Grand-Duché et la Westphalie! Cela ne dure pas longtemps car les grandes unités américaines foncent sur les grands axes, vers le nord, par l'autoroute vers Kassel. Toutes les bandes de circulation étaient occupées par les camions pour avancer plus vite dans un seul sens, la berme centrale servait au retour des prisonniers allemands vers l'arrière. La région est montagneuse et couverte de forêts. Les V.G. du île Fus. sont échelonnés le long du chemin de fer allant de Francfort à Kassel prise par les Américains après 4 jours de très durs combats à Haanu, Fulda et Bad Hersfeld.
Le Général Patton, installé à Hersfeld, déménage son Quartier - Général à Erlangen, au nord de Nuremberg.
Un certain nombre de troupes allemandes se sont réfugiées dans les bois, le long des axes et menacent nos convois. L'avance excessivement rapide de la 3ème Armée pose de graves problèmes, les limites d'armées n'étant plus respectées sur le terrain, Patton adaptant sa tactique aux circonstances du moment, sans se soucier des plans préétablis, fonce. On y remédia, en partie, en transportant le carburant par air, un champ d'aviation situé à Limburg recevait des DC3 et DC4 à raison de 60 avions à l'heure, chacun transportant 115 jerrycans de 5 US. gallons (19 litres), soit plus de 131 000 litres à l'heure. Patton décida de remettre en ordre de marche certaines lignes de chemin de fer pour faciliter le ravitaillement de ses grandes unités, tout cela devait être protégé comme dit plus haut.

Le 19 avril, le major adresse à toutes les compagnies l'avis suivant: "Objet: Sécurité" : 60 membres d'un bataillon allemand commandé par Skorzeny attaquent les soldats alliés isolés et les petites unités pour s'emparer des papiers d'identité, passeports, et insignes.
Ce même 19 avril, autre note: " Objet : Missions " de la 5ème compagnie, renforcée par un peloton de la 3ème compagnie, sera mise en service auprès du Q.G. de la 3ème Armée afin d'assurer la sécurité du Général Patton.

Le 8 avril, la 3ème Cie occupe un poste de garde radio au sommet de la Hill, colline de 880 m au Grospel Felberg ( 20 km de Francfort ) et un autre poste de garde à Wisserscheim à 100 km du Feldberg. Nous sommes sur la colline 456 à 5 km de Bad-Hersfeld, lors de l'installation de ce poste, nous avons une escarmouche avec cinq allemands que nous mettons en fuite, l'ennemi abandonnant sur le terrain deux armes antichars.

Le 9 avril, nouveau contact avec l'ennemi, il semble que les bois abritent des troupes ennemies qui ne veulent pas se rendre. Nous décidons de ratisser les environs et nous découvrons dans la forêt profonde des cabanes en rondins de sapins, encore remplies de paille dans laquelle ont dormi une cinquantaine d'Allemands.

Le 14 avril, le Général Patton coupe le ruban d'un nouveau pont sur le Rhin d'un coup de baïonnette.

Le 15 avril, nous occupons deux postes à Rotenkirchen (23 km de Fulda) et également un poste de protection de radio à mi-chemin entre Kassel et Eisenach.
La mission des postes de garde radio consiste à assurer la défense de 5 à 6 techniciens installés sous tente avec tout le matériel émetteur et récepteur de Signal Corps de la 3ème Armée. Ils sont situés sur des collines complètement isolées à 200, 500, 800 et 1000 m d'altitude. Cette protection est assurée par une section de fusiliers placés aux quatre coins du campement. Durant cette période, 22 engagements avec l'ennemi ont
été opérés, pour l'ensemble des 5 compagnies, 20 fusiliers ont été cités à l'ordre du jour, également deux M.P.. Pendant cette période de notre progression en Allemagne, nous libérons des centaines de prisonniers de toutes les nationalités et surtout des Belges, qui sont effarés de rencontrer tant de leurs compatriotes sur toute la longueur du front.

Prestations du 11ème Fusiliers entre le 5 et 30 avril ,après la traversée du Rhin.

- Le 17 avril, à Blankenheim, la patrouille du sergent A.Borne fait 2 prisonniers et récupère 2 mitrailleuses, à Bebra, une autre patrouille fait 3 prisonniers.
- Le 20 avril, la patrouille du sergent Brech fait 4 prisonniers, une autre, 11.
- Le 23 avril, 2 "souris grises" de la Luftwaffe, le 24 et 25, 6 prisonniers
- dans la nuit du 23 au 24 avril, le poste d'Odensachsen situé en plein bois est attaqué par des ennemis supérieurs en nombre, le caporal Victor Leclerq repousse l'ennemi, il sera décoré de la " Bronze Star Medal";
- Le 15 avril, au poste Neuhoff Oppertz, le caporal de Meeus et Jacques Delmoitié sont cités à l'ordre du jour du bataillon pour avoir empêché une voie ferrée de sauter.;
- dans la nuit du 24 au 25 avril, à Schluchtern, 10 km plus au sud, se trouve un tunnel, long de 3.5 km.

Le sous-lieutenant Wouters et le sergent D'Aoust, avec leur peloton, repoussent une attaque ennemie à 150 m de l'entrée, ils sont attaqués au fusil mitrailleur, l'ennemi sera stoppé à 10 m de l'entrée; le capitaine Yernaux capture sur la Fulda, à l'est de Nuremberg, 10 militaires ennemis dont un officier SS;
Le lieutenant A. Renson a repoussé les attaques contre des postes radio, faisant 50 prisonniers;
Le caporal Roger Laeremans et les soldats Jacobs et Paelgrims ont capturé 6 SS armés à l'est de Nuremberg;
Le 1er sergent Kisteman fait 15 prisonniers dont un capitaine SS, un lieutenant et un espion;
Le caporal E.Gallez a capturé un espion avec son matériel de transmission.
Les soldats Beckers et Vanminnenbruggen ont repoussé une attaque de nuit visant la destruction de postes radio.
Nous avons opéré dans une cinquantaine de postes au Grand-Duché et dans une vingtaine en Allemagne jusqu'au nord de Nuremberg, à 194 km de Puzen.
Le 29 avril, Regensburg (Ratisbonne) est occupée par la 3e Armée.

Le 1er mai, toutes les compagnies sont rassemblées à 8 km de Wurzburg. Elles embarquent dans un train de marchandises, le train prend le départ à 21 heures. Commence alors une aventure qui laissera un souvenir impérissable à tous ceux qui l'ont vécue! Nous sommes dans l'ignorance totale du but de ce long périple, c'était un "train fou".
Par Wurzburg, Aschaffenburg, Hanau, l'on traverse Francfort am Main le 2 mai et le soir même on traverse le Rhin à Mayence. Après avoir atteint Bingen, on redescend vers le sud-ouest, on passe à Bad-Kreuznach et on s'arrête à Odernhein / Glan le 3 mai, puis l'on continue vers Saarbrùcken et Metz (France), on arrive le soir à Thionville où l'on nous distribue 3 jours de rations " Ten in One", nous passons la nuit en gare de Thionville. Alors, notre voyage s'infléchit vers le nord. Le 4 mai, nous traversons le Grand-Duché pour entrer en gare d'Arlon. Notre train fantôme gagne Ciney par Jemelle et le 5 mai nous remontons vers Liège et Verviers. L'épisode le plus comique, se situe ici: profitant du ralentissement du train, l'on vit des V.G. sauter en bas des wagons et rentrer chez eux. L'inventaire de ces déserteurs nous montre qu'ils furent 40 au total. Ils nous rejoindrons quelques jours plus tard.
De Verviers, le train continue sur Aix-la-Chapelle, Dûren, puis redescend vers Euskirshen, Bonn, Remagen et atteint le 5 mai Andernach, se destination finale.
Les conditions dans lesquelles s'est déroulé ce voyage sont invraisemblables; on ignorait la durée des arrêts, ceux qui en profitaient pour satisfaire un besoin naturel devaient courir en se tenant le pantalon, pour sauter dans les wagons au moment où le train redémarrait.
Les nuits furent pénibles, les parois et le plancher des wagons étaient troués et n'offraient que peu de protection contre le froid, le pire était les freins des wagons qui étant sabotés ne fonctionnaient plus, la nuit, à chaque arrêt de la locomotive, les wagons s'entrechoquaient dans un bruit assourdissant. Heureusement que l'un de nous avait eu la bonne idée, avant le départ, de charger un tonnelet de "Schnaps" sur lequel était fixé un tuyau de caoutchouc, ce qui nous permit de dormir profondément la nuit.

Conclusion: kilométrage total parcouru durant ces 96 heures et demie: 885 km, la moyenne horaire est donc inférieure à
11 km/heure. Le même trajet, de nos jours durerait moins de 4 heures pour un kilométrage total de 291 km.

Le 8 mai 1945: capitulation allemande: feu d'artifice! Nous avons épuisé notre stock de fusées de toutes couleurs. La 3ème compagnie s'installe à Ochtendung, à 20 km à l'ouest de Coblence. Elle garde des dépôts de munitions. Un nouveau drame survient. Le soldat V.G. Félicien Baes, de Jodoigne, est grièvement blessé par un coup de feu tiré accidentellement par un de ces camarades le 18 mai, il décède le 19.

Le 1er juin, nous quittons Ochtendung pour nous installer à la caserne de Beurig (Saarburg), dans la vallée de la Sarre.

Le 7 juillet, le V.G. Jacques De Ruyscher est blessé par l'explosion d'une caisse d'obus de mortier, rapidement évacué vers l'hôpital de Trêves, il décède durant le trajet.

Le 13 juillet, nous rentrons au pays. Le 11ème Fus. a participé aux opérations durant cinq mois exactement.

Le 14 juillet, nous arrivons à Bourg-Léopold, nous y restons 3 jours, le 18, les camions nous transportent à Hasselt où nous défilons le 21 juillet, notre première Fête Nationale retrouvée.

Le 26, nous débarquons en gare d'Oostkamp, il s'agit d'assurer la garde des P.O.W. (prisonner of war ) - prisonniers de guerre - situé à Zedelgem.

Le 10 août 1945, le bataillon reçoit le certificat de mérite qui nous est attribué par le Général
Dwight D.Eisenhower, Supreme Commander.

Le 9 septembre, la 3e compagnie est envoyée à Ostende, en séjour de repos jusqu'au 29 septembre.
Le 1er octobre 1945, je suis démobilisé.

P.Vandenbroucke


d'après le récit de
Jean DEMAURY Volontaire de Guerre, matricule 310 au 11ème Bataillon de Fusiliers.
Citoyen de Rebecq depuis 1977.
paru dans le livre "Rebecq Souviens-toi"
édité par l'a.s.b.l. "Rebecq Remember" en 1994
 
 
Note: 4.5
(2 notes)
Ecrit par: prosper, Le: 28/05/11


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Bonjour ,
merci pour le récit et pour l'intérêt que vous portez envers les articles de ce site.
Cordialement
Prosper
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Excellent récit !
Mon père était également dans le 11è bataillon, je pense dans une Compagnie attachée au HQ d'après les marquages sur un Bren Carrier et je possède un quarantaine de photos prises pendant leur progression en Allemagne.
Comme celle-ci, montrant une halte chenillettes.

Mon père à également laissé des notes mais moins précises que celle-ci.
Merci d'avoir publié ce petit trésor.

 
 
 
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