Officier-Aviateur LEON DIVOY

Léon Divoy est né à Oisy près de Bouillon, le 18 février 1916 et est décédé à Uccle, le 7 février 1977.





Après avoir effectué ses humanités au petit séminaire à Bastogne, suivi d’une année de spécialisation en mathématiques à Malonne, Léon Divoy entre le 1 mars 1938 à l’Ecole de pilotage de l’Aviation militaire à Wevelgem et en sort avec le brevet de pilote militaire, le 26 mars 1939.
Première affectation: la 3ème escadrille d’observation à Tirlemont.
Détaché à l’École d’Armes à Brasschaat en vue d’une promotion au grade de sous-lieutenant, Divoy rejoint son unité le 10 mai 1940. Il participe à des missions d’observation au cours de la campagne des 18 jours
Au moment de l’armistice français, Divoy est en France, près de Tours. Il rejoint la Belgique avec son unité.
Comme plusieurs de ses compagnons d’armes, Léon Divoy souhaite continuer la lutte contre l’agresseur. Pour rejoindre l’Angleterre, il imagine une solution pour le moins originale: ce sera par les airs.
Avec l’aide de son compagnon de promotion, Mike Donnet, et de nombreux bénévoles oeuvrant dans la clandestinité, Léon Divoy parvient à remettre en état de vol un SV-4. Cet appareil a été remisé par son propriétaire, le baron Thierry d’Huart, dans un hangar près de son château de Ter Block, dans la forêt de Soignes
Dans la nuit du 4 au 5 juillet 1941, à l’insu de son propriétaire, et bien que la propriété soit occupée par les Allemands, Léon Divoy et Mike Donnet parviennent à décoller après maintes péripéties, de la prairie du château. Ils atteignent les côtes anglaises et atterrissent dans un champ, à Thorpe-le-Soken (Essex). Ils ont réussi leur évasion et ce faisant, ils ont écrit une des plus sympathiques et courageuses histoires de l’aviation militaire belge.



Le récit de son évasion par les airs:

Pour Léon Divoy, de retour en Belgique, après la capitulation, c’est le désœuvrement. Plusieurs de ses compagnons continuent la lutte en Angleterre au sein de la Royal Air Force.
Pour rejoindre l’Angleterre, il cherche une ligne d’évasion, mais ceci s’avère difficile en 1941. Aussi songe-t-il à construire un avion, à partir d’un moteur Gnôme et Rhône en sa possession. Mais il lui manque l’hélice. Depuis 1941, il est en contact avec Mike Donnet, un compagnon de promotion. Ils se rencontrent régulièrement. Toujours à la recherche d’une hélice, Divoy apprend par hasard à Bruxelles par le comte Élie d’Ursel, pilote de la 5e escadrille à Nivelles, que son cousin le Capitaine aviateur de réserve Thierry d’Huart possède un SV4 (Stampe-Vertongen, avion d’école de fabrication belge). Pendant la mobilisation, cet appareil a servi comme avion de liaison et est donc en parfait état de vol. Son propriétaire l’a remisé dans un hangar près de son château de Terblock, au lieu dit Notre-Dame de Bonne Odeur, commune d’Overijse. Lui-même séjourne en Ardennes, son château ayant été réquisitionné par les Allemands.
Le soir même de cette rencontre providentielle avec le comte d’Ursel, Divoy contacte son ami Michel Donnet et c’est ensemble qu’ils ébauchent un plan d’action. Deux jours plus tard, Donnet, son frère Marc et deux amis, les frères Valcke se rendent sur place pour une première reconnaissance. Le hangar fermé à clé et cadenassé se trouve à moins de 300 m du château et les Allemands occupent effectivement les lieux…
Á l’aide des empruntes des serrures, des clés sont confectionnées. Quelques jours plus tard Divoy et Donnet se retrouvent dans la propriété de Terblock. Ils parviennent à pénétrer dans le hangar et découvrent un splendide appareil aux cocardes belges. Malheureusement, Thierry d’Huart a pris la précaution d’ôter tous les instruments de bord. Qu’à cela ne tienne, leur décision est prise : ils s’évaderont avec cet appareil. Encore faut-il trouver des instruments et surtout, du carburant…
C’est le début d’une aventure qui va durer trois mois et nécessite une quinzaine de visites nocturnes au hangar. La coopération est parfaite et l’équipe Divoy-Donnet est complémentaire.
Léon Divoy se met en chasse pour trouver des instruments et après quelques jours de recherche prudente, il met la main sur un altimètre d’alpinisme, chez un opticien de Saint-Gilles. Peu après, il achète un superbe compas de navigation marine ainsi qu’une boussole de voiture pour le copilote.
Avec l’aide d’un ami pharmacien, il confectionne un indicateur de pente (variomètre) et un indicateur de virage.
Son oncle, électricien à Ixelles, monte le tout sur deux panneaux qui constitueront un tableau de bord de fortune. Léon Divoy parvient de plus à modifier un silencieux de voiture pour le monter sur l’appareil. Il bricole un indicateur de vitesse à l’aide d’une planchette et d’un ressort à boudin et le teste sur la voiture d’un ami.
De son côté, Michel Donnet n’est pas resté inactif. Grâce à ses relations aux « Secours d’hiver » et avec la collaboration d’un caporal allemand, il réussit à détourner cent litres d’essence avion, puisés dans les réserves de la Luftwaffe.
Après plusieurs faux départs, le premier dû au vol du carburant et au fait que les Allemands méfiants aient changé le cadenas, le second faux départ, par erreur de manipulation des conduites d’essence, ayant rendu impossible le démarrage du moteur, l’envol réussira finalement dans la nuit du 4 au 5 juillet 1941. Le succès de leur évasion sera en grande partie dû à l’aide efficace de « Miche » Janssen que Divoy avait contacté après le vol de l’essence. Cet officier-aviateur de réserve, ingénieur en chef chez Traction Electricité, s’était dès septembre 1940, investi dans la résistance.
En trois semaines, il parvient à trouver 200 litres d’essence de véhicule, à les distiller pour en faire du carburant avion, et à les transporter dans sa voiture jusqu’à proximité du hangar.
Enfin, le 4 juillet, il conduit Divoy et Donnet à Ter Block et les accompagnent jusqu’au hangar. C’est encore lui qui lance le moteur après avoir confié du courrier pour les autorités britanniques, entre autres des plans et photos de tous les aérodromes allemands en Belgique.
A deux heures quarante du matin, le SV4 de Thierry d’Huart, le moteur à peine démarré, décolle de la pelouse du château avec Léon Divoy aux commandes. L’avion frôle les hautes branches d’un arbre en bout de plaine. Le terrain était vraiment petit. Cap 300 degrés vers la liberté, vers l’Angleterre.
Ce récit, Léon Divoy l’a publié 25 ans plus tard dans un livre intitulé "Cap 300", préfacé par un autre grand monsieur de l’aviation belge, Willy Coppens d’Houthulst.
Après 2 h 40 de vol et beaucoup d’émotions dues à plusieurs ratés du moteur (givrage, saletés dans l’essence, ils ne l’ont jamais su), le petit biplan se pose dans un champ, à Thorpe-le-Soken, près de Clacton-on-Sea, dans le comté d’Essex.




L'itinéraire de l'évasion





Le SV-4 peu après l'arrivée



Nommé Pilot Officer à la RAF le 26 juillet 1941, Divoy est versé après six semaines d’OTU (Operational Training Unit) à Heston près de Londres, dans une escadrille opérationnelle: le 64 Squadron, stationné en Ecosse près d’Edimbourg.
Début novembre, le 64 Squadron se déploie à Hornchurch, aux portes de Londres.
Le 8 décembre 1941, Divoy effectue sa première mission opérationnelle.
Le 4 avril 1942, il est contraint de sauter de son appareil au dessus de la France, dans la région de St-Omer, à la suite d’une collision avec un autre Spitfire. Fait prisonnier par les Allemands, il passera près de trois ans d’incarcération en Silésie.
Lors de sa libération par les troupes britanniques, début mai 1945, Divoy s’empresse de rejoindre Londres.




Sources Bibliographiques:
Michel Donnet, Les aviateurs belges dans la RAF, Bruxelles, Ed Racine, 2006
Michel Donnet, J’ai volé la liberté Collection : Vécu par les Belges. Editions J.M. Collet B 1420 Braine L’Alleud
Source Internet:
http://www.vieillestiges.be/fr/rememberbook/contents/30
Source iconographiques:
Article de M. Wandl et G Wuydts dans :
http://www.vieillestiges.be/fr/rememberbook/contents/30