Le réseau Benoît en zone nono (Zone non occupé en France)

Le service d'évasion et de renseignements Benoît est constitué à l’automne 1940 en France libre par des militaires belges qui avaient abouti là suite au plan militaire prévoyant le transfert de tous les organismes d'approvisionnement de l'armée dans le sud de la France. Rien n'avait été prévu en cas de capitulation de l'armée française. Après l'effondrement de la France, commence une période d'errements et d'hésitations. Toutefois, un certain nombre d'entre eux sont résolus à continuer la guerre aux côtés des Anglais. Le chevalier Frédéric de Selliers de Moranville est capitaine de Cavalerie. Après la capitulation française, il devient l'adjoint du général Delvoie à Vichy.
Lorsque ce dernier est approché par un émissaire envoyé par le consul général de Belgique à Barcelone en vue d'organiser une ligne d'évasion vers la Grande-Bretagne via la péninsule ibérique, il envoie le capitaine de Selliers pour exécuter cette mission. Les bases de Benoît sont jetées le 29 décembre 1940 et Frédéric de Selliers en prend la direction sous le pseudonyme de Friquet ou de Benoît.
Le 20 janvier 1941, Frédéric de Selliers se rend en Belgique pour y nouer quelques contacts avec des officiers qui rassemblent des militaires et d'autres mouvements précoces de résistance qui cherchent des moyens de liaison avec Londres. Étienne Verhoeyen le qualifie dès lors de "premier agent de la Sûreté de l'État, même s'il ne venait pas de Londres, à avoir des contacts avec des Belges s'occupant d'activités de renseignements d'évasion". Frédéric de Selliers est de retour en France le 8 février. Il organise la filière et se trouve un remplaçant qu'il signale à Londres le mois suivant. Fin mai 1941, Frédéric de Selliers est arrêté deux jours par la police de Vichy à Perpignan. Il est temps de partir. Il passe en Espagne le 4 juin mais y est de nouveau arrêté. Libéré de Miranda le 18 septembre 1941, il arrive en Grande-Bretagne via le Portugal le 8 janvier 1942. Il s'engage dans la Brigade belge avec laquelle il participera à toutes les campagnes de Normandie, de Belgique et des Pays-Bas comme commandant de la 1st Belgian Armoured Squadron, l'escadron des Autos blindées.
Gérard Vinçotte est un petit-fils du sculpteur Thomas Vinçotte qui a été anobli en 1921 et un fils du lieutenant-général baron Jules Vinçotte, ancien combattant et prisonnier de la Première Guerre. Gérard, qui est né en 1920, suit les traces de son père et embrasse la carrière militaire. Lors de la campagne de mai 1940, il est élève de seconde à l'ERM. Gérard Vinçotte et Gaston Van Buylaere, un de ses amis de l'ERM (Ecole Royale Militaire), lui aussi fils d'officier, décident "d'éveiller chez leurs camarades de promotion l'esprit de patriotisme et de résistance sous toutes leurs formes".







Ils organisent des réunions clandestines auxquelles ils convient principalement des condisciples. Lors de ces réunions, qui débutent en été 1940, ils leur distribuent des questionnaires types en leur demandant d'y consigner tous les renseignements pouvant intéresser les Alliés. Le frère de Gaston, Albert Van Buylaere, qui assiste à certaines de ces réunions, travaille pour Benoît. Il est probable que les renseignements rassemblés par ce petit groupe d'élèves de l'ERM ont transité par cette voie. Gaston Van Buylaere et ses parents sont arrêtés par la GFP le 8 octobre 1941. Vinçotte, qui est coupé du Renseignement se tourne vers la résistance armée. Inscrit dans la même école de formation d'ingénieurs, que Georges Terlinden , il l'y retrouve régulièrement et lui confie qu'il rassemble des armes. Bien qu'ayant tous les deux des activités dans la Résistance, Terlinden n'apprend que peu de détails sur celles de son ami, si ce n'est qu'il a fondé, avec Van Buylaere, une "section (de résistance) de l'ERM".
Gérard Vinçotte est arrêté à son domicile par la Feldpolizei le 31 mars 1942. Il vient d'avoir vingt-deux ans. Une perquisition de la maison du général Vinçotte ne livre aucun résultat. Gérard est néanmoins conduit à la prison de Saint-Gilles, car il est l'un des suspects de la ‘’Sache Robert Pianet’’, que les enquêteurs allemands relient à l'affaire Van Buylaere. Robert Pianet est également élève à l'ERM et un ami de Vinçotte, mais il dirigeait, selon Terlinden, un autre noyau de résistance de l'école militaire, vers lequel Vinçotte s'est peut-être tourné après sa perte de contact. Robert Pianet est incarcéré depuis le 21 février 1942 et soupçonné ‘’d'activité commune avec Van Buylaere et de recrutement pour la résistance armée’’. Vinçotte et Pianet sont déportés en Allemagne le 27 juillet 1942 et condamnés, faute de preuves, plus de deux ans plus tard pour non-dénonciation du service de renseignements Van Buylaere’’. Gérard Vinçotte, transféré de prison en prison (notamment au kommando d'Esterwegen, la forteresse de Gross-Strehlitz ), arrive en octobre 1944 au camp de concentration de Gross-Rosen. Épuisé par les travaux forcés et la maladie il y expire le 30 novembre 1944 en murmurant "vive ma patrie".

Source Bibliographique et iconographique:
Ouvrage de M-P d’Udekem d’Acoz, "Pour le Roi et la Patrie"