Henri Delincé au Fort d’Eben-Emael.

Le 31 janvier 1940, Henri Delincé, âgé de 19 ans, entre au fort d’Eben-Emael pour un service militaire de 17 mois. Il va rejoindre le fort avec le tram de Liège, Bassenge et Kanne.
A partir de ce jour, il fera partie des 1200 hommes de la garnison.
Il lui est attribué le n° matricule 2907648.
Le début de l’instruction se fera au cantonnement de Wonck.
Après avoir passé 6 semaines consécutives à Wonck, il passera alternativement 1 semaine au fort puis 1 semaine à Wonck, suivie d’une semaine au fort et ce jusqu’au 10 mai 1940.





Le gouvernement belge, pour repousser toute attaque venant d’une Allemagne menaçante et ayant soif de vengeance, élabora des projets de construction défensive d’un ensemble de six nouveaux forts d’un nouveau type et d’une conception moderne.
Le fort d’Eben-Emael était l’une de ces fortifications. On commença la construction le 1er avril 1932 et le gros de l’œuvre fut terminé fin 1935. A partir de ce moment, on a commencé l’armement du fort qui a été opérationnel en 1940.
Mais à la guerre, l’aération du fort était ou partiellement en construction, ou partiellement en transformation, ce qui a provoqué des ennuis très graves lors des hostilités.
Ce nouveau fort, fleuron de la défense belge, faisait donc partie d’un projet de réalisation de construction défensive d’un ensemble de six forts qui devait assurer la défense de la ville de Liège. Pour protéger Liège et les environs, cinq nouveaux forts devaient compléter Eben-Emael : Aubin-Neufchâteau, Battice, Tancrémont, Comblain-au-Pont, Remouchamps.
Ayant estimé la dépense trop élevée, Comblain-au-Pont et Remouchamps furent abandonnés. En lieu et place, on décida de supprimer quatre des anciens forts de 14-18 (Loncin qui était devenu une nécropole nationale, Hollogne, Lantin et Liers) et de réarmer les huit autres (Barchon, Evegnée, Fléron, Embourg, Chaudfontaine, Boncelles, Flémalle, Pontisse). Les forts déclassés serviront de dépôts pour les réserves de munitions pour la position fortifiée de Liège (PFL).
Pendant l’année 1939, le nommé Henri Delincé reçut une convocation pour se présenter au Palais des Princes Evêques de Liège afin de comparaître devant une commission composée de médecins militaires pour le juger oui ou non apte pour effectuer son service militaire.
Le bureau militaire lui a demandé dans quel régiment il souhaitait effectuer son service.
Henri Delincé, attiré par le bel uniforme des lanciers fut inscrit dans ce régiment.
La maman d’Henri, qui était une femme de caractère, souhaitait que son fils effectue son service militaire au fort d’Eben-Emael, se rendit chez le bourgmestre du village de Houtain-Saint-Siméon pour obtenir sa désignation pour le fort d’Eben-Emael. Elle demanda également et l’obtint que la date de l’entrée au fort soit ajournée d’un an en raison du décès de son mari et que le frère de Henri était trop jeune pour travailler à la ferme et au champ, de ce fait avait besoin de Henri à la ferme pour effectuer les travaux.
Le bourgmestre fit donc toutes les démarches nécessaires et il obtint l’ajournement d’un an.
A l’âge de 19 ans, Henri rentre au fort d’Emael le 31 janvier 1939 pour midi.
Le lendemain de son entrée, il reçut, comme ses nouveaux compagnons, la fameuse piqûre contre les maladies avec une exemption de service pendant 48 heures.
Pendant cette exemption, il reçut son équipement militaire comprenant linge de corps, pantalons, veste, pull, bavette, capote, chaussures, ceinturon, havresac, besace, gourde, gamelle, couverts, bonnet de police ; par la suite, casque, cartouchière avec cartouches et carabine, masque à gaz, couverture. Henri n’ayant pas trouvé de casque adapté à sa tête, il fit le déplacement à la caserne Fonck à Liège, qui était le siège du 3e d’artillerie de campagne et également le lieu de résidence de l’état-major du régiment de forteresse de Liège.
Après avoir été revêtu de l’uniforme militaire, il a commencé l’école à pied (apprendre à marcher au pas et manœuvrer en rang) ; on lui a appris à saluer, à reconnaître les grades des sous-officiers et officiers, le maniement de la carabine.
Après 6 semaines d’instruction intensive à Wonck, Henri a été désigné pour la seconde batterie sous les ordres du capitaine Hotermans.
A partir de ce moment, il a passé une semaine de fort, la semaine suivante au cantonnement de Wonck. Dès cet instant, il reçut l’instruction pour l’usage des grenades, fusils mitrailleurs, mitrailleuses et canons anti-char de 60 mm.





Le fort d’Eben-Emael était commandé par le major Jottrand qui était secondé par le commandant Van der Auwera, le capitaine Hotermans, les premiers chefs Lecran et Debarcy.
Le fort disposait de toutes les commodités, c'est-à-dire cuisine, infirmerie (transformée en hôpital de campagne à la guerre), lavoirs, douches, salles de désintoxication, coiffeur et barbier ; les chambres pour officiers, sous-officiers et soldats, atelier de réparations comprenant : armuriers, mécaniciens, électriciens, menuisiers ; mess des officiers, bureau administratif du commandant, latrines, cachots, morgue, magasin à munitions, magasins d’habits, citerne à mazout, un puits d’eau potable.
Enfin le fort disposait d’une salle de machines qui contenait 6 moteurs Carels de 175 chevaux chacun entraînant une génératrice permettant de produire l’électricité et la force motrice nécessaire au bon fonctionnement du fort.
Les moteurs étaient refroidis à l’eau ; l’eau chaude récupérée servait pour les douches et pour le chauffage du fort.
A l’étage intermédiaire du fort, on trouvait le bureau de tir du commandant, ensuite 3 bureaux de tir pour les casemates et le bureau de tir pour les petites armes reprenant fusils mitrailleurs, mitrailleuses, canons anti-char de 60 mm
Il avait un central téléphonique, un central radio et enfin deux chambres à filtres pour lutter contre les attaques chimiques ou gazeuses.
Un ascenseur, des monte-charges permettaient de monter les munitions dans les différents ouvrages. Sur l’esplanade du fort en bordure de ce dernier, il y avait deux grands baraquements en bois qui servaient en temps de paix de casernement de temps de paix ; ceux-ci comprenaient un bureau administratif, chambres troupes, cantine, cachots.
Les 1200 soldats qui formaient la garnison du fort étaient scindés en deux parties à l’exception de 200 hommes qui comprenaient les officiers, certains sous-officiers spécialisés, le personnel d’entretien, le personnel médical qui restaient en permanence au fort.
500 hommes étaient pendant 1 semaine de service au fort pendant que les 500 autres étaient en repos au cantonnement de Wonck distant de 5 km du fort.
Avant la suppression des permissions, il était accordé aux soldats n’étant pas sanctionnés par des punitions ou des services à remplir à la garnison une permission de 24 heures du samedi au dimanche soir. La vie au fort d’Eben-Emael avant le 10 mai 1940 se déroulait paisiblement.
Le matin à 4 h 45, le trompette sonnait l’appel au rassemblement ; à 5 h, les soldats devaient se trouver dans la cour pour la tenue d’inspection des premiers chefs soit Lecrou ou Debarcy, ce dernier était le plus sévère. Après le rassemblement et en période d’hiver, les hommes allaient prendre leurs repas à la cantine du baraquement ; durant les beaux jours, ils étaient autorisés à manger à l’extérieur.
Le fort envoyait environ toutes les 6 semaines au tir de la citadelle une soixantaine d’hommes dont le soldat Henri Delincé de la deuxième batterie faisait partie pour effectuer un tir soit à la carabine ou au fusil mitrailleur sur la distance de 100 mètres.
Ces soldats prenaient le tram à Eben-Emael en face du fort qui les conduisait jusque place Saint-Lambert. Les soldats équipés en tenue de campagne (carabine, casque, havresac, besace, masque à gaz, cartouchière) gagnaient la citadelle de Liège en partant de pied en rang par quatre et en marchant au pas par la rue Pierreuse jusqu’au stand de tir.
Le soldat Henri Delincé devait également effectuer des services de garde de 24 heures pour la surveillance d’endroits ou de lieux importants (l’entrée du fort, les 2 extrémités de la tranchée de Caster, les ponts minés, etc)
Le major Decaux demanda l’autorisation à ses supérieurs pour creuser des tranchées sur les hauteurs du fort ; que le massif du fort soit couvert de lignes de fils de fer barbelés et y installer des batteries de canons antiaériens ainsi que des nombreuses mitrailleuses pour interdire ainsi l’accès du massif. Sa demande ayant été refusée, il s’adressa à l’échelon supérieur ; en réponse, il fut muté et remplacé par le major d’infanterie Jottrand. Ce dernier est arrivé seulement quelques mois avant le 10 mai 1940
Après ce changement d’autorité, les jours suivants se déroulaient dans une attente d’une prochaine agression venant de l’Allemagne menaçante, mais on ignorait le moment quand cette tragédie qui allait frapper une seconde fois la Belgique.
Le soldat Henri Delincé étant de garde au pont du Geer fut rappelé.au fort par haut-parleur ; il fut envoyé en mission à la ville de Visé pour porter une dépêche sous enveloppe scellée et à la remettre au chef de gare lui-même.
Pour accomplir cette mission, Henri à l’aide d’un vélo militaire du fort a emprunté la montée du Thier d’Eben pour ensuite redescendre sur Hallembaye, traverser le village de Haccourt pour passer sur les ponts du canal Albert et de la Meuse et ainsi arriver à la gare de Visé, remet au chef de gare la missive. Ce dernier ouvre l’enveloppe et signale au soldat Delincé que ce message disait qu’il fallait faire rentrer un officier au fort d’Eben-Emael avant son départ.
Le chef de gare révéla à Henri Delincé que la guerre était pour cette semaine en lui recommandant de garder cette révélation pour lui. Il lui conseilla en partant au fort que s’il avait des objets de valeur sur lui d’aller les déposer dans sa famille.
Suite à ce conseil, Henri repartit par Hallembaye pour gagner Houtain-Saint-Siméon pour ainsi déposer son portefeuille, sa montre et sa petite chaîne d’or.
En arrivant à Houtain, il aperçut un officier qui arrêtait les soldats en chemin, il contourna l’officier par un autre chemin.
Passant devant l’église de Houtain, il aperçut sa future femme (Annette Joseph 19 ans), qui n’était pas encore sa fiancée, cette dernière accompagnait sa cousine (Mariette Godin âgée de 12 ans) qui faisait sa communion solennelle ce jour-là.
Sans rien dire de la mauvaise nouvelle qu’il venait d’apprendre à la gare de Visé, Henri Delincé repartit pour le fort d’Eben-Emael, il était alors le premier dimanche de mai, jour des communions solennelles à Houtain.
Arrive ensuite le 10 mai 1940, le jour où se produit l’agression allemande contre la Belgique et l’attaque du fort d’Eben-Emael qui défendait le nord de la région liégeoise.
Ce dernier fut surpris en flagrant délit de préparation. A 1 h 30 du matin, le soldat Henri Delincé étant de garde au pont du Geer accompagné par un second soldat du fort, aperçut dans le lointain limité par l’obscurité ce qu’il croyait être des gros oiseaux ; mais en réalité, c’étaient des chasseurs bombardiers Stuka précédant 11 avions Junkers remorquant des planeurs.
Chaque planeur suivant la charge qu’il transportait avait 7 à 9 aéroportés à bord.
Les sirènes d’alerte du fort furent immédiatement déclenchées lorsqu’ils furent aperçus par les observateurs se tenant dans les cloches d’observation du fort. A ce moment le haut-parleur du fort se fit entendre autorisant le soldat Henri Delincé et son camarade d’abandonner leur point de surveillance et de rentrer au fort. Entendant cet ordre de rappel, au pas de gymnastique, ils rentrent au fort.
Pour leur permettre de rentrer dans le fort, la grille principale fut ouverte et immédiatement verrouillée ; on éclipsa le pont qui mettait à jour une fosse de 4 mètres de profondeur sur une largeur de la galerie. Après cette fosse. il y avait un double sas blindé et à côté de celui-ci un fusil mitrailleur pour défendre l’entrée du fort.
Le soldat Henri Delincé se dirigea à la hâte vers le bloc VI et rejoignit son poste de combat à l’un des deux canons de 60 mm; il attendit les ordres de tir de son chef de bloc, le maréchal des logis Gaston Degrange.
Pendant que Henri Delincé effectuait le parcours pour rejoindre son ouvrage, une escadrille de chasseurs bombardiers Stuka bombarde le fort.
Dans les secondes qui suivent, 9 des 11 planeurs prévus par les Allemands pour attaquer le fort atterrissent sur le fort, le 10° planeur se posera environ 2 heures plus tard (ce dernier ayant décroché son câble de remorquage prématurément. Quant au 11°, il n’arrivera jamais.
Les défenseurs du fort ignorant l’existence des fameuses charges creuses que les Allemands déposèrent sur les cloches d’observation, les coupoles, aux embrasures des canons des casemates et enfin contre les portes blindées des ouvrages, occasionnant des dégâts importants et irréparables avec comme conséquences 28 tués et 64 blessés parmi nos camarades.
La cloche d’observation du bloc IV qui permettait une vue panoramique importante sur le massif du fort, qui était le poste de combat du soldat Henri Furnelle, fut fondue et transpercée par une charge creuse, causant une mort effroyable à mon camarade, on ne retrouva de lui que ses dents et ses souliers.
Pendant ce temps, la coupole nord de 75 mm avait été mise hors combat par une charge creuse de 50 kg placée à la sortie d’infanterie de cette dernière.
Quant à la coupole de 120 mm du fort, ses deux canons avaient toujours leurs percuteurs d’exercices ; le personnel de cet ouvrage voulant remplacer ces derniers par les percuteurs de guerre ne les trouvaient pas avec la conséquence de ne pouvoir effectuer des tirs de destruction hors de l’enceinte du fort mais également de combattre l’ennemi sur le massif du fort.
La coupole sud ayant tiré sans discontinuer pendant 36 heures fut à court de munitions en moins d’une journée ; afin de pouvoir continuer les tirs, le personnel de cet ouvrage a été s’approvisionner à la soute à munitions de la coupole nord qui était hors service.
En conclusion, si tous les ouvrages avaient tiré comme coupole sud, on peut conclure qu’en moins d’une journée, tous les ouvrages ayant tiré leur quota de munitions, le fort aurait dû se rendre faute de munitions.
Pendant que les aéroportés attaquaient les différents ouvrages du fort, les pionniers allemands (infanterie spécialisée), après avoir traversé la Hollande, ont utilisé un nouveau moyen de transport, le cargo planeur leur permettant de franchir le canal Albert par surprise et ainsi renforcer les troupes sur le pourtour ainsi que sur le fort.
Au bloc VI, le phare qui permettait de surveiller pendant la nuit les alentours du bloc, ainsi que les avants de la poterne d’entrée, était manœuvré par le soldat Albert Lehaene. Ce dernier avait allumé au début de l’attaque périphérique du fort, afin de se rendre compte de l’importance de la troupe ennemie. Le phare fut détruit au début des combats. C’est à cet instant que le maréchal de logis Gaston Degrange demanda un volontaire pour aller chercher de la nourriture à la caserne souterraine pour ravitailler ses hommes. Il ne trouva pas de volontaire, les hommes craignant pour leur vie suite aux violentes explosions dues aux charges creuses et aux bombes d’avions. Henri Delincé n’écoutant que son courage, descendit à la caserne souterraine pour aller chercher de la nourriture en suffisance pour ravitailler ses camarades et lui-même. En se rendant au ravitaillement, il a constaté que circuler dans les galeries prenait beaucoup de risques.
En effet, dans toutes les galeries du fort, les câbles électriques et téléphoniques étaient posés dans un caniveau creusé sur toute la longueur des galeries. Ces caniveaux étaient recouverts de dalles de béton. Hors, lors des explosions, ces dalles s’étaient soulevées et dans certains cas projetées à plusieurs mètres.
Le soldat Henri Delincé, en revenant avec le ravitaillement, a rencontré Messen l’aumônier qui lui a appris que le soldat Henri Furnelle avait été tué.
En rentrant au bloc VI, Henri Delincé se rend immédiatement au canon de 60 mm, mais son chef lui commande de monter à l’étage auprès de la mitrailleuse du soldat Roger Smet pour l’aider à réparer son arme. Ce dernier lui demande de se placer à gauche et d’en tenir la culasse pendant qu’il y travaille. A peine la réparation a-t-elle débuté qu’une rafale d’une mitrailleuse allemande troue la barrette de visée et blesse aux doigts le soldat Roger Smet, l’obligeant à descendre à l’infirmerie pour se faire soigner. Le bloc VI ne disposant plus de bouchons allumeurs pour les grenades, le maréchal des logis Gaston Degrange a une nouvelle fois demandé un volontaire pour descendre à la caserne souterraine pour aller chercher les accessoires des grenades, mais ne trouvant une nouvelle fois personne parmi ses hommes qui acceptait cette mission dangereuse, malgré tous les dangers que Henri allait une nouvelle fois devoir affronter, il accepta cette nouvelle mission.
Le soldat Henri Delincé repartit non sans crainte vers la caserne souterraine pour se procurer les bouchons allumeurs. Lorsqu’il arriva chez l’armurier, ce dernier lui déclara ne plus en posséder.
A la demande Henri où il pouvait s’en procurer, la réponse fut négative, il n’y en a plus dans le fort, mais il pouvait essayer d’aller en chercher à Bruxelles ou à Anvers.
Henri Delincé repartit vers son bloc avec cette mauvaise nouvelle et la communiquer à son chef et ses camarades.
Repassant une nouvelle fois devant l’infirmerie, Henri Delincé rencontre une seconde fois l’aumônier Messen, entendant des hurlements de douleur de l’un de ses camarades, il demanda à l’aumônier Messen de qui étaient ces cris, ce dernier lui répondit que ceux-ci provenaient de l’infirmerie et en particulier du camarade Willy Massotte qui décèdera des suites de ses blessures.
Henri Delincé demanda à l’aumônier s’il pouvait se confesser un peu plus tard, ce dernier lui répondit que s’il désirait se confesser, il devait le faire immédiatement; après sa confession, il rejoint au plus tôt le bloc VI.
Plus tard, le fort subit un bombardement sérieux; suite à celui-ci, le camarade posté dans la cloche d’observation ayant reçu de la poussière dans les yeux ne pouvait plus assurer l’observation. Etant monté dans la cloche d’observation, le soldat Henri Delincé remarqua des tirs de mitrailleuses allemandes provenant du moulin situé en bordure du Geer et face à la poterne du fort.
Le camarade Henri indiqua à ses camarades l’emplacement des Allemands qui, par leurs tirs, menaçaient gravement le bloc I, l’entrée du fort et le bloc VI.
Il dut quitter ce poste d’observation pour reprendre le sien au canon de 60 mm qui devait tirer sur le moulin et détruire l’attaquant.
Mais après un dur combat, son canon fut gravement endommagé, il ne pouvait plus tirer.
Immédiatement, il se rendit auprès de son chef pour continuer les tirs au moyen de l’autre canon, les autres occupants ayant quitté les lieux.
Plus tard, le bloc VI n’ayant plus de munitions et ne recevant plus d’ordres de tir du P.C. du fort, ils abandonnèrent les lieux, redescendirent au pied de l’ouvrage ; ils placèrent un barrage de poutrelles et de sacs de sable.
Ils redescendirent tous ensemble dans la caserne souterraine où ils constatèrent que le fort s’était rendu.
Ils deviennent alors prisonniers de guerre.
Pour sortir du fort, ils durent passer par la première porte blindée se trouvant près de l’entrée principale du fort.
Le pont roulant étant escamoté, on devait longer le mur sur un étroit passage jusque la grille. Les soldats belges tués au combat furent enterrés sur le devant du fort.
Le père de Henri Massotte ayant reçu l’autorisation de l’occupant allemand de venir chercher la dépouille de son fils, il vint l’enlever dans une brouette.
Le prisonnier Henri Delincé toujours coiffé de son casque comme les autres soldats du fort fut abordé par un soldat allemand qui lui enleva son casque et le jeta dans le Geer. Il lui prit alors son bonnet de police et lui fit comprendre qu’il devait le mettre sur la tête.
Du village d’Emael, seule l’église était debout, toutes les maisons à plat …

Ce récit est de la plume de M. Georges Cavraine, combattant du Fort d’Eben-Emaul.

Source : https://www.maisondusouvenir.be/henri_delince.php