Soldat milicien de la classe 1938, S.Chantraine a été affecté au Régiment Cycliste Frontière, régiment de formation récente...
Après une période d'instruction très poussée donnée au camp d'Elsenborn, le sort l'a désigné pour faire partie de la 21ème Cie du IIIème bataillon en garnison
à Visé.
Cyclistes-frontière
C'est au cours de sa présence à cette unité qu’il a connu l'existence et le lieu où se situaient les abris ainsi que les nombreux postes de garde dits d'alerte et de destruction.
Concernant les abris cela relève de l'initiative de feu Albert DEVEZE alors ministre de la défense nationale qui décida la construction d'un nombre d'abris de petit gabarit et de plus gros selon le secteur et l'importance de leurs missions.
C'est ainsi que des petits abris jalonnèrent la frontière de l'Est depuis le Limbourg hollandais jusqu'au Grand-Duché de Luxembourg, ces derniers tendant la main ainsi à la ligne Maginot.
Il s'agit donc de petits abris dont les dimensions sont les suivante 3m25 sur 3m 30, épaisseurs des murs 40 à 60 cm de béton armé avec une embrasure pour mitrailleuse.
Une porte blindée en protège l'accès. A la partie supérieure se trouve une ratière forme de Juda dont l'ouverture permet un jet de grenade.
Aux quatre coins à l'intérieur, à la partie supérieure du bâtiment, se trouve un orifice lance grenades, dont la sortie se situe à la base extérieure de l'abri.
L'armement consiste en une mitrailleuse Maxim lourde qui est sur un demi-cercle d'acier scellé dans le béton à hauteur de l'embrasure.
Ce dispositif pour information se dénomme affût Chardome du nom de son créateur le colonel Chardome des Chasseurs Ardennais.
Ce dispositif permet l'utilisation pratique de la mitrailleuse et un rapide enlèvement de celle-ci.
Des grenades mils défensives, complètent l'armement de ce genre d’abris avec en plus l'armement de chacun des occupants.
La garnison de ces abris se compose d'un caporal ou un sergent et deux soldats.
Inutile d'ajouter que ces abris n’ont pas été occupés pendant la mobilisation.
En période normale l'embrasure est fermée par une plaque blindée et la porte fermée au moyen d'un gros cadenas en bronze et une patrouille cycliste de deux hommes passaient trois fois par jour et cela à des heures irrégulières afin de vérifier si tout était normal.
Il y a ailleurs, d’autres abris spéciaux, dits de contre irruption dont les dimensions de 8m 50 sur 6m 65, épaisseur des murs 1m 30. Ils sont pourvus de deux embrasures et d’une cloche d’observation.
L'armement est plus important : un canon anti-char de casemate 47 mm, une mitrailleuse lourde, un fusil mitrailleur des grenades défensives un ventilateur et un phare à acétylène. Certains sont reliés téléphoniquement, d'autres disposent de fusées de couleur différente destinées à solliciter le dégagement par l'appui de
l'artillerie de forteresse, la garnison se compose d'un sous–officier, de deux caporaux et 8 soldats.
Cycliste-Frontière
A Visé nous disposons de plusieurs gros abris dits de contre-irruption. Un se situe à la caserne de Visé pour défendre l'accès a la rue de Berneau, le second qui était un abri a étage se trouvait derrière la caserne et défendait la route de Mons. Il y avait en plus deux petits abris de flanquements.
Tous ces abris de la frontière de l'Est, sont confiés aux Chasseurs Ardennais, aux cyclistes-Frontière et dans le secteur de défense des forts de Liège au R.F.L. comme poste d'observation, ces derniers joueront un rôle de premier ordre dans le réglage des tirs de leurs forts.
Après avoir brièvement décrit les abris, du moins ceux qu'il m'a été permis d'occuper durant mon service militaire, nous en arrivons au 10 Mai 1940.
Il faut tout d'abord préciser que depuis le mois de mars 1940, le Régiment Cycliste Frontière, a été dédoublé par l’apport de réservistes venant d'autres régiments.
La 51ème compagnie du III bataillon du 2 Rég. Cy. Frontière à laquelle j'appartiens se trouve sous les ordres du Capitaine-Commandant DE RACHE (plus tard Général-Major)
Le bataillon occupe la rive gauche de la Meuse sur le territoire des communes de Hermalle S/Argenteau ( Basse-Hermalle ) de Visé (Devant le Pont) et de Lixhe.
Le dispositif de défense va de Préixhe à Lixhe. De plus il assure l'alerte le long de la frontière néerlandaise. Outre leur mission d'alerte ces postes ont une mission de destruction routière, ainsi que ferroviaire soit 8 au total, de même qu'un dispositif de déraillement d'un train à Visé-Bas.
Le bataillon assure aussi l'occupation d'une position d'abris dont quatre seulement abris de contre-irruption seront défendus jusqu'au 10 Mai 40.
POURQUOI ? parce que cette position n'est prévue que pour permettre la destruction des ponts de la Meuse, en retardant l'ennemi.
La position défensive dont les lisières extérieures bordent la rive gauche du fleuve s'appuie sur cinq ouvrages bétonnés (abris) protégeant des armes automatiques.
Le 10 mai à 1hre 30 la 51ème compagnie est sur place à DEVANT le PONT.
La 61ème compagnie sous les ordres du lieutenant PARENT est plus au nord à cheval sur le canal de jonction.
Vers 6 heures 15 le Pont du Chemin de fer de VISE sur la Meuse saute, il faudra s'y reprendre à deux fois, mais à 14 heures il est inutilisable.
Vers 10hres 10 le pont route de VISE saute à son tour.
Le 11 mai, les garnisons des abris de la rive droite sont retirées ; Seuls quelques observateurs restent en place, ils rejoindront dès l'approche de l'ennemi.
10hres 30 l'infanterie allemande débouche dans le découvert situé entre le chemin de fer VISE-TONGRES et la courbe Visé Haut, Visé-Bas ;
Entre temps, les abris de contre-irruption ont sur ordre été évacués avec l'armement, seul, dans l’un d'eux on n'a pu retirer le canon de casemate, on l'a fait sauter sur place.
Apparition de fantassins allemands sur les hauteurs de Berneau au nord du Chemin de fer et dans la tranchée de ce même chemin de fer.
Réaction très violente de notre défense. L'ennemi glisse vers le sud et prononce son mouvement devant le front du bataillon. Il ne tente pas de franchir le fleuve, mais prend violemment sous son feu les défenseurs de la rive gauche, mais ceux-ci ayant une plus grande puissance de feu, aidés en cela par le fort de Pontisse le combat durera jusqu'à 15 heures l'ennemi n'insistant plus.
16 heures : Les Allemands franchissent le canal Albert à Vroenhoven. Le commandant du 21ème Rgt Cy Frontière ordonne le rabattement des unités du III bataillon qui sont au nord du chemin de fer. Ces unités (y compris un peloton du 21ème Grenadiers) se place en bretelle sur le talus et face au nord. C'est une position précaire qui donne d'excellentes vues sur les mouvements que pourrait faire l'ennemi mais aussi a des tirs fichants et le risque de mitraillade par avion.
L'ennemi cloué au sol par notre tir, ne tentera plus d'action offensive il se bornera à tirailler sur tout le front du quartier sans chercher à franchir le fleuve.
Partout nous avons la supériorité du feu.
A 22 heures 15 ordre de repli du Bataillon. (nous sommes toujours le 11 mai).
La 51ème compagnie constituera l'arrière garde, fera sauter le pont sur le canal Albert à HACCOURT dernier ouvrage entier de la position tenue les 10 et 11 mai par le III Bataillon du 21ème Régiment Cyclistes-Frontière.
Quant à la 61ème compagnie du III bataillon, elle occupe la rive gauche de la Meuse depuis la lisière sud de Lixhe et voisine le 21ème Grenadiers, elle tend la main à la 51ème compagnie du IIIème bataillon du 21ème Rgt Cy Frontière.
Cyclistes-frontière prêt aux combats