Daniel Le Roy du Vivier


Daniel Le Roy du Vivier (13 Jan 1915 — 2 Sep 1981)



Personnalité hors du commun que celle de Daniel Le Roy du Vivier, familièrement surnommé ‘’Boy’’par ses compagnons d'arme. Né à Amersfoort (NL) le 13 janvier 1915, il fait ses humanités gréco-latines au collège des Jésuites de Mont Godinne (près de Dinant) avant d'entamer à l'Université de Louvain une licence en sciences commerciales et consulaires.
Pilote à l’Aéronautique Militaire
Ses études sont interrompues par l'appel sous les armes : le 1 août 1935, il est incorporé comme soldat milicien au 1er Régiment des Guides. Attiré par l'aviation, il sollicite son passage à l'Aéronautique Militaire et le 1 avril 1937, signe un engagement comme élève-pilote. Il est rattaché à la 75e Promotion. Breveté le 15 mars 1938, il est affecté initialement au 1er Régiment d'Aéronautique à Gossoncourt comme pilote d'observation, sur Fairey Fox. Le 14 septembre 1938, il rejoint, à Nivelles, le 2e Régiment d'Aéronautique comme pilote de chasse, sur Fairey Firefly. Devenu candidat sous-lieutenant d'active, l'année 1939 et les premiers mois de 1940 le verront à Evere, effectuer son école d'arme et suivre le cours d'observateur. Formation quelque peu perturbée car en cette fin de décennie l'horizon international s'assombrit rapidement. Le 1 septembre 1939, les troupes allemandes ont envahi la Pologne : elles n'en feront qu'une bouchée. La France et l'Angleterre, puissances garantes de l'indépendance polonaise, déclarent la guerre à l'Allemagne nazie, mais restent sans réaction. La « drôle de guerre », marquée uniquement par quelques opérations aériennes sporadiques, s'installe. En Belgique, la mobilisation est décrétée. À plusieurs reprises, « l'alerte renforcée » ponctuera cette période de huit mois précédant l'invasion du pays. Nos autorités veulent toujours croire au respect par les belligérants de notre « neutralité » mais notre espace aérien est régulièrement violé par des avions anglais ou allemands. Nos escadrilles de chasse assurent la police du ciel, tentent d'intercepter et de faire atterrir sur nos aérodromes, les intrus. Rarement avec succès. Ainsi, le 9 septembre, des bombardiers anglais Whitley sont signalés au-dessus des Ardennes. Les pilotes de Nivelles sont alertés. Une patrouille composée d'un Fairey Fox piloté par le capitaine Boussa et de deux Fairey Firefly aux commandes desquels se trouvent Daniel Le Roy du Vivier et Marcel Michotte, interceptent un des bombardiers anglais dans les environs de Gembloux. Nos avions l'encadrent. Le leader tire une rafale de balles traçantes devant le nez du bombardier pour le forcer à atterrir. En vain. Mieux encore, le mitrailleur de queue retourne la politesse et tire sur nos avions, atteignant le Firefly de Daniel Le Roy du Vivier. Heureusement, il n'est pas blessé et peut rejoindre Nivelles sans encombre... Daniel Le Roy du Vivier est promu adjudant CSLA le 1 mars 1940. Toujours en école d’arme, il poursuit ses prestations aéronautiques sur Firefly alors que, dans l'intervalle, son unité d'origine, le 4/II/2, qui avec le 3/II/2 constituent le Groupe des ‘’Cocottes’’, a été rééquipée de Fiat CR.42. Le 10 mai 1940, les ‘’Cocottes’’ sous le commandement du major Lamarche ont décollé dès l'aube et ont rejoint Brustem, terrain de campagne du Groupe. Bien que crédité de quelques victoires, le Groupe voit la quasi-totalité de son potentiel détruit au sol au cours des deux premiers jours des hostilités. Sur les 27 Fiat CR.42 de l'effectif, il ne reste bientôt plus que 6 avions intacts. Complètement dépassé par les événements, le Commandement de l'Aéronautique décide de faire remettre en ligne, par le Groupe, 11 « vieux » Fairey Firefly entreposés dans une escadrille-parc à Nivelles. Le major Lamarche déclare tout de go qu'il refusera de désigner des pilotes pour des missions commandées à bord de ces machines pour lesquelles il ne dispose d'ailleurs pas de munitions ! Le cas échéant, elles seront effectuées par des volontaires. Le 14 mai une première mission est commandée. Il s'agit de remonter le moral des troupes au sol dispersées autour d'Anvers en leur montrant nos cocardes. Le Firefly, dont la vitesse maximale à basse altitude plafonne à 297 km/h, est tout indiqué pour la mission ! Le major Lamarche paie d’exemple et est volontaire, ainsi que le sous-lieutenant Du Monceau de Bergendal et l'adjudant Le Roy du Vivier. Les trois avions décollent, survolent la ligne extérieure des forts d'Anvers et sont accueillis par un feu anti-aérien nourri ! L'avion de Daniel Le Roy du Vivier est touché et est contraint de se poser en campagne, à Rijmenam. Capotage à l'atterrissage ! Heureusement notre héros sort indemne de l'aventure mais manque d'être pris à partie par les soldats du 6e de Ligne tout heureux de leur « victoire ». Les deux autres avions rentreront sans encombre à Fairey Firefly du 4/II/2 "Cocottes Blanches" de Nivelles vers 1939. Quant à ‘’Dan’’ après les ‘’excuses’’ du commandant du 6e Li, c'est par la route qu'il rejoindra le cantonnement. L'incident lui vaudra, maigre consolation, une première citation à l'Ordre du Jour de l'Aé Mil : « Sous-officier très allant et très courageux, a été abattu par le tir contre-avions au cours d'une mission pour laquelle il s'est porté volontaire... »




Fairey Firefly du 4/II/2 "Cocottes Blanches" de Nivelles vers 1939.



Le 16 mai, alors que le Groupe a occupé successivement les terrains de Grimbergen, St Nicolas et Aalter, le repli sur la France est décidé. C'est encore à bord d'un Firefly que Daniel Le Roy du Vivier effectuera le mouvement vers Amiens, Chartres et le Sud de la France... C'est à Montpellier que, le 24 juin, l'armistice surprendra les rescapés du Groupe des ‘’Cocottes’’ et que pour nombre d'entre eux le destin basculera. La volonté du gouvernement français de suspendre les hostilités met fin, en effet, aux derniers espoirs de poursuivre la lutte sur le continent. Ordres et contre-ordres se succèdent. Faut-il obtempérer et rentrer au pays ? La mauvaise aventure est de toute façon terminée ! Rejoindre le Congo, l'Angleterre, ou encore l'École de pilotage repliée au Maroc ? Le 27 juin 1940, l'adjudant Daniel Le Roy du Vivier est porté déserteur aux ordres du 2e Rgt. En compagnie de quelques camarades, il a rejoint Port-Vendres. Sous la direction du capitaine A. Van den Hove d’Ertsenrijck qui a pris la tête du groupe, ils embarquent à bord du SS Apala qui, via Gibraltar, met le cap sur Liverpool où ils débarquent le 7 juillet 1940.
Pilote à la RAF
Incorporé dans la ‘’RAF Volunteer Reserve’’ avec le grade de Pilot-Officer, Daniel Le Roy du Vivier est, comme plusieurs de ses camarades, rapidement envoyé en OTU (Operational Training Unit) pour y être entraîné sur Hurricane. Il s'agira en une dizaine d'heures de vol de maîtriser la machine, de s'entraîner au tir, de s'habituer aux formations tactiques et au jargon opérationnel. Au moment où, le 12 août 1940, la Bataille d'Angleterre va entrer dans sa phase décisive, celle de la lutte pour la suprématie aérienne, Daniel Le Roy du Vivier se trouve en première loge. Dès le 5 août, en compagnie de A. Van den Hove d'Ertsenrijck, il a rejoint, à Tangmere, le 43 Sqn qui fait partie du 11e Groupe dont les unités sont déployées dans le sud-est de l'Angleterre autour de Londres. Les 21 escadrilles du Groupe ont pour mission de briser les attaques répétées des bombardiers de la Luftwaffe puissamment escortés de chasseurs Bf-109 et Bf-110. Ils seront au total 15 pilotes belges à participer au sein de sept escadrilles du Fighter Command à l'une des plus grandes batailles aériennes de l'Histoire. Bataille décisive car elle détruira le mythe de l'invincibilité de la Luftwaffe.

Sources bibliographiques et iconographiques :
https://www.vieillestiges.be/fr/bio/15