La bataille des Ardennes - La participation militaire belge

Par la force des circonstances, la participation militaire belge à la bataille d'Ardenne n'a été et ne pouvait être que mineure.
En effet:
La 1ière Brigade d'infanterie belge "Libération", aux ordres du VIII° Corps britannique, après avoir atteint le canal de Wessem le 25 septembre 1944 et réalisé la soudure entre la 2ème armée britannique et la 1ère Armée U.S., a participé le 11 novembre à l'attaque vers Venlo et la Meuse. Le 17 novembre, elle a été retirée du front pour une période de repos et de réorganisation, ensuite d'entraînement, qui ne s'achèvera que le 3 avril 1945, date à laquelle, renforcée par des volontaires de guerre engagés à la libération du pays, elle reprendra sa place au feu sur le front de Hollande.


Participation militaire

Indépendamment d'escadrilles de la section belge de la R.A.F., ont participé de près ou de loin à la bataille d'Ardenne :
Certains des officiers de liaison de la Mission Militaire Belge, parmi ceux qui étaient répartis dans la plupart des unités combattantes, tant du 21ème Groupe d'Armée britannique que du 12ème Groupe d'Armées U.S.

De même, un petit nombre des officiers et sous-officiers du Corps des interprètes créé en novembre 1944 par le ministère de la Défense nationale, mis à la disposition des unités et services du 2ème Groupe d'armées britannique, et qui prendront part également aux opérations à partir de janvier 1945.

L'escadron parachutiste belge S.A.S., commandée par le major Edouard Blondeel, dont deux squads continuent encore en décembre 1944 les missions en Hollande qui lui ont été imparties dans le cadre de l'opération Market-Garden, s'est installé à Tervuren pour s'y reconvertir en unité de reconnaissance montée sur 40 jeeps blindées. Un groupement de 24 jeeps blindées part le 20 décembre 1944 vers le front d'Ardenne et est placé sous le commandement de la 6ème Airborne Division britannique. Il a comme mission d'effectuer des patrouilles offensives sur l'axe Tellin, Bure, Saint-Hubert; de protéger le flanc droit de la 6ème Airbome Division et d'effectuer la liaison avec les S.A.S. français protégeant le flanc gauche du VIII° Corps U.S. Il accomplira ces missions dans un terrain abondamment miné, son travail parfois sclérosé par les sévères mesures de contrôle américaines dues à l'obsession des " équipes suicides allemandes " de Skorzeny, et livrera, du 27 décembre au 12 janvier, de nombreux engagements à Wavreille, Bure, Mirwart, Avenne, Champlon, à la pointe de la poche créée par l'offensive allemande.

Le V° bataillon de fusiliers, à la disposition du 12° Groupe d'Armées U.S., a établi des cordons défensifs en protection des dépôts situés sur le flanc nord de la poche; les éléments de contrôle de la route d'Aywaille, Remouchamps se trouveront un certain temps en première ligne et la 4° compagnie, qui gardait la gare de Malmedy, participera aux missions d'arrière garde de l'Armée U.S.

Le VI° bataillon, a d'abord été incorporé par le VII° Corps de la 1° Armée U.S. à ses "Security Troops" et était affecté à diverses missions de garde des communications et des postes de sécurité militaire, à hauteur de Visé, Eupen, Steinebrück, pour ensuite passer le 21 décembre aux ordres du XIX° Corps de la 9° Armée U.S. et y accomplir les mêmes missions de gardes et de patrouilles; pendant l'offensive allemande, des détachements su VI° bataillon seront bombardés et mitraillés par avions dans la région d'Eupen, Elsenborn.

Quant au II° bataillon de pionniers, crée le 23 novembre et placé sous le commandement britannique dès le 16 décembre, il sera affecté à la garde des ponts sur le Rupel, à Boom, alors que l'on pouvait craindre le forcement de la ligne de la Meuse, vers Dinant, et la continuation de l'offensive allemande en direction du port d'Anvers.


La Résistance

Le gouvernement belge avait décidé, le 13 novembre, la démobilisation et le désarmement de la Résistance, dans un délai de cinq jours, le 10 octobre, déjà, le lieutenant général Pire avait démobilisé l'Armée secrète. Lors de l'offensive allemande, le commandement allié ne demanda pas la rémobilisation des forces de la Résistance. Il est de fait cependant, que certains résistants se sont " réveillés " en Ardenne, lors de l'offensive allemande, et ont gravité, à titre individuel, autour des troupes américaines et britanniques.

Deux anciens de l'Armée secrète, Jacques de Villenfagne de Sorinnes et Philippe le Hardy de Beaulieu, après avoir renseigné la 29° brigade britannique sur l'emplacement des forces allemandes et leur densité dans la région de Celles, Foy-Notre-Dame, guideront le 27 décembre des groupes de chars de cette brigade, par de petits chemins de forêt, vers une position dominante d'où une partie de la 2° Panzerdivision allemande sera prise à contre-pied.

L'un des animateurs du maquis de Bois Saint-Jean, près de Wibrîn, Joseph André, réunit tout ce qu'il peut des hommes de son maquis et se remettra avec eux à la disposition des Américains, à Houffalize d'abord, puis à La Roche.

Le 8 janvier 1945, "Michèle"Dubru, également de l'Armée secrète, effectuera une reconnaissance au delà des lignes allemandes, dans la région de Longchamps, Bastogne; mission périlleuse dans laquelle l'accompagnera Emile Lambert, d'Arlon, et qui permettra aux Américains une notable avance dans ce secteur.
Bon nombre de résistants joueront ainsi un rôle méritoire à titre isolé, y compris les Ardennais qui ravitaillèrent des prisonniers américains, recommencèrent à saboter, soignèrent les soldats alliés ou les cachèrent lorsqu'ils étaient encerclés, mais les archives officielles n'en portent généralement pas la trace.

Le reflux des troupes allemandes a laissé derrières elles, dans tout le saillant, un enchevêtrement inextricable de mines antipersonnel et antichars posées tant par elles que par les Alliés. En février 1945, le 1° bataillon de déminage, affecté aux régions ardennaises, viendra renforcer les éléments permanents du SEDEE, qui s'y trouvent déjà, pour effectuer l'obscure et périlleuse mission de désamorçage et d'enlèvement ou de destruction de cas engins explosifs.

A noter également qu'il fut fait appel à la Protection aérienne passive pour exhumer les corps des nombreux soldats américains dans le secteur de Stavelot et pour assumer le déblaiement et l'assainissement de Malmedy, de Saint-Vith et de toute la zone dévastée.


Source : "La Bataille d'Ardenne" par Peter Taghon, paru aux Editions Racine.