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Rss Des fillettes juives sauvées dans un couvent à l’avenue Clemenceau (Anderlecht-Bruxelles.)

A la façade de l’immeuble situé 70 avenue Clemenceau, on a, à l’initiative du Service social juif et de l’Association de l’Enfant Caché, apposé une plaque commémorative en hommage à six combattants de la Résistance : Floris Desmedt, Andrée Ermel, Jankiel Parancevitch, Tobie Cymberknopf, Bernard Fenerberg et Paul Halter. Les résistants honorés avaient réussi à soustraire à l’occupant allemand et à la déportation 14 jeunes filles juives et leur accompagnatrice. Le bâtiment abritait précédemment le couvent des Sœurs du Très Saint Sauveur où l’on soignait les malades. En 1937, les sœurs y accueillirent déjà des enfants de réfugiés basques suite à la guerre civile en Espagne. Durant la Deuxième Guerre mondiale, 14 fillettes juives et leur accompagnatrice Gutki y séjournèrent. Les fillettes étaient âgées de 20 mois à 12 ans et leur accompagnatrice avait 24 ans. Un jeune homme juif, Bernard Fenerberg, qui avait 17 ans à l’époque, logeait dans une chambre chaussée de Mons. Il prenait ses repas rue de la Clinique chez Marieke qui s’occupait de petits garçons juifs cachés par l’abbé Bruylandts. Pour faire le moins possible de déplacements, car Bernard n’avait pas encore de faux papiers, il n’y mangeait que le soir et y préparait ses repas de midi pour les emporter et les réchauffer le lendemain à l’atelier de fourrure où il travaillait. Mais le mois de mai 1943 fut exceptionnellement torride et la nourriture qu’il emportait aurait pu se gâter. Alors, malgré le risque, Bernard décida de venir manger également le midi chez Marieke et la prévint le soir du 19 mai. Le 20 mai, il se rendit à midi à la rue de la Clinique et y trouva Marieke en pleurs. Elle expliqua à Bernard que la Sipo-SD, accompagnée du fameux dénonciateur «le gros Jacques», lui-même Juif, avait découvert les 15 fillettes dans le couvent et avait voulu les arrêter. Sur l’insistance des sœurs, les soldats allemands leur avaient accordé un délai d’une nuit pour qu’elles puissent préparer les fillettes à leur départ. Mais cet ordre était assorti de la menace d’emmener les sœurs elles-mêmes si le lendemain, les enfants n’étaient pas au complet. La rage au cœur, Bernard retourna à l’atelier de fourrure rapporter les faits à Tobie Cymberknopf et lui proposa d’aller chercher son ami Paul Halter qui était commandant de l’Armée belge des Partisans. Après plusieurs heures de recherche, ils trouvèrent heureusement Paul et c’est lui qui allait diriger l’opération de sauvetage des enfants. Ils se donnèrent rendezvous le soir même au couvent. Paul était accompagné de trois autres résistants. Bernard n’était pas tranquille. Des hommes de la Sipo-SD pouvaient être à l’intérieur. Paul Halter sonna. Une sœur entrebâilla la porte. Paul la bloqua du pied, sortit son révolver et ordonna à la sœur de les laisser entrer. Les sœurs avaient peur et les fillettes qui étaient déjà couchées, pleuraient. Les résistants rassurèrent les sœurs et l’accompagnatrice des enfants en leur précisant qu’ils n’étaient pas allemands et qu’ils venaient pour sauver les enfants. Les fillettes sortirent de leurs lits et, une fois calmées et habillées, elles furent emmenées. Pour éviter que les sœurs soient arrêtées par la Sipo-SD, on mit en scène un kidnapping. Les sœurs furent ligotées avec un câble de téléphone. Deux mamans sont venues chercher leurs enfants. Paul Halter et Andrée Ermel mirent les deux plus jeunes enfants en lieu sûr. Malgré le danger, pour les 10 autres et leur accompagnatrice Gutki, il n’y avait pas d’autre solution que de les emmener dans l’appartement vide des parents de Bernard, rue Terre-Neuve, en plein quartier juif. Dans la rue, les gens se dépêchaient de rentrer chez eux car le couvre-feu était proche. Ils formèrent des groupes de trois pour ne pas se faire repérer et, la peur au ventre, parvinrent sans ennuis à l’appartement. Ils mirent les enfants au lit et Gutki resta près d’eux pendant que Bernard et Tobie montèrent la garde toute la nuit. Le lendemain matin, ils n’en crurent pas leurs yeux : la voisine, madame Delobel, avait généreusement apporté un grand plateau de déjeuner pour les enfants. Ensuite, très rapidement, des résistantes du CDJ vinrent chercher les enfants pour les emmener dans un endroit plus sûr. Lorsque les Allemands revinrent le lendemain au couvent, ils furent furieux de constater ce qui s’était passé : les enfants juives avaient disparu. Les sœurs furent interrogées mais pas inquiétées.
Bernard Fenerberg est né à Paris le 14 avril 1926, Bernard Fenerberg avait un an quand, avec ses parents, il a émigré en Belgique.




Bernard Fenerberg en 1943



Son vrai nom est en fait Feuerberg mais ce nom a été fautivement inscrit dans les registres lors de l’inscription de son père en Belgique. Au début de la guerre, Bernard Fenerberg habitait avec son père, sa mère et sa sœur Clara Fanny dans un appartement à la rue de Terre-Neuve. (Bruxelles). En mai 1942, son père à été condamné par les Allemands aux travaux forcés en France. Il dut participer à la construction du Mur de l’Atlantique (Pas-de-Calais) que les Allemands ont érigé pour résister aux Alliés et fut ensuite déporté. Lors de la rafle qui eut lieu dans la nuit du 3 au 4 septembre 1942, Bernard, sa mère et sa sœur ont pu s’échapper et passer dans la clandestinité. La Sipo-SD n’avait pas sonné chez eux mais bien à la maison voisine. Sa mère et Clara Fanny ont d’abord trouvé refuge quelque temps chez un oncle. Sa mère a ensuite été cuisinière au domicile de la comtesse et du comte d’Aspremont Lynden, chef de cabinet du roi Léopold III. Sa sœur a été transférée par le CDJ dans un couvent à Heverlee. Bernard, qui avait à l’époque 16 ans, a pu se cacher dans une maison de la rue de la Clinique dans le quartier de Cureghem. Dans cette maison proche de l’église, louée par le vicaire Jan Bruylandts, Marieke s’occupait d’une douzaine de jeunes garçons juifs que le religieux cachait. Au rez-de-chaussée, on trouvait le local de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) où, durant la guerre, de jeunes Juifs se rendaient aussi, car toutes les associations juives étaient interdites par l’occupant allemand. Ensuite, Bernard a déménagé pour loger dans une mansarde à la chaussée de Mons. Son grand-père habitait également chaussée de Mons, entre l’avenue Clemenceau et la rue Sergent de Bruyne et d’autres membres de sa famille rue du Compas. Dès ses 14 ans, Bernard travailla comme apprenti fourreur. Ensuite à partir de 1942, grâce à la complicité de son patron, il put continuer à travailler clandestinement dans un atelier de la rue de l’Infirmerie, près de l’église du Béguinage. Il échappa plusieurs fois de peu à la déportation. Un jour, dans les Marolles, il s’engouffra in extremis dans une épicerie où, grâce à l’aide de la commerçante, il put atteindre une maison vide voisine et s’y cacher pendant deux heures dans les broussailles du jardin. Un autre jour, chaussée de Mons, alors qu’avec un ami de la JOC il comptait les avions alliés qui passaient dans le ciel, il fut surpris et contrôlé par un SS belge qui n’appréciait pas cette audace. Heureusement, Bernard possédait à l’époque une fausse carte d’identité. Il expliqua que sa mère serait inquiète s’il ne rentrait pas et il ne fut pas arrêté. Pour avoir pris l’initiative de l’opération réussie du sauvetage des enfants juives, Bernard, recommandé par Paul Halter, fut engagé à 17 ans dans l’Armée belge des Partisans, en dissimulant qu’il n’avait pas l’âge requis de 18 ans pour y être accepté. Il reçut notamment la mission d’incendier un champ de colza à Ruisbroeck, de voler à des officiers allemands des armes dont la Résistance avait besoin, ou d’abattre des dénonciateurs. Après la guerre, il retrouva sa mère et sa sœur. Le père de Bernard mourut à Auschwitz-Birkenau ainsi que de nombreux membres de sa famille.
Source :
https://maksvzw.org/v2/wp-content/uploads/2018/01/145_16052014_layout-brochure_fr_14_S_img_couleur-14.pdf
https://docplayer.fr/80225011-Cureghem-partie-3-resistance-et-deportation.html

 
 
Note: 5
(2 notes)
Ecrit par: prosper, Le: 30/09/21


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