Livre d'or
Image aléatoire
Galerie
Newsletter


Archives

 
Rss La Ligne Jean-Pierre et le maquis de Rièzes
Cette fois-ci je vous livre ci-dessous un extrait du livre de Henri Bernard ‘’ Un maquis dans la ville’’

Le jeune Jean-Baptiste LIEGEOIS, plus tard surnommé Jean-Pierre, était caporal milicien au 3° régiment de Chasseurs à pied durant la campagne de mai 1940. De petite taille et d'allure frêle, à 23 ans il n'en paraissait pas 18. Rien ne pouvait laisser supposer, par son physique, qu'il serait un jour le redoutable commandant du bataillon de Choc des MP (Milices Patriotiques) schaerbeekoises.
Fait prisonnier à Oudenarde, il s'évade d'Aix-la-Chapelle dès juin 1940 et se réfugie près de Tourcoing où habite sa famille. Arrêté par les hommes de Doriot, envoyé une deuxième fois dans le Reich, à présent comme travailleur obligatoire, il s'évade de nouveau en octobre 1941 et arrive chez le Résistant français Louis Saint-Ghislain, à Wattrelos près de la frontière belge.
Liégeois décide de prolonger son évasion et de rejoindre les Forces belges de Grande-Bretagne, Il franchit la ligne de démarcation dans l'Indre, à La Châtre, aidé par l'abbé Georges Joliet desservant cette paroisse. Il poursuit son voyage, arrive à Toulouse, travaillant le long du parcours chez des cultivateurs pour gagner sa subsistance. Il échoue dans son passage des Pyrénées, abandonné en pleine montagne par son guide. Sans ressources et peu aidé par les gens du Midi, il retourne chez Saint-Ghislain. Il estime à ce moment pouvoir rendre plus de services au pays occupé qu'en Grande-Bretagne. Il conçoit de monter une ligne d'évacuation, pour prisonniers de guerre, en se servant de Saint-Ghislain, de l'abbé Joliet et des autres patriotes qu'il a rencontrés sur son passage. Il revient en Belgique au printemps 1943 et, par son oncle Joseph Puissant, policier FI (Front de l’Indépendance), il fait la connaissance de Witdouck et de Hoste. Ainsi, à côté d'Eva réservée aux aviateurs, la ligne Jean-Pierre, qui va naître, évacuera les prisonniers de guerre évadés d'Allemagne. Liégeois retourne à Wattrelos, reprend contact avec Saint-Ghislain et le réseau français WO( ?).
Saint-Ghislain a précisément déjà développé son activité dans le sens de l'aide aux évadés et se sert des endroits repérés par Liégeois lors de son périple en France. Les deux patriotes se mettent d'accord sur la réception des « colis » en provenance de Schaerbeek. A l'automne 1943, la ligne Jean-Pierre est établie. Les prisonniers de guerre, évadés de leur camp d'Allemagne et recueillis à Bruxelles, sont traités comme les aviateurs. La veille d'un envoi, Liégeois se rend à Wattrelos, prévient Saint-Ghislain et rentre aussitôt à Bruxelles. Le jour du départ, munis de faux papiers, les prisonniers sont conduits par Liégeois en gare du Nord à Bruxelles, sous la couverture du grand Louis, de Gaston Vollès et de Luc Hymans. Avec Jean-Pierre, les évadés prennent le train Bruxelles-Courtrai, puis Courtrai-Mouscron. De cette dernière ville, ils se rendent à pied à Mont-à-Leux, car il y a trop de contrôles sur le vicinal. La douane belge est franchie aisément — ses préposés étant des Résistants — et tout le monde se cache chez Georges Hovelaque, agent des douanes. La nuit venue, Hovelaque et Jean-Pierre, aidés par Cécile Verbrugghen-Lejeune, amènent les évadés chez cette dernière où ils sont hébergés pour le reste de la nuit. La maison des Hovelaque est séparée de celle de Madame Verbrugghen par un cours d'eau, large de 1 mètre 50, le « petit Ri » disent les gens de l'endroit, et qui forme la frontière. Le passage de celle-ci se fait clandestinement à distance du poste de douane français dont les hommes sont peu sûrs.
Au matin, Saint-Ghislain, aidé par sa femme et ses enfants, vient chercher les évadés un à un chez Madame Verbrugghen, aux activités multiples, et les cache chez lui durant quelques jours jusqu'au moment de leur évacuation vers l’intérieur de la France.
Saint-Ghislain leur a procuré une carte d’identité française fournie par W0, il conduit ses « colis » à la gare de Tourcoing avec des vivres suffisants pour leur permettre d’arrivé à destination. Le train est payé par Saint-Ghislain qui remet en plus 500 francs Français à chaque évadé.
Ceux-ci sont envoyés chez l'abbé Joliet qui leur fait passer l’ancienne ligne de démarcation où abondent les postes de contrôles. Les rescapés sont dirigés sur Clermont-Ferrand. Là, grâce à des infiltrations de la Résistance au bureau de démobilisation, ils reçoivent une prime, un costume, des souliers, des timbres de ravitaillement. La plupart des évadés rejoindront les maquis.
La ligne Jean-Pierre, ne fonctionnera, hélas, que trois mois. Elle sera interrompue par l’arrestation de Saint-Ghislain en janvier 1944. Néanmoins 21 Français, quatre Polonais et deux Néerlandais auront été évacués par cette ligne.
 
 
Note: 5
(1 note)
Ecrit par: prosper, Le: 01/12/19


Scroll
Scroll