Livre d'or
Image aléatoire
Galerie
Newsletter


Archives

 
Rss Jean Arnolds : une résistance idéologique
Courte biographie

Naissance le 7 mars 1904 à Baelen

Etudes primaires à Welkenraedt, études secondaires à Saint-Roch près de Theux

Etudes de philosophie et de théologie à Saint-Trond et Liège

Ordonné prêtre le 1er juillet 1928

Professeur de religion, histoire et géographie au Collège Patronné d’Eupen

Vicaire à Saint-Nicolas (Eupen) à partir de l’été 1933, chargé en particulier de l’animation des jeunes

Après l’été 1940, vicaire à Montzen

Arrêté par la police allemande le 22 juin 1943,
Interné à Aix-la-Chapelle jusqu’au 27 avril 1944.
Transféré à Berlin et condamné à mort le 28 avril 1944.

Exécuté par décapitation le 28 août 1944


En dehors de ses fonctions de vicaire à Saint-Nicolas à Eupen, Jean Arnolds fut chargé de l’animation des jeunes, en particulier des
« Jüngligs Verein », qui regroupait des jeunes du milieu du travail. Plus tard, ses activités s’étendirent aux organisations scoutes.
Il comprit vite le combat intellectuel qui s’amorçait de plus en plus face aux jeunes. Sous prétexte de soutien à la culture germanophone, ils étaient entraînés vers l’adoption de l’idéologie nazie.

Jean Arnolds choisit le terrain de la discussion libre. Face à la propagande, il rassemblait ses jeunes pour des soirées d’échanges sans contrainte, où chacun pouvait exprimer ses opinions sur n’importe quel sujet.
Ses adversaires reconnurent vite combien, en prônant la liberté d’opinion, Jean Arnolds sapait leur influence. Ils l’attaquèrent de nombreuses façons : calomnies, injures, bousculades en rue. Le comble fut atteint plus d’une fois quand ils déversaient des excréments sur sa porte et dans sa boîte aux lettres. Lui restait imperturbable sur sa ligne d’action. Il souffrait cependant pour ses parents, qui n’arrivaient pas à comprendre les motifs de cette haine violente.

Malgré sa fragilité physique apparente, il était cependant d’une grande solidité et prêt à assumer tous les risques. Une anecdote est révélatrice. Pendant l’hiver 38-39, Jean Arnolds accompagna les scouts dans une randonnée conduite par un ancien. Elle prévoyait notamment une étape d’Ovifat à Jalhay. Les scouts choisirent de couper au court par le haut plateau. Mal leur en prit. Ils furent arrêtés pendant trois heures par une tempête de neige. Après celle-ci, ils avaient perdu tous leurs repères. Fidèle à son habitude, Jean Arnolds ne s’affola pas. Une éclaircie dans le ciel lui permit de voir des lumières dans le grand lointain. Le vicaire reconnut celles de la gare de Montzen et décida qu’on se mettrait en route droit vers elles. Son compagnon suggéra que cela pourrait prendre du temps. Jean Arnolds sortit de sa soutane un paquet de biscuits militaires de survie ; « Je me prémunis toujours contre ce qui peut arriver. Mes occupations nombreuses me font parfois sauter un repas et même deux. Alors je me débrouille avec mes rations personnelles. » La peur n’était pas sa conseillère.

En 1940, l’arrivée des Allemands à Montzen rendait impossible le maintien de l’équipe paroissiale. Le doyen quitta la région pour Liège. Les deux vicaires furent transférés dans des villages patoisants.
Il faut cependant noter que le bourgmestre eupenois, nommé par les nazis, intervint en faveur d’Arnolds pour qu’il garde son poste. Arnolds, conscient des difficultés qui ne manqueraient pas de se produire s’il restait, fit habilement savoir qu’il était affaibli après un séjour en camp de prisonniers. Il avait donc proposé d’être affecté dans une paroisse rurale : ce fut Montzen.
Son premier travail fut de prendre contact avec les paroissiens, surtout ceux des milieux populaires, laissant les relations avec les notables à son doyen.

Il n’abandonna pas ses interlocuteurs de la région eupenoise. Certains osaient venir discrètement le trouver. D’autres profitaient d’un de ses passages en ville pour des raisons administratives ou médicales pour saisir l’occasion d’un entretien. « Vous seriez surpris, confia-t-il, si je vous disais qui vient me voir pour avoir des conseils ! » Ceux-ci tournaient toujours, en ces moments difficiles, sur la responsabilité individuelle. « Prenez des avis éclairés. Mesurez vos risques et ceux de votre entourage. Puis décidez librement ! ».

Pendant les premières années de guerre, le bouche-à-oreille dans les camps de prisonniers francophones avait signalé la voie de Montzen, organisée notamment par le jeune vicaire, comme un des meilleurs chemins d'évasion.
Malgré le grand silence entourant ses contacts, leur influence n’échappait pas au chef de la Gestapo d’Aix-la-Chapelle. Parmi les autorités allemandes, des amis de jeunesse lui conseillaient d’ailleurs d’être prudent et surtout de ne plus avoir d’activité en faveur des prisonniers français évadés qui cherchaient de l’aide pour passer la frontière. Jean Arnolds était trop surveillé… d'autant plus que des courriers de plus en plus nombreux, et bien que codés, voulaient informer celles et ceux qui étaient encore prisonniers du passage par Montzen. Il finit par se rendre à leurs arguments, sauf en un cas comme on le lira plus loin.

Un gros problème pour les habitants de la région, surtout les plus jeunes, était de connaître les droits rattachés à leurs statuts. Il y avait ceux à qui on appliquait la citoyenneté allemande totale et ceux qui étaient classés administrativement et provisoirement comme « Deutsche auf Wiederruf », à savoir comme allemands avec possibilité de révocation. Pour les fonctionnaires, tout était prescrit dans une circulaire du Ministère de l’Intérieur du 1er septembre 1940. Mais les personnes concernées en ignoraient totalement le contenu. C’était le règne de l’arbitraire.

Un jour de 1942, un ami allemand haut placé accepta de lui passer la circulaire entre la fin des bureaux et la reprise du lendemain matin tôt. Jean Arnolds passa la soirée, avec un ami, à dactylographier les paragraphes les plus importants du texte. Mais c’était insuffisant pour maîtriser toutes les nuances du règlement. Jouant d’audace, le vicaire de Montzen commanda cent exemplaires à Berlin, à l’imprimerie du Journal officiel. Il les reçut par retour de courrier, en remit quelques-uns à des personnes de confiance, et en fit transmettre d’autres aux services belges de la Résistance. Le reste passa dans la chaudière. Nul ne sait combien d’habitants de la région purent ainsi manœuvrer habilement face aux fonctionnaires nazis et passer au travers des mailles du filet. Leur nombre est sans doute très important. Cette action permit notamment à quelques jeunes de voir clair. Cependant, dès le printemps 1943, la réquisition pour le travail obligatoire mit les jeunes devant un nouveau défi. Certains passèrent la frontière, d'autres trouvèrent à se cacher dans la région.

Au printemps 1943, un évadé français se présenta à la vicairie de Montzen. Jean Arnolds voulait le renvoyer en disant qu’il ne pouvait plus rendre, sans gros risques, ce service. La procédure normale, conseillée aux Français, était de se présenter, parmi les fidèles, à la messe du matin. Mais cet homme faisait vraiment pitié et le prêtre accepta de venir à la porte pour indiquer sommairement la route vers un passage possible de la frontière. L’homme était un suppôt de la Gestapo.

Trois mois plus tard, le vicaire et son père furent arrêtés pour des interrogatoires à Aix. Ceux-ci durèrent des mois. Ils semblaient se concentrer sur cinq faits reconnus d’aide à l’évasion. Deux vicaires de La Calamine écopèrent d’une condamnation à des années de prison pour le même motif. Il en sera d’ailleurs de même pour le père du vicaire de Montzen. De nombreuses autorités ecclésiastiques sollicitèrent la clémence des autorités nazies; l'évêque d'Aix-la-Chapelle intervint lui-même directement auprès d'Hitler. Rien n'y fit.
Jean Arnolds fut embarqué pour Berlin afin de passer devant la Haute Cour du Peuple. Il y fut condamné à mort. Il semble qu’il ne s’attendait pas à une telle sentence. Les mois suivants, il introduisait des recours en grâce où il s’efforçait de démonter les accusations et plaider qu’il n’avait agi que par charité pour aider des gens dans la détresse. Rien n’y fit. Il eut la tête tranchée le 28 août 1944. C’était une dizaine de jours avant la libération de Montzen. Le plus extraordinaire est que, jamais, au cours de ses longs mois de détention, il ne trahit aucun de ses amis. Il garda le silence jusqu’au bout. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Mais pourquoi cette sévérité ? Le journaliste H. Toussaint, du Grenz Echo, a retrouvé les actes du procès à Berlin. Ne disposant que d’un temps limité, il ne put parcourir les mille pages du dossier. Il se contenta de noter les accusations nazies et les répliques de Jean Arnolds. La réponse se trouve dans la motivation donnée par le président du tribunal : « L’accusé n’a pas agi par charité. Les faits relatés ne sont que des indices d’une activité profondément antiallemande. » En fait, opposée par conviction au régime hitlérien.

Jean Arnolds est vraiment mort pour la défense de la liberté et surtout pour son soutien indéfectible à une pensée qui refuse les contraintes de la dictature, pensée qui est aujourd’hui profondément incarnée dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme.



Jean Arnolds, le Résistant

Lorsque fut annoncée à Eupen la condamnation à mort du gentil vicaire, Jean Arnolds, la stupéfaction fut grande. Elle le fut encore plus lors de l’annonce de sa mort par décapitation. La première réaction officielle fut cependant celle de Mgr Kerkhofs en juillet 1945. Elle fut suivie par la décision des autorités locales de donner son nom à une nouvelle voirie et d’apposer une plaque commémorative sur la maison vicariale, où il avait habité pendant huit ans. Puis la commune de Welkenraedt passa également à la mise d’une plaque là où il avait résidé en temps que vicaire.

Mais le comble de l’émotion fut atteint lorsqu’en 1982 un prêtre français vint à Montzen pour remercier les passeurs qui avaient aidé tant d’évadés français des camps de prisonniers. Lui-même avait bénéficié de l’hospitalité du vicaire. Il fut atterré lorsqu’il comprit à quelle issue fatale ce genre de geste l’avait conduit. Suite à cette visite, là-aussi une plaque spécifiant le merci des évadés français salue les gestes charitables de l’abbé.

Vers la fin des années 80, un mouvement se dessina pour réunir plus de témoignages sur ce qu’avait été dans les faits l’action de Jean Arnolds. Monsieur Massenaux (cheville ouvrière des associations régionales d’anciens combattants) fut l’animateur d’un groupe qui finit par envisager sa béatification. Ce dossier semble n’avoir été soutenu que mollement par l’évêché.

A cette époque, le journaliste Henri Toussaint commençait une série d’articles sur des aspects moins connus du temps de guerre. Il fut intéressé par la personnalité d’Arnolds et intrigué par son rayonnement qui allait croissant. Finalement, il lui consacra deux pages entières du Grenz Echo et découvrit peu à peu quel rôle influent cet homme avait assumé avant et pendant la guerre. Mais surtout profitant d’un voyage professionnel à Berlin, il parvint à retrouver le dossier d’accusations contre lui. Comme il y aurait eu près de 1000 pages à consulter, il se contenta de prendre note des motivations du jugement et du pourquoi de la sentence de mort. Il comprit alors le rôle essentiel de résistance à l’idéologie nazie qu’avait assumé ce vicaire apparemment inoffensif

Comment fut-il résistant ?

Quand on parle de résistance pour Jean Arnolds, on pense immédiatement à son action en faveur des évadés. Or pour lui il ne s’agissait pas là de résistance. Il s’agissait d’une action sans contenu idéologique en faveur d’hommes en attente d’un geste de charité. Lorsque les premiers évades se sont présentés, il les a interrogés sur leur motivation. Il s’agissait toujours de mal du pays, de réaction au fait qu’il y avait tant à faire au pays et qui vivaient dans l’oisiveté et parfois du souci vis-à-vis des réactions de leurs compagnes. Ils n’avaient pratiquement aucun sentiment particulier vis-à-vis des Allemands. Arnolds qui était passé lui-même par les camps de prisonniers compatissait à leur sort

Par contre la résistance pour lui, c’était poursuivre l’œuvre commencée à Eupen : combattre l’idéologie nazie surtout chez les jeunes. Venait s’y ajouter, du fait de la mise en place des autorités allemandes, une mission d’aide aux habitants complètement désorientés par les nouvelles conditions de vie et les règlements opaques de l’administration. Celle-ci procédait par étapes. D’abord un décret du Führer fixant la décision cadre {ce territoire est annexé}.
Puis le document le plus important et le plus secret : une circulaire du ministère en charge (dans ce cas, l’Intérieur). Et enfin les mesures d’application, morceau par morceau (par les services exécutants). Le premier et le dernier document sont plus ou moins disponibles, mais jamais la circulaire qui est pourtant le document de référence. Qu’il s’agisse de réquisition, de nationalité, de règles financières tel que le passage en douane, c’est la circulaire et elle-seule dont la connaissance permet une discussion utile entre service public et administrés.

Il en fut ainsi pour les détenteurs d’une carte permettant de passer en Belgique occupée pour des raisons professionnelles. Ils ne pouvaient pas rester plus qu’une journée. Cependant un article de la circulaire permettait à la Préfecture (Landrat) d’accorder un permis plus long, généralement de six jours. Mais on ne l’obtenait que si on connaissait l’article dérogatoire, donc très rarement. A Malmédy, le renseignement fut donné à l’un ou l’autre ami par un Malmédien employé par l’administration allemande. Ceci montre la difficulté des démarches à cette époque.

Tout le monde n’avait pas les possibilités et le culot de Madame Schillings-Beaufays résidant à Kettenis. Celle-ci se trouvait en but aux menaces et vexations d’un fonctionnaire SS important, qui lui reprochait en fait d’être restée sur place au lieu de partir vers l’intérieur de la Belgique. Elle eut recours à un avocat connu du barreau de Cologne. Celui-ci remit l’autre dans les bons rails et le SS se calma, non sans avoir juré dans une lettre adressée à l’avocat qu’il se vengerait «après la victoire finale ».

Les renseignements glanés par l’avocat furent transmis à Arnolds. Mais il n’en avait vraiment pas besoin. Il avait organisé ses propres sources d’information. Les discussions préliminaires à l’accord de diffusion du journal diocésain d’Aix à Eupen l’avaient mis en rapport avec diverses autorités rhénanes. Celles-ci avaient compris qu’il n’était pas un ennemi de la culture allemande et déploraient les vexations et tracasseries dont il était la victime. Plusieurs étaient prêts à l’aider Sans compter quelques solides amitiés eupenoises.

Ce réseau informel fut sollicité par lui pour un problème important : celui des limites au recrutement pour la Wehrmacht. Le décret du Führer du 18 mai 40 avait simplement annoncé l’annexion des pays rédimés et de quelques villages patoisants. Des arrêtés pris fin septembre réglaient des points d’application. Mais il manquait les informations principales qui devaient se trouver dans une circulaire du ministère de l’intérieur. On en découvrit assez rapidement la date. Cependant comment arriver au texte ? Arnolds obtint finalement de l’un de ses amis-haut placés dans l’administration allemande de lui en communiquer un exemplaire après les heures de bureau mais à remettre le lendemain matin avant sept heures. Du coup, Arnolds et un ami (Léon Schillings) passèrent de longues heures du soir, d’abord à étudier le texte puis à en dactylographier les points principaux (avec des copies par papier carbone). Cela lui permit déjà de renseigner l’une ou l’autre famille sur la situation de leurs fils vis-à-vis des menaces de recrutement à l’armée. Une copie fut transmise aussi aux responsables de l’Armée Secrète à Verviers. En fait tout dépendait du classement des intéressés en citoyens allemands de plein droit ou classés en citoyenneté provisoire. Les règles applicables étaient décrites dans le plus grand détail par la circulaire. La détention d’une copie partielle du document n’était donc qu’un pis-aller.

Arnolds ne se découragea pas. Il avait noté soigneusement toutes les références du document. Il eut le culot de commander, à l’imprimerie officielle à Berlin, 100 exemplaires à livrer à son adresse (un peu arrangée) Et il les reçut, pratiquement par retour de courrier. Il garda quelques exemplaires pour donner à des amis sûrs et aux services belges, et il brûla les autres. Il put ainsi aider encore pas mal de personnes à voir clair dans leur situation. Jamais il ne conseillait une action quelconque. Il se contentait d’explorer avec ses interlocuteurs les conséquences prévisibles de leur décision

Une autre action où il joua un rôle décisif mais secret fut son appui à une action concertée des éleveurs contre une décision du responsable nazi du secteur agricole. Contrairement aux conventions anciennes, il voulait que les fermiers livrent la totalité de leur lait et pas seulement la crème à la Laiterie de Walhorn. Il soupçonnait (à juste titre) que tant que les fermiers pouvaient écrémer le lait et ne livrer que les excédents de crème, une bonne partie de celle-ci était convertie en beurre alimentant les marchés parallèles, spécialement de la région de Verviers. Certains pensaient que comme la laiterie avait été conçue pour ne travailler que la crème, un afflux de lait dépasserait la capacité de réception des installations. Ils conseillaient donc de livrer massivement du lait (même un peu allongé) et que ceci démontrerait l’absurdité de la décision et forcerait les autorités à rendre aux fermiers des pièces essentielles de leurs écrémeuses, qui leur avaient été confisquées Cependant pour risquer cette action, il fallait avoir l’avis d’un technicien connaissant à fond les capacités de la Laiterie On pensa à l’ancien directeur et concepteur de la Laiterie. Or celui-ci était assigné à résidence au château d’Astenet avec interdiction, sous peine de déportation, d’avoir quelque contact que ce soit avec le monde agricole. Arnolds intervint auprès de lui pour qu’il accepte de recevoir un émissaire neutre (Léon Schillings). La réunion eut lieu un soir avec des précautions dignes d’un film. L’essentiel fut qu’il approuva le plan et donna même quelques conseils pour le rendre plus efficace. Et l’action eut lieu. Un inspecteur fut appelé d’Aix. Il constata le ridicule de la décision et la fit annuler. La préparation de beurre à la ferme (et les livraisons à la Résistance) put reprendre.

Ces deux exemples montrent le caractère décidé de Jean Arnolds quant il s’agissait de promouvoir l’esprit de liberté et de respect de la personne. Deux valeurs que son juge à Berlin ne pouvait pas accepter. De ce fait, il fit de ce martyr un héros.


Texte transmis par M. Paul Schillings et mis en ligne avec l'aimable autorisation de ce dernier.
 
 
Note: 5
(1 note)
Ecrit par: prosper, Le: 28/05/11


Scroll
Scroll