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Rss Témoignage d’un requis belge du S.T.O.

Mes mémoires de guerre



Marcel est né le 23 Mai 1923. Il s'est marié le 24 Janvier 1944 avec Yvonne (qu'il appelle Maman) née le 29 Juillet 1921.
Au moment où la guerre a commencé, Marcel habitait, rue de l’Hôtel à Steenkerque (près de Braine le Comte) avec ses parents Jules , Angélique "dite Marie" et sa sœur Irène.

C’est le vendredi 10 Mai 1940 que cette histoire commence; étant engagé dans une ferme voisine à cause du chômage aux carrières de Quenast (j’y avais commencé à travailler à 14 ans) et le manque de personnel dans les fermes suite à la mobilisation générale de l’armée .
Une journée dans les fermes en cette période de l’année commençait très tôt !
Me rendant à mon travail vers 5 heures du matin, il faisait beau temps, un ciel très bleu, je vois dans celui-ci des avions volants à très haute altitude. Sans m’en inquiéter outre- mesure, je m’occupe à rassembler le bétail et le rentrer à l’étable pour la traite en attendant l’arrivée de la patronne, sa fille et le premier ouvrier. Nous nous mettons tous au travail lorsque la fille arrive dans tous ses états nous annonçant que c’était la guerre, elle avait entendu l’information à la radio.
Entre-temps, l’aviation allemande avait déjà bombardé le champs d’aviation de Nivelles et les troupes allemandes étaient rentrées en Belgique comme en 1914. Du coup, branle bas de combat, on ne savait plus quoi.
Le travail se faisait bien sur mais tout à fait sur un autre rythme, on voyait les gens aller et venir comme déboussolés. Dans l’après-midi, les premiers français passaient dans le patelin étant donné que la route militaire passait à proximité du village. Ce que les gens ignoraient c’est que le 11 ou 12 mai toute une batterie d’artillerie française allait arriver à Steenkerque.
Alors, un ordre du gouvernement est arrivé à la commune, mobilisation des hommes de 16 à 35 ans; ceux-ci devaient se rendre par leurs propres moyens en différents points de rassemblement.
Pour beaucoup d’entre eux ce fut Ypres. Commencent alors les préparatifs de départ pour rejoindre un de ces points avec deux camarades, mais bien sur pas tellement enclin de partir.
Entre temps, on observe les troupes françaises se préparant à partir, elles aussi, à la tombée de la nuit vers Ronquières .
Quant à nous trois, partira, ne partira pas ? On observait un va et vient de soldats gradés belges, français et de simples soldats.
Vers le 13 ou 14 mai arriva un ordre de l’armée enjoignant la population d’évacuer le village. Steenkerque étant devenu la deuxième ligne, la première passant par Ronquières. Il n’en fallait pas plus pour que le programme des trois amis change, le plus vieux des trois arrive à la maison et me dit que vu que nous ne sommes pas partis, nous partirons avec nos familles.
C’est ainsi que vers le 20 mai nous avons évacué, fermiers, parents, enfants, voisins avec chevaux, chars, les fermiers abandonnant tout le reste du bétail, les autres, nos maisons et les petits biens que nous possédions. Nous voyageons de jour, cherchant un abri pour la nuit en vue de se reposer un peu ainsi que les bêtes, … quand cela était possible!


L'exode de mai 1940



En chemin nous avons fait connaissance d’une famille qui était composée d’hommes, femmes, enfants et d’une petite vieille. Cette dame était éreintée et nous l’avons prise en charge dans la charrette. Tout le long du parcours elle priait et lorsqu’une attaque d’aviation avait lieu, elle nous disait "Continuez, ce n'est pas pour nous".
Nous n’avons jamais été inquiétés …. chance, coïncidence, Dieu seul le sait!
Nous avions également une jument qui attendait un heureux événement. Nous l’avons aidée à mettre bas. Nous gardions le poulain au chaud dans la charrette et le déposions près de sa mère pour qu’il tète. Malheureusement nous l’avons perdu, il n’a pas résisté à ce voyage .
Mon père n’était pas content du tout lorsqu’un jour, sans le faire exprès, j’ai accroché une roue de moto avec la charrette. A notre âge nous étions un peu inconscient du danger, mais les personnes plus âgées réagissaient bien différemment de nous.
C’est ainsi que nous pouvions à certains moments assister certaines personnes comme cela a été notre cas.
Nous nous sommes retrouvés, lors de notre périple, du côté de Béthune, La Bassée, avant d’être rejoints par les allemands dans une ferme à Douvrain (dans le nord de la France).
A partir de là c’était retour à la case départ par Tournai, Mons, Neufvilles par la chaussée Brunehaut afin d’éviter le plus possible le trafic des troupes ennemies et heureusement nous sommes rentrés chez nous sans trop de dégâts.

Alors commence sous l’occupation la vie à la ferme. Bien sûr, comme c‘était la pleine campagne (une consolation), nous n’avons pas été trop gênés par l’occupant comme cela à été le cas dans certains villages environnants (Rebecq, Horrues, Petit Roeulx).
Ayant changé de ferme, parce que les parents n’avaient pas accepté les conditions de travail du beau fils de mon ex-patronne (elle n’était toujours pas rentrée d’évacuation, ainsi que la fille de la ferme qui m’occupait avant le 10 mai), le fermier, pour qui mes parents travaillaient en saison, m’engagea et je me trouvais bien.
Lui faisait le travail à l’intérieur de la ferme et moi j’allais aux champs avec les chevaux, ce qui ne me déplaisais pas.
Comme le patron était volontaire de guerre 1914-1918, et de surcroît un patriote, un jour, tout au début de 1941, nous étions en train de préparer la nourriture pour le bétail, il me touche un mot de résistance me laissant le temps de réfléchir. Comme tout jeune, la réflexion n’a pas traînée ne sachant pourtant pas à quels dangers je m’exposais.
C’est ainsi que je m’engage, en Février 1941, dans la Légion Belge, devenue par la suite l’Armée secrète.
Entre temps, le commandant du district a été arrêté et envoyé au camp de concentration de Breedonk ( Malines).


Travailleurs forcés à Breendonk



Le commandant-adjoint était également recherché mais avait réussi à se soustraire à la gestapo. Tout était prévu en cas d’arrestation, il y avait des remplaçants. C’est ainsi que le groupe dont je faisais partie a prêté serment, avec le nouveau commandant, au milieu de l’année 1941.
Après notre prestation de serment dans la Légion Belge (qui est devenue par la suite Armée Secrète) devant le chef de groupement, parce que l’Armée Secrète était divisée en zones et secteurs, notre groupe faisait partie de la zone 1 secteur D10. Chaque zone était commandée par un officier de l’armée et un sous-officier. Souvent ces gradés étaient de réserve. Avant la mobilisation de 1939, il est à noter que souvent les hommes des escouades ne se connaissaient pas, précisément pour qu’il n’y aie pas de fuites .
La prestation dans l’Armée Secrète consistait surtout, avant la première moitié de l’année 1943 avoir la chance de ne pas être découvert par la gestapo. Cela n’a pas empêché certains de nos compatriotes de tomber entre leurs mains. Là, c’était prison , camp de concentration (Breendonk par exemple). Tout voir , tout entendre et ne rien dire ( apprendre à fermer ce qui nous servait de bouche !).
Nous devions surveiller les mouvements de troupes, le cas échéant les identifier, renseigner sur les collaborateurs et les dénoncer, ramasser si c’était possible des munitions jetées par les troupes françaises, belges en retraite.

Les parachutages d’armes et munitions ont vraiment commencés vers 1943. Ceux-ci étaient effectués sur ordre de Londres, Etat-Major allié et sur des plaines reconnues par cet Etat-Major. D’après les renseignements donnés par la résistance les hommes qui étaient désignés pour la récolte des containers étaient des hommes sûrs et des gars qui n’avaient pas froid aux yeux!
Certains groupes ont du faire face à des attaques allemandes parce qu’ils avaient été infiltrés par des collaborateurs et dénoncés. Les sabotages de l’Armée Secrète n’ont vraiment commencé que dans la deuxième moitié de 1943 pour durer jusqu’à la retraite allemande, de même que pour l’attaque de certains groupes de l’armée allemande après le débarquement de Normandie.
Avant cela, il nous était strictement interdit, à part quelques occasions bien précises, de nous attaquer aux forces d’occupation afin d’éviter les prises d’otages et les représailles sur la population .
Certains groupements hors armée secrète se sont livré à des attaques sur des membres de l’armée occupante ce qui valu l’arrestation d’innocents qui n’avaient strictement rien à voir avec la résistance! Ils ont été fait prisonniers, fusillés ou déportés dans des camps de concentration (beaucoup ne sont pas revenus).
Après la libération, en septembre 1944, beaucoup de membres de l’Armée Secrète ont été versés dans l’Armée belge revenue d’Angleterre ou dans l’armée anglaise ou Américaine .

Par la suite, en 1942, un différent intervient entre mes parents et le patron fermier qui m’employait. Ils me font quitter cette ferme et réintégrer la place que j’occupais avant l’évacuation.
Durant cette période de transitions et de malaises, j’ai connu la fille qui devait devenir ma femme.
En 1943 les Allemands instaurent le service du travail obligatoire. En effet, vers le mois de mai, je reçois une convocation pour me rendre à la Werbestelle (bureau de recrutement du travail en Allemagne ). J’en fais part à la patronne de la ferme car je devais m’absenter un jour afin de me présenter à ce bureau qui se situait à La Louvière. Le lendemain elle me dit que son beau-fils m’accompagnera.


Immeuble abritant une "Werbestelle"



Le jour arrivé nous sommes donc partis à deux à La Louvière. Arrivés au bureau, lui seul entre. Il ressort au bout d’un moment et me signifie que je suis exempté de l’Allemagne au moins pendant 1 an. Nous pûmes deviner mon contentement, et la vie reprend son cours normal.
Mais voilà, c’était sans compter sur le désir pressé de se marier. Sans que cela ne soit nécessairement obligatoire!!!, le 24 janvier 1944 j’épousais donc Yvonne.
Cet événement me mène à quitter mes parents, mon village, la ferme et de m’installer avec mon épouse à Braine-le-Comte. Nous avons habité quelques temps chez mes beaux parents
(Camille et Léona) et au mois de mars nous déménagions pour le 112 rue de Mons qui est devenu par la suite le 110.
Au début Mars 1944 , je reçois une seconde convocation pour me présenter à la "Werbestelle" de La Louvière. De commun accord avec Maman, nous décidons de la cacher dans le buffet derrière la vaisselle. De ce fait, je ne me suis donc pas présenté croyant être toujours susceptible d’être réquisitionné avec l’entreprise qui m’occupait sous la coupe de l’occupant.
Malheureusement à mon retour nous n’avons jamais retrouvé ce papier et, par conséquent, je n’ai jamais su prouver le fait d’être réfractaire au STO (service du travail obligatoire) .

Je quitte les fermes et je suis engagé à la firme Desenfant, entreprise de travaux publics apparentée à ma belle-famille et où apparemment les ouvriers pouvaient être réquisitionnés par les Allemands pour réfection des routes et ponts suite aux destructions de l’aviation alliée et de la résistance qui commençait les sabotages (nous n’avons jamais été inquiétés outre mesure).
Un beau jour, au début de 1944, j’apprends l’arrestation du groupe de résistance auquel j’appartenais. Ma chance peut-être de ne pas être arrêté est due certainement au fait que je n’habitais plus le village. Dès ce moment j’évitais le plus possible de rendre visite à mes parents à Steenkerque, de peur de me faire pincer ou de causer des ennuis à ceux-ci .
Et nous voilà le lundi 7 août 1944, à la prise de service vers 7 heures du matin. Nous sommes commandés à trois, le chauffeur du camion, son fils et moi d’aller nettoyer les bords de la route entre Le Roeulx et Houdeng. Mais, à l’entrée du Roeulx, dit Montauban, nous sommes arrêtés par deux types en civil et un allemand, mitraillette aux poings .
Un des trois monte sur le marche-pieds du camion et demande "qui est le nommé Brisack?". Ayant répondu que c’était moi, il m’a invité à descendre et à monter dans la voiture qui les accompagnait, le camion quant à lui pouvait repartir .
Ils s’engouffrent eux-mêmes dans la voiture, une 11 légère Citroën et commandent au chauffeur de démarrer et de se diriger vers Soignies. Là, je me suis dis que mon affaire n’était plus tellement claire. Arrivé au-dessus du carrefour de la route de Naast à Thieusies, un des trois aperçoit deux hommes dans les champs et commande au chauffeur de stopper.
Ils sortent du véhicule et se mettent à la poursuite de ces deux hommes qu’ils parviennent à arrêter également.Ils les poussent dans la Citroën et font demi-tour direction La Louvière.
Ils nous déchargent au pied du château, au carrefour du Drapeau Blanc, et nous enferment dans des cachots aménagés dans les caves du château. Là, j’étais encore moins certain de mon sort. Au bout d’un moment j’entends du remue ménage, ils nous amenaient des compagnons d’infortune. Dans l’après-midi ils nous font sortir et nous chargent dans un camion avec deux ou trois loustics à la mine d’abrutis mais quand même sourire aux lèvres et bien armés, pour éviter le cas échéant une tentative d’évasion .
Nous étions sous bonne garde. Devant comme derrière : soldats armés. Nous avons pris la direction de Mons et nous voilà débarqués dans une sorte de prison mais cette fois une cour et des chambres, toujours sous bonne garde .
Les bougres qui nous avaient arrêtés le matin étaient la sinistre bande Duquesne de La Louvière, des collaborateurs bien cotés des allemands.
Ce qui était comique dans cette prison c’est qu’un soldat de garde parlait wallon comme nous. C’était un allemand qui avait travaillé dans la mine au borinage et avait été mobilisé à l’arrivée des allemands en Belgique, pas trop méchant gars. Le lendemain nous avons eu la visite de mon épouse, Yvonne était venue avec sa belle sœur Georgette. Nous étions contents d’autant plus que ma femme était enceinte.
C’est ainsi que j’ai appris la présence d’un Brainois également incarcéré. Il y avait un SS qui cherchait à engager des prisonniers parmi eux, je ne pourrais dire s’il y a eu beaucoup d’amateurs malgré ses boniments, un véritable représentant de commerce .
Le lendemain, le 9 août au matin, les Allemands nous réveillent nous annonçant que nous allions faire partie d’un convoi. Malheureusement j’étais sur la liste car tous les prisonniers ne partaient pas . Donc le 9 août, on nous charge dans un autocar. Nous étions une vingtaine, accompagnés de trois ou quatre hommes de la gestapo ( belges ).
En passant à Braine-le-Comte l’un d’eux remarque que je regardais la maison, il a eu la présence d’esprit de me demander "C’est là que vous habitez?". Répondant par l’affirmative, il me dit "Ecrivez un mot pour votre femme, je lui remettrai à mon retour". Ce qu’il a fait, c’était honnête de sa part d’avoir tenu sa promesse!

Nous avons été débarqués à Bruxelles dans une caserne soit de la gendarmerie, soit de l’artillerie jouxtant celle-ci, et parqués dans l’écurie. Là, nous étions au moins 500 ou 600 wallons, flamands. Ensemble, nous y avons passés la nuit, couchés à même le sol sur de la paille.
Dans l’avant-midi, j’étais appelé au corps de garde et l’on m’a remis une valise en osier accompagnée d’une couverture blanche en me disant que cela provenait de mon épouse, mais on n’a pas pu se voir. C’est à mon retour que j’ai su que Maman était venue, accompagnée de sa belle sœur Georgette. Elles avaient fait le trajet en auto stop, parfois juchées sur la plate forme d’un camion citerne .
Vers 3 ou 4 heures de l’après-midi, on nous a rassemblés dans la cour pour le grand départ vers l’Allemagne et le cortège s’est mis en route pour la gare d’Etterbeek, bien gardés par les soldats mais sans oublier de chanter en français et en flamand la Brabançonne au nez et à la barbe des schl........
Arrivés dans la cour de marchandises de la gare, le train nous attendait mais toute l’installation était également gardée par la troupe, personne ne pouvait nous approcher.
Avant d’embarquer nous avons reçu, si mes souvenirs sont bons, deux boîtes de sardines (rien pour les ouvrir, Maman avait mis une fourchette et une cuillère pliante mais pas
de couteau, j’avais cassé une lame de scie à métaux à l’école, je me suis donc débrouillé pour fabriquer un ouvre-boîte de fortune) provenant de la croix rouge et peut être autre chose mais cela m’échappe. Puis l’ordre est donné de monter dans le train. Celui-ci était composé de voitures de bois en service à ce moment là aux chemins de fer belges. C’était toujours mieux que des wagons à bestiaux comme certains déportés ont eu la malchance d’avoir et d’être ainsi entassés comme des bêtes.
A chaque bout de voiture, il y avait un compartiment avec une dizaine de soldats qui nous gardaient. Le départ s’est fait assez tard car lorsque le train s’est arrêté à la gare du Quartier Léopold le soir tombait déjà. Là aussi il y avait des membres de la croix rouge. C’est ainsi que j’ai encore pu écrire un mot à Maman. Après un bon moment le train est reparti pour rejoindre la gare de Schaerbeek.
La ligne était assez forte en déclivité et nous avons passé trois ou quatre tunnels avant d’arriver à la bifurcation dite "Cage aux ours" pour rejoindre la gare.
A un certain moment dans un tunnel, le train fut tamponné par une locomotive lancée de la gare du Quartier Léopold provoquant une alerte générale de nos gardiens qui sont descendus dans les voies pour éviter les évasions éventuelles.

Toujours est-il que lorsque nous sommes arrivés en gare de Schaerbeek, il faisait jour. Là nous avons changé de train. L’avant-midi était déjà bien avancée lorsque le train est reparti pour de bon, pas trop vite quand même! A un certain moment, en pleine campagne au-dessus de Louvain, il y a quand même des gars qui ont essayé de s’évader. Un a été repris ayant été blessé au front par une balle tirée par un soldat, ils ne rigolaient pas les gars!!
Les arrêts facultatifs étaient finis, sauf changements de locomotive. Si je me souviens bien, nous sommes passés en gare de Wuppertal. Il faisait chaud. Au crépuscule le paysage était rempli de geysers, c’était beau à voir et encore une nouvelle nuit à passer dans le train.
Au cours de l’avant-midi du 12 août, le convoi fait arrêt en gare de Erfurt; les Allemands en font descendre un certain nombre de gars dont le Brainois que j’avais rencontré à la prison de Mons. Puis on continue en direction de Kala où tout le monde descend. Nous sommes mis en rangs, nous sommes conduits vers un lazarett (infirmerie) et parqués sur un terrain de football. Là, quand même, nous avons pu aller aux toilettes et boire un peu, parce que jusque là ni boire, ni manger, disons juste nos pauvres provisions qui avaient pu nous parvenir par nos parents avant de partir de Bruxelles.
C’est ainsi qu’étant rassemblés sur le terrain, j’ai eu l’occasion de rencontrer un autre Brainois, en l’occurrence Joseph Duquesne dit "Joseph del tour".
Au cours de l’après-midi, nouveau rassemblement, direction la gare. Devant celle-ci un tri s’opère : travail lourd – travail léger. Comme notre ami Joseph était un loustic fort éveillé, il me prend par le bras et me dit "travail léger, nous avons mal à l’estomac". Résultat, travail lourd reste à Kala, travail léger prend le train vers Iéna.
Nous voilà donc repartis. Halle : changement de train direction Oschersleben (Bode) où nous arrivons de nuit. Si ma mémoire est bonne, une chaude réception nous attendait à la gare par des "Werkschutz". En route pour le camp Gemeinschaft lager 23, nous avons logé, tant bien que mal, dans la première chambre venue. Donc le 13 août : entrée du camp qui ne sentait pas la rose et les chiens nous ont chaudement accueillis!

Au lever, nous avons pu constater que nous étions avec des Hollandais et quelques Belges, dont un que j’avais connu à l’école, Jules Deschamp de Braine-le-Comte. Cette journée s'est passée assez tranquillement.
Le 14 août, réveil à 5h30. Comme il faisait bon et chaud, des tables ont été placées devant le bureau du chef de camp. Là, nous sommes passés un par un. Nom, nationalité belge? Pas très bien compris par nos grands amis d’outre Rhin.
Ce qu’ils comprenaient : Wallonne – flämiche, cet interrogatoire était assez complexe. Métier ? Une idée me vient à l’esprit, toute droite sortie de ma petite tête. Tout fier je dis "mécanicien!" Après réflexion je me suis dit que j’aurai peut-être la chance de travailler dans un garage ou quelque chose de pareil. Après cet intermède, nous avons reçu notre ration du jour et notre ausweis (laissez-passer n°004638 ).
Après cela nous fûmes conduit, sous l’escorte du chef de camp hollandais, à l’usine et au hall où nous devions nous rendre le lendemain 15 août car pour les Allemands ce jour n’était pas férié.
J’ai été placé devant un établi et j’ai du apprendre à scier, buriner, limer et river. Ce n’était pas tellement dur mais ce n’était pas ce à quoi j’avais pensé !
Ce qui était également fort, c’était les chiottes qui servaient tout aussi bien à nous, qu’aux prisonniers de guerre. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance d’un homme de Nivelles qui, vu ma détresse (parce qu’au début, nous n’en menions pas large ..) m’a demandé d’où je venais ? Quand je lui ai dit de Braine-le-Comte, il m’a demandé l’adresse de Maman et m’a promis de lui écrire comme étant parent, je crois qu’il l’a fait.

Vers la mi-septembre, un jour dans l’après-midi, le contremaître est venu près de moi me disant "demain vous passez ici, mais vous ne travaillerez pas".
Travailler était un grand mot, mais le travail n’était pas trop dur quand même. Le lendemain matin je me rends au hall, là un petit ketje (bonhomme) viens nous chercher le Polonais et moi. Il nous emmène par ce qu’on pouvait appeler une grand rue. Tout autour de nous ce n’était que halls détruits par les bombardements. Au bout de cette rue, la plaine d’aviation. Nous voilà arrivés derrière le dernier hall au bureau du directeur de celui ci, un homme à l’air sympa et même question wallon, flâmiche ? Lorsqu’il appris que je n’étais pas belge mais wallon, tout sourire et me voilà technicien!! Je me suis dis "Marcel comme technicien vous êtes bien tombé!".
Il me dit en Français quasi impeccable "vous ferez équipe avec Frans, un flämiche d’Olsene près de Gand". Et me voilà bombardé rôdeur de moteur BMW sur appareil Fockewulf 190, non pas dans un garage mais en plein air, sur une plaine d’aviation. Heureusement pour moi, le mécanicien technicien ce n’était pas moi mais l’ami Frans. Nous n’avions qu’à régler certains appareils que le mécanicien nous commandait, lorsqu’il avait fait tourner le moteur après un certain temps et un certain nombre de tours.
Quand il faisait bon temps ce n’était pas très dur, mais le mauvais temps approchait dans cette contrée, pluie, tempête de neige. Là ce n’était pas du gâteau ! Toujours sur la plaine en plein vent, nous ne rigolions pas tous les jours.
Cela a duré tout l’hiver, 20 minutes à pieds dans la neige, à peine chaussés. Puis toute la journée dehors, et même quelquefois tard dans la nuit, lorsque l’armée demandait des avions. Seule consolation à ce moment là, le directeur du hall commandait à la cantine de fournir un supplément de repas, c’était toujours ça !
Pour la nourriture, nous n’étions pas gâtés. Pour le café ou plutôt jus de chaussettes, nous devions chacun à notre tour aller le chercher. Au camp, chaque jeudi, la ration hebdomadaire nous était donnée: un demi pain noir, un bout de beurre, un morceau de fromage au cumin (que je détestais) et une ou deux tranches de saucisson, on devait tirer son plan avec cela.
Heureusement en travaillant à la plaine nous nous rendions tous les midis à la cantine. Là, d’août à octobre plus ou moins, nous recevions trois ou quatre pommes de terre en chemise, deux tomates, une fine pelate (très fine tranche) de viande et une tranche de pain. Après Octobre nous recevions trois ou quatre pommes de terre en chemise, choux rouge, toujours une pelate de viande et une tranche de pain. Cette tranche de pain nous la donnions, en essayant de ne pas nous faire prendre, à un groupe de prisonniers en tenue rayée et ayant manifestement faim, qui se tenait à la sortie de la cantine, gardé par un SS armé.
Le premier qui arrivait à attraper le pain, engloutissait en une fois la tranche de peur de se la faire voler par un de ses camarades. Il y avait un SS qui faisait mine de ne rien voir, ce n’était pas le cas de tous ! Alors, il fallait faire gaffe à nous.

Après un court séjour dans la baraque des hollandais, relogement dans la baraque des français. Disons que là aussi nous étions considérés comme des intrus. Nous avons subi une perquisition en règle par les SS un dimanche matin, tout le monde dans la cour du camp par un crachin et un froid de canard, cela a duré presque toute l’avant-midi avant de pouvoir réintégrer le baraquement.
Quelques temps plus tard nous avons de nouveau déménagé pour cette fois se retrouver dans une baraque de belges. La chambrée était composée de huit lits superposés garnis, si on peut dire, d’un matelas et d’un soi disant oreiller en paille de bois. Nous avons été envahis par les poux. Ils étaient énormes ces totos là. Le soir nous passions notre temps à les tuer et lorsque nous le pouvions, nous faisions bouillir nos chemises afin de les éliminer.
Nous avons eu plus de chance que les autres car nous en sommes arrivés au bout et c’était un énorme soulagement. Je peux vous dire que j’en ai pleuré, c’est dégoûtant et répugnant ces saletés de bestioles.
Nous étions vingt marmots (jeunes hommes) dans cette chambre. Je me suis lié d’amitié avec André de Mouscron que j’ai revu après la guerre. Nous sommes restés en contact bien longtemps. La dernière fois que je l’ai vu c’était au mariage de ma fille en 1981. Il y avait aussi Ferdinand de Herseaux, Henri de Dottignies, Roger de Morlanwez, Edouard de Marchienne, Albert de Charleroi , Pierre et François de Quaregnon, Valère de Grammont et les autres dont je ne me rappelle plus les noms.
Mes collègues de la plaine étaient logés juste en face de notre chambre. Dans cette baraque nous étions en principe au moins deux cents, dont la majorité des flamands.
La journée commençait au coup de sifflet du chef de camp belge (flamingant) F.D.. A 5h30 chacun à son tour allait chercher le café …. Ensuite en route pour le travail sous l’œil vigilant de l’ami Frans et ce par n’importe quel temps. Vingt minutes à pieds et pas grand chose à se mettre sur le dos ni aux pieds d’ailleurs (chaussures allemandes: semelles en bois et dessus en toile). Le linge que nous avions au départ était usé, nous avons reçu une salopette c’était déjà cela. Des chaussettes? Il ne fallait même pas en parler, on s’en confectionnait avec des morceaux d’étoffe qu’on chapardait ici et là (on disait: chaussettes russes). On travaillait normalement jusqu’à 18h.

Un jour nous avons demandé au grand chef de camp de pouvoir nous doucher, la douche était collective mais c’était mieux que rien! Il nous a averti l’après-midi que la douche était ouverte mais il avait omis de nous dire que l’eau n’était pas chaude mais glacée. Beaucoup de monde était content. Nous étions cinquante en costume d’Adam mais quand nous avons reçu ce qu’on appelle la douche glacée, cinq minutes plus tard la pièce était vidée de son contenu humain et plus jamais il n’y eut de demande de douche, on se débrouillait aux lavabos.
Tant qu’à nous, rôdeurs de moteurs, si nous commencions à 6 h du matin rien ne prévoyait de terminer à 18h. C’était la même chose pour le hall de montage malgré qu’une équipe de nuit fût prévue. Notre travail consistait, après que le mécanicien BMW avait fait tourner le moteur, à régler le thermostat, changer les bougies - deux par cylindres - ce qui nous faisait quatorze bougies à remettre au magasin "non : direction trous de bombes", remplacer les tuyaux de circulation d’huile (quelques fois bourrés de papier ! Lorsque c’était connu : enquête gestapo), remplacer le manomètre défaillant dans le tableau de bord à remettre au magasin "non : direction trous de bombes". Heureusement là il n’y a jamais eu de recherches, ce que l’on appréhendait le plus c’était de retirer l’hélice tellement elle était lourde, il fallait être quatre hommes. Et les journées passaient comme cela ….
Encore fallait-il que notre mécanicien BMW soit bien luné, car le jour que ce n’était pas son jour, ce n’était pas le nôtre non plus. Chaque machine qui sortait du hall fallait pas chercher, c’était pour Frans et Martin (parce qu’ils ne m’ont jamais appelé Marcel. Je n’en avais rien à foutre, pour moi c’était du pareil au même).
Il y avait une petite baraque au bout de la plaine où nous allions nous réfugier de la pluie et lorsque les avions décollaient. Un jour, un petit homme "Heinrich", les jambes arquées, long manteau de cuir, besace sur le dos arriva et nous dit "vous êtes belges ? Oui , alors moins vite vous travaillerez plus vite vous serez chez vous!" Il écoutait radio Londres et venait nous raconter les nouvelles tous les jours .
Nous arrivons fin de l’année 1944: Noël baraque, Nouvel An baraque. Boulot sans arrêt jusquà la mi-mars où nous commençons à voir un petit changement. Une fois, nous allions ramasser les morceaux d’un avion dans les champs, une autre fois ramasser des débris à la plaine d’aviation de Quedlimbourg à une soixantaine de kilomètres de chez nous. Nous voyions des soldats en retraite, le bruit avait déjà couru au camp que nous avions été rattrapés par l’armée Américaine .
Parce que nous étions rentrés assez tard dans la soirée, puis d'une fois nous avons été bombardés durant la nuit par les doubles fuselages américains, parce que la flak qui était en gare leur avait tiré dessus, ces aviateurs là non plus ne rigolaient pas. Nous les avions déjà vu à l’œuvre en Belgique, de véritables casses-cou.

Arrive le mois d’avril avec tous ces bobards: ils arrivent, on sera bientôt libérés. Tous les jours il y avait du nouveau. Jusqu’au jour où, arrivant au boulot, l’ingénieur du hall de réparation nous dit "aujourd’hui langsam arbeit". Même qu’un pilote atterrit et nous dit que "cela ne sert à rien de réparer".
Il avait été atteint au combat et nous a dit "je ne remonte plus là haut".
Nous avons alors compris que ça sentait le roussi pour nos hôtes. Qui plus est, l’ingénieur nous dit "demain vous pouvez commencer à 8h au lieu de 6h".
Cela n’a pas fait l’affaire de notre vigilant chef de camp belge, d’autant qu’il passait dans les chambres un quart d’heure après son coup de sifflet et quand il nous a vu au lit encore à 6h30, il lui fallait une explication. Nous lui avons répondu de téléphoner à l’ingénieur du hall 8 et à partir de là il nous a fichu la paix .
Cela a continué jusqu’au 11 avril. Ce jour là, le chef mécanicien BMW nous dit "prenez de l’essence, nettoyer mon side car parce que si je ne retourne pas aujourd’hui chez moi , je n’y retournerai jamais!". Puis nous sommes allés nous asseoir au pied du hall au soleil. Il faisait déjà bon et nous regardions les troupes allemandes, ou ce qu’il en restait, remonter vers Magdeburg.
AA l’heure du dîner Frans me dit "vas avec Robert à la cantine, nous autres trois retournons au camp et rapportez nous le repas".
CComme c’était mercredi-midi c’était une soupe assez épaisse, on aurait dit une soupe aux pois. C’était pas mauvais d’autant plus qu’en trichant j’ai su arriver à en avoir une deuxième portion, et nous sommes retournés au camp.
Nous entendions tirer de tous les côtés. En longeant le sentier l’alerte a sonné. Robert me dit "si elle dure trois ou cinq minutes nous sommes sauvés!" C’était l’alerte aux blindés effectivement. Elle a sonné ce laps de temps, on voyait tous les allemands courir aux abris. Nous nous sommes dépêchés pour rentrer au camp, nous étions libérés, il était environ 12h30 .
Libérés c’était bien mais il fallait trouver du ravitaillement nous même parce que nos valeureux chefs de camp s’étaient éclipsés. Qu’à cela ne tienne, près du camp se trouvait un grand bâtiment où de temps en temps on amenait des wagons fermés, gardés par la troupe allemande .
Ce 11 avril notre camarade Albert de Charleroi n’a rien trouvé de mieux que d’aller faire une reconnaissance de ce bâtiment! En revenant près de nous, il nous dit "j’ai trouvé de la bouffe! Si vous êtes d’accords nous allons faire des brigades de chargement, une arrivera chargée à la chambre et l’autre repartira charger et ainsi de suite, jusqu’au matin".
Valère viendra avec moi en premier lieu pour connaître le parcours, c’était décidé et nous voilà partis. Dans les caves ce n’étaient que pans de lard, jambons, boîtes de lait en poudre, poudre d’œufs et boîtes de viande, le tout stocké dans des caisses. Une nuit de travail de ce genre et nous avions des réserves pour un bon moment.

Combien de temps allions nous rester là? Combien de temps allions nous mettre pour rentrer chez nous? Nous avions donc constitué une réserve pour le retour, le reste bien sûr c’était pour nos repas quotidiens sur place et aussi, à l’occasion, pouvoir faire du marché .
Par la suite, nous n’avons plus pu approcher ce bâtiment parce que les américains s’étaient rendus compte qu’il y avait des visiteurs et que les gens dévalisaient les victuailles.
Du coup, des sentinelles ont été postées à l’entrée. Nous de toute façon, nous étions servis et bien servis!
A partir de ce moment, nous avons pu déambuler en ville en respectant bien sur le couvre-feu. Les troupes américaines ne rigolaient pas, pas plus d’ailleurs pour leurs soldats que pour nous. Elles avaient peur des coups de mains de la jeunesse hitlérienne, parce que cela existait encore.
Durant une de nos sortie, nous avons rencontré un prisonnier politique polonais qui avait échappé à une marche de la mort. Ce n’était pas agréable à regarder, cet homme dans son costume rayé ou plutôt ce squelette vivant. Sa maigreur était la preuve évidente de terribles souffrances. Il était assis sur une marche d’escalier de l’hôtel de ville. Il était exténué mais a tenu à nous raconter son calvaire. Ce fût terrible de l’écouter, je n’oublierai jamais cet homme qui retrouvait un peu de dignité et surtout sa liberté .
Cela a duré jusqu’au 5 mai quand le commandement américain a annoncé que le camp entier serait levé le 7 mai au matin et transporté par camions à 70 km de là où se trouvait un dépôt de l’armée. Nous avons reçu pour le voyage un espèce de chocolat, aucun d’entre nous n’est arrivé à le manger entièrement.
Nous sommes arrivés dans une gare, Obisfeld si je me souviens bien. Désinfection et chargement dans un train composé de wagons fermés et de wagons tombereaux. Toujours en jouant au plus filou, j’ai pu trouver place dans un wagon fermé ainsi qu’un ou deux camarades de chambrée. Aussitôt que tout le monde eu pris place, le train a démarré. Pendant la nuit nous avons eu droit à un bel orage. Nous, nous étions au sec mais nos camarades dans les wagons à ciel ouverts n‘ont pas rigolé.

Le 8 mai nous avons eu droit à un très beau temps et à l’annonce de la capitulation de l’Allemagne. Notre train continuait sa route. Le 9 de l’avant-midi nous avons traversés le Rhin sur un pont construit par le génie américain, nous roulions au pas d’homme. Cette traversée n’était pas très rassurante mais tout s‘est bien passé. En passant par Munster (Allemagne), nous avons regagné Visé vers 16 h. et nous nous sommes rendus au camp de rapatriement sur les hauteurs de Visé à pieds .
Aussitôt arrivés au camp nous devions passer à la désinfection ce qui n’était pas très rigolo. On vous soufflait de la poudre sur la peau et à profusion SVP ! Après cela passage au bureau d’identification et résidence. Nous avons alors reçu un beau billet de 100 frs pour le retour. Nous avons également pris connaissance de l’heure du départ pour le retour (le lendemain vers 6 – 7 h.) et nous avons alors eu droit, pour la dernière fois, de dormir dans un hangar sur de la paille .
Le 10 mai bien sur, il ne nous a pas fallu de réveil matin. Les grilles se sont ouvertes et bon nombre de nous sont sortis du camp, direction gare de Visé, puis Liège Guillemin, changement de train direction Bruxelles Nord, arrivée aux environs de midi, ensuite le tram jusque Bruxelles Midi. Encore une péripétie avant d’être enfin tranquille, dans ce tram me rapprochant de chez moi, Monsieur le receveur m’a réclamé l’argent du parcours. Mal lui en a pris car certains voyageurs se sont insurgés en ma faveur et je n’ai pas payé!!!
Arrivé vers 14 h à la gare du Midi, je me suis installé sur un banc en dessous de la verrière, mes jambes étendues sur un sac que j’avais chapardé aux allemands et qui contenait une salopette d’aviateur fourrée de laine de mouton. La deuxième, je l’avais sur le dos parce qu’elle était plus fine. A un moment, j’ai vu passer un homme devant moi que j’ai cru reconnaître. A tout hasard je l’ai interpellé quand il s‘est retourné, c’était un cousin qui habitait Rebecq. Qu’elle n’a pas été sa surprise en me reconnaissant! Bien sur il m’a parlé immédiatement de la famille, de la maison et il m’a annoncé que j’étais papa d’un petit garçon prénommé Marcel, il était né le 14 novembre.
Il me demande si j’avais su prévenir de mon retour? Je lui ai répondu par la négative. Comme il rentrait chez lui par le train à destination de Braine-Le-Comte, nous sommes montés à bord tous les deux. Là aucun problème de paiement car gratuité de la part du chef de train. Le cousin descend à Tubize en me disant qu’il va avertir de mon arrivée par téléphone le meunier habitant à côté de la maison, lui demandant d’avertir Maman et en même temps mes parents à Steenkerque.
C’est seulement à la sortie du tunnel de Braine-Le-Comte, quand j’ai vu le clocher de l’église, que j’ai réalisé que j’étais quand même de retour. Quand je suis descendu du train il y avait trois jeunes femmes qui m’attendaient, ma belle soeur et deux cousines, Rolande et Gildas.

Maman est venue à ma rencontre en haut de la chaussée de Mons car après mon départ elle est allée habiter chez ses parents, ce qui je l’avoue ne m’enchantait pas fort. Mais enfin c’était comme cela. Après les accolades de circonstances un bon bain était le bienvenu puis à la soirée, les parents, les oncles, les tantes, la belle soeur Georgette qui avait accompagné Ivonne à Mons, à Bruxelles et qui en avait gros sur le coeur parce que son mari, le frère de Maman n’était toujours pas rentré de déportation. Il n’est rentré qu’une quinzaine de jours plus tard, il a été libéré par les russes du côté de Berlin.
Et, ce fût notre deuxième nuit de noce …,avant de reprendre le train-train de vie quotidien, revenu presque à la normale après 9 MOIS de déportation. C’est une chose que je ne souhaite sincèrement pas et de tout cœur aux jeunes.
A remarquer que je ne suis pas le seul dans ce cas, d’autres ont vécu encore bien pire et plus encore …. ils ne sont pas revenu.

SOURCE :
http://users.skynet.be/jocelyne.poesies/papa.htm
SOURCE: Photo 1
http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=120&t=38147
SOURCE: Photo 2
http://www.forosegundaguerra.com/viewtopic.php?t=4429
SOURCE: Photo 3
http://www.ethesis.net/vrouwen_woII/vrouwen_woII_hfst_2.htm

Certains nom de localités allemandes peuvent être mal orthographiées ou erronées. Merci de bien vouloir nous en excuser!!
 
 
Note: 5
(2 notes)
Ecrit par: prosper, Le: 16/10/15


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