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Rss Du Fort de Battice jusqu'en Birmanie
L’ aventure de Raymond Fischer de 1940 à 1945.

Ce jeune Wallon était maréchal des logis affecté au fortin de Waucomont qui dépendait du fort de Battice. La guerre le surprit, le 10 mai 1940, dans un décor de pommiers et de haies vives et, le temps de se retourner, il était fait prisonnier. Le 28 mai, jour de la capitulation de l’armée belge, il arrivait déjà, fourbu, au Stalag 1A.
Il s’en évada quelques mois plus tard, regagna la Belgique et fit la connaissance d’un Belge agent du S.O.E. britannique, Emile Tromme. Celui-ci avait été parachuté dans la région de Saint-Vith avec pour mission de faire sauter la cheminée de l’Intervapeur, haute de près de cent mètres, dominant une usine qui approvisionnait en chaleur et en énergie une bonne partie de l’agglomération verviétoise. Les deux hommes devaient recevoir, au cours d’un parachutage prévu près de Jalhay, le matériel nécessaire; ils s’y trouvèrent la nuit, nez à nez avec les paysans armés de leurs fourches et surveillant leurs champs de pommes de terre. Tromme fut arrêté peu après; Fischer et des amis trouvèrent 100.000 francs pour acheter la complicité de deux agents de la police allemande acceptant de le faire évader, mais le jour du rendez-vous, ils attendirent en vain l’ arrivée de leur camarade: il avait été fusillé.
Le réseau brûlé, Fischer gagna l’Angleterre par l’Espagne, puis il fut envoyé au Congo, bien contre son gré, avec d’autres évadés pourvus d’ une formation militaire. On était en 1943. Se retrouver dans la Force publique pour aller au Proche-Orient, surveiller des aérodromes et des camps de prisonniers, ne lui disait rien. Il se fit embaucher dans les services de l’hôpital de campagne que la colonie se préparait à mettre à la disposition des Alliés. Adjudant, il devint le chef d’un peloton de fusiliers assurant la protection de l’ensemble connu sous le nom de 10ème Belgian Congo C.C.S. ( Clearing Casualties Stations ). Le personnel européen comprenait 19 hommes, dont 7 médecins, ainsi que 300 indigènes affectés à des services divers et le plus souvent ''volontaires'' à la mode congolaise, c’ est à dire choisis parmi les fortes têtes dont les chefs de village cherchaient à se débarrasser. Le convoi quitta Stanleyville le 10 novembre 1943 et fut à Nairobi pour la Noël.
L’hôpital de campagne était prévu pour accompagner des troupes mécanisées en première ligne en toutes circonstances. Il était destiné au front de Birmanie.
On l’embarqua le 22 février 1944 à bord de l’ Ismaîlia, un beau bateau tout confort, dont on le délogea aussitôt, à la fureur générale, pour le mettre sur un antique cercueil flottant puant et poussiéreux, le Palaski. On avait besoin de l’ Ismaïlia pour transporter des infirmières. Les deux navires cheminèrent de concert. Huit jours plus tard, sous les yeux des passagers du Palaski, l’ Ismaïlia, torpillé par un sous-marin japonais, coulait avec tout ce qu’ il transportait.
C’est l’enfer que le 10ème. B.C.C.C.S. allait trouver en Birmanie. L’hôpital qu’il relevait venait d’ être anéanti par un commando japonais. Mais les pires ennemis, c’étaient encore
l’humidité, les moustiques, la végétation, la malaria, les vallées pourries, les sangsues de cinq centimètres et la boue d’une densité telle que, quand un véhicule s’embourbait, il fallait des éléphants pour le dégager.
Toutes choses qui n’empêchaient pas les Anglais, chaque jour à 17 heures, de prendre religieusement leur thé. Fischer et les siens devaient être, à ce moment-là, les seuls Belges présents dans le sud-est asiatique. L’avance se poursuivait; eux n’interrompaient pas la guerre pour célébrer le five o’clock; un jour, il fallut envoyer un avion pour les prévenir qu’ils avaient dépassé les troupes combattantes.
L'unité fut envoyée en repos en Inde à Noël 1944. Elle y vit l’amiral Mountbatten, qui commandait en chef dans cette partie du monde et qui lui rendit hommage en disant: ''les médecins ne peuvent pas gagner la guerre à ma place, mais ils pourraient facilement me la faire perdre''. Après un long périple par Calcutta et Chandernagor, l’ unité allait rejoindre la 12ème armée, qui devait opérer dans les Indes néerlandaises, quand la bombe d’Hiroshima mit fin à ses tribulations. Fischer, devenu représentant de la Belgique au S.H.A.P.E., revit Mountbatten à Paris en 1957. Aucun des deux n’avait oublié.

(Source: '' Un Belge face aux Japs '' par A. Balériaux et édité en 1986 par les Editions J.M. Collet )
 
 
Note: 5
(1 note)
Ecrit par: prosper, Le: 28/05/11


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