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Rss Les Cyclistes-Frontière de Visé les 10 et 11 Mai 1940

Soldat milicien de la classe 1938, S.Chantraine a été affecté au Régiment Cycliste Frontière, régiment de formation récente...
Après une période d'instruction très poussée donnée au camp d'Elsenborn, le sort l'a désigné pour faire partie de la 21ème Cie du IIIème bataillon en garnison
à Visé.




Cyclistes-frontière



C'est au cours de sa présence à cette unité qu’il a connu l'existence et le lieu où se situaient les abris ainsi que les nombreux postes de garde dits d'alerte et de destruction.
Concernant les abris cela relève de l'initiative de feu Albert DEVEZE alors ministre de la défense nationale qui décida la construction d'un nombre d'abris de petit gabarit et de plus gros selon le secteur et l'importance de leurs missions.
C'est ainsi que des petits abris jalonnèrent la frontière de l'Est depuis le Limbourg hollandais jusqu'au Grand-Duché de Luxembourg, ces derniers tendant la main ainsi à la ligne Maginot.
Il s'agit donc de petits abris dont les dimensions sont les suivante 3m25 sur 3m 30, épaisseurs des murs 40 à 60 cm de béton armé avec une embrasure pour mitrailleuse.
Une porte blindée en protège l'accès. A la partie supérieure se trouve une ratière forme de Juda dont l'ouverture permet un jet de grenade.
Aux quatre coins à l'intérieur, à la partie supérieure du bâtiment, se trouve un orifice lance grenades, dont la sortie se situe à la base extérieure de l'abri.
L'armement consiste en une mitrailleuse Maxim lourde qui est sur un demi-cercle d'acier scellé dans le béton à hauteur de l'embrasure.
Ce dispositif pour information se dénomme affût Chardome du nom de son créateur le colonel Chardome des Chasseurs Ardennais.
Ce dispositif permet l'utilisation pratique de la mitrailleuse et un rapide enlèvement de celle-ci.
Des grenades mils défensives, complètent l'armement de ce genre d’abris avec en plus l'armement de chacun des occupants.
La garnison de ces abris se compose d'un caporal ou un sergent et deux soldats.
Inutile d'ajouter que ces abris n’ont pas été occupés pendant la mobilisation.
En période normale l'embrasure est fermée par une plaque blindée et la porte fermée au moyen d'un gros cadenas en bronze et une patrouille cycliste de deux hommes passaient trois fois par jour et cela à des heures irrégulières afin de vérifier si tout était normal.
Il y a ailleurs, d’autres abris spéciaux, dits de contre irruption dont les dimensions de 8m 50 sur 6m 65, épaisseur des murs 1m 30. Ils sont pourvus de deux embrasures et d’une cloche d’observation.
L'armement est plus important : un canon anti-char de casemate 47 mm, une mitrailleuse lourde, un fusil mitrailleur des grenades défensives un ventilateur et un phare à acétylène. Certains sont reliés téléphoniquement, d'autres disposent de fusées de couleur différente destinées à solliciter le dégagement par l'appui de
l'artillerie de forteresse, la garnison se compose d'un sous–officier, de deux caporaux et 8 soldats.




Cycliste-Frontière



A Visé nous disposons de plusieurs gros abris dits de contre-irruption. Un se situe à la caserne de Visé pour défendre l'accès a la rue de Berneau, le second qui était un abri a étage se trouvait derrière la caserne et défendait la route de Mons. Il y avait en plus deux petits abris de flanquements.
Tous ces abris de la frontière de l'Est, sont confiés aux Chasseurs Ardennais, aux cyclistes-Frontière et dans le secteur de défense des forts de Liège au R.F.L. comme poste d'observation, ces derniers joueront un rôle de premier ordre dans le réglage des tirs de leurs forts.

Après avoir brièvement décrit les abris, du moins ceux qu'il m'a été permis d'occuper durant mon service militaire, nous en arrivons au 10 Mai 1940.
Il faut tout d'abord préciser que depuis le mois de mars 1940, le Régiment Cycliste Frontière, a été dédoublé par l’apport de réservistes venant d'autres régiments.
La 51ème compagnie du III bataillon du 2 Rég. Cy. Frontière à laquelle j'appartiens se trouve sous les ordres du Capitaine-Commandant DE RACHE (plus tard Général-Major)
Le bataillon occupe la rive gauche de la Meuse sur le territoire des communes de Hermalle S/Argenteau ( Basse-Hermalle ) de Visé (Devant le Pont) et de Lixhe.
Le dispositif de défense va de Préixhe à Lixhe. De plus il assure l'alerte le long de la frontière néerlandaise. Outre leur mission d'alerte ces postes ont une mission de destruction routière, ainsi que ferroviaire soit 8 au total, de même qu'un dispositif de déraillement d'un train à Visé-Bas.
Le bataillon assure aussi l'occupation d'une position d'abris dont quatre seulement abris de contre-irruption seront défendus jusqu'au 10 Mai 40.
POURQUOI ? parce que cette position n'est prévue que pour permettre la destruction des ponts de la Meuse, en retardant l'ennemi.
La position défensive dont les lisières extérieures bordent la rive gauche du fleuve s'appuie sur cinq ouvrages bétonnés (abris) protégeant des armes automatiques.
Le 10 mai à 1hre 30 la 51ème compagnie est sur place à DEVANT le PONT.
La 61ème compagnie sous les ordres du lieutenant PARENT est plus au nord à cheval sur le canal de jonction.
Vers 6 heures 15 le Pont du Chemin de fer de VISE sur la Meuse saute, il faudra s'y reprendre à deux fois, mais à 14 heures il est inutilisable.
Vers 10hres 10 le pont route de VISE saute à son tour.
Le 11 mai, les garnisons des abris de la rive droite sont retirées ; Seuls quelques observateurs restent en place, ils rejoindront dès l'approche de l'ennemi.
10hres 30 l'infanterie allemande débouche dans le découvert situé entre le chemin de fer VISE-TONGRES et la courbe Visé Haut, Visé-Bas ;
Entre temps, les abris de contre-irruption ont sur ordre été évacués avec l'armement, seul, dans l’un d'eux on n'a pu retirer le canon de casemate, on l'a fait sauter sur place.
Apparition de fantassins allemands sur les hauteurs de Berneau au nord du Chemin de fer et dans la tranchée de ce même chemin de fer.
Réaction très violente de notre défense. L'ennemi glisse vers le sud et prononce son mouvement devant le front du bataillon. Il ne tente pas de franchir le fleuve, mais prend violemment sous son feu les défenseurs de la rive gauche, mais ceux-ci ayant une plus grande puissance de feu, aidés en cela par le fort de Pontisse le combat durera jusqu'à 15 heures l'ennemi n'insistant plus.
16 heures : Les Allemands franchissent le canal Albert à Vroenhoven. Le commandant du 21ème Rgt Cy Frontière ordonne le rabattement des unités du III bataillon qui sont au nord du chemin de fer. Ces unités (y compris un peloton du 21ème Grenadiers) se place en bretelle sur le talus et face au nord. C'est une position précaire qui donne d'excellentes vues sur les mouvements que pourrait faire l'ennemi mais aussi a des tirs fichants et le risque de mitraillade par avion.
L'ennemi cloué au sol par notre tir, ne tentera plus d'action offensive il se bornera à tirailler sur tout le front du quartier sans chercher à franchir le fleuve.
Partout nous avons la supériorité du feu.
A 22 heures 15 ordre de repli du Bataillon. (nous sommes toujours le 11 mai).
La 51ème compagnie constituera l'arrière garde, fera sauter le pont sur le canal Albert à HACCOURT dernier ouvrage entier de la position tenue les 10 et 11 mai par le III Bataillon du 21ème Régiment Cyclistes-Frontière.
Quant à la 61ème compagnie du III bataillon, elle occupe la rive gauche de la Meuse depuis la lisière sud de Lixhe et voisine le 21ème Grenadiers, elle tend la main à la 51ème compagnie du IIIème bataillon du 21ème Rgt Cy Frontière.





Cyclistes-frontière prêt aux combats



Le 10 mai 1940 à 01hre30 la mise en place de la compagnie est terminée sur ses emplacements de combat.
1hre 45. les liaisons compagnie bataillon sont établies grâce au caporal T.S. STOFFELS.
À 6hres 45 la destruction du pont rails Meuse est réalisée par le s/Lt. MAECK.
12 heures, apparition des premiers éléments ennemis à NAVAGNE face au 21ème Grenadiers, on procède à de nouveaux essais de destruction du pont rails, en effet une seule pile du pont a sauté et s'est effondrée en son centre seulement ce qui permettrait le passage de l'infanterie.
Les garnisons des gardes de la rive droite repassent la Meuse.
Essai de déraillement à Visé-Haut. Finalement le pont rails est détruit et est hors d'usage.
Deux avions sont abattus au Fusil-mitrailleur et Mitrailleuse par balles traçantes par les sergents CASSART et DETAYE.
Le 11 Mai : Apparition des premiers éléments ennemis au pont-viaduc route de MOULAND. Apparition simultanée d'Allemands à la ferme TOSSEN et dans la tranchée du chemin de fer à Visé-Haut.

Ils sont hors de portée de nos armes, on ouvre le feu au fur et à mesure qu'ils approchent ; Combat dure toute la journée.
Progression de l'ennemi route de Mouland, café, musette, le Sergent DETAYE y va de son char Mark VI équipé du canon 47. Le VIème groupe du 31ème d'artillerie montée fait du beau travail sur la cabine de signalisation butoirs de Visé-Bas, Abattoirs de Visé-Culée Est du Pont-rail, en plein dans le mille.
L’ennemi installé Culée Est à l'abri des butoirs tire sur le poste n°3, le sergent VIVEQUIN est tué au n°2, le soldat BLOEM est tué à l'écluse du canal de jonction, le soldat ROLAND est tué aussi et il ya plusieurs blessés.
Le 21ème grenadiers bat en retraite. Le peloton du s/Lt. CHATEL reçoit l'ordre du Cdt de la 61ème Cie. le Lt. PARENT de rester sur place il se conforme à l'ordre reçu.
Il passe sous le commandement de la 61ème Cie il lui reste 3mitrailleuses et deux Chars T I3 intacts.
18 heures : Tirs d'artillerie sans discontinuer, Château Mazy et L'église brûle.
23hres 15 ordre de retraite sans que les positions ne soient entamées.
Voila en bref, l'action du III bataillon du 21ème Rgt. Cy. Frontière sous les ordres du Major L'hoir se composant des 51ème et 61ème Compagnies sous les ordres du Cpt-Cdt DE RACHE et du Lieutenant PARENT.
La 51ème Cie restant en arrière garde fera sauter le pont de Haccourt dès que toutes les compagnies seront repassées soit la 31ème, la 41ème, la 61ème compagnies du IIIème et 31ème Bataillon seul un peloton de la 61ème ne se présentera pas et sera capturé le lendemain.
IIème BATAILLON - 21ème REG CY FRONTIERE
Commandant : Major D'HAINAUT
Le IIème Bataillon est issu de la 21ème Compagnie de VISE dédoublée le 15 Mars 40. Il occupe la rive gauche de la Meuse sur le territoire de la Commune de HERMALLE sous ARGENTEAU depuis CHERTAL jusque, PREIXHE de plus, il assure l'alerte le long de la Frontière néerlandaise.
Le Bataillon est constitué par les 31ème et 41ème Cie, respectivement sous les ordres du Commandant HOUBIERS et du Lt. BECKMAM.

La 41ème compagnie occupe les postes d’alerte et de destruction, n°5 et 6 à WARSAGE, le poste 7 à FOURON le COMTE et le poste 8 à ULVEND.
La 31ème le poste 9 à GRINDAEL le tunnel FOURONS st MARTIN à l'OUEST et la sortie du tunnel à l'est côté REMERSDAL ainsi que le poste 10 sur la route de la PLANK. Outre leurs missions d'alerte tous ces postes ont une mission de destruction routière ou ferroviaire, les postes 7 et 8 sont précédés d'obstructions routières en matériaux durs, le poste est couvert par un fossé antichar.
La 41ème Cie est en plus chargée de la destruction du pont d'ARGENTEAU sur la MEUSE dénommée ARG. I
Le bataillon assure en outre l'occupation d'une position d'abris qui entoure ARGENTEAU et RICHELLE face à l'est et qui comprend 10 ouvrages seulement les deux abris de contre-irruptions seront défendus jusqu’au 10 Mai 40.
L'occupation de ces abris n'était d'ailleurs prévue que pour permettre en cas d'attaque brusquée la mise en place des troupes et la destruction des ouvrages sur la MEUSE.
Enfin un détachement fort d'un groupe de combat et de quelques D.B.T.(Lance grenade) est placé a DALHEM ou il tient une position de recul pour le IIème Régiment Cy Frontière.

Le 10 Mai 40
0 heure – Le Bataillon est alerté, la mise en place terminée à 2hres 40
4hres 35 - Premier survol par l'aviation ennemie.
5hres - ordre de faire sauter les destructions rive droite de la MEUSE
7hres - rentrée des gardes du tunnel de FOURON st MARTIN destructions réussies.
7hres 50 Rentrées des gardes :
de 5 D et 6 D à WARSAGE
- de 7 D à CHPPEN (??) - FOURON le COMTE
- de 9 D à GRTNDAEL (??) - FOURON st MARTIN
- de 8 D à ULVEND et 10 D sur la route de la PLANCK (Bois de VEURS)
Toutes les destructions exécutées sans avoir eu de contact, entre 5hres 21 et 5hres 35
8hres 40 - Message radio Mobilisation générale décrétée.
11hres 30 - Le génie fait sauter trois destructions sur la rive droite devant le quartier du II Bataillon une d’elle coupe les voies de chemin de fer LIEGE - VISE
12hres 05 - Destruction du pont d'ARGENTEAU
15hres 25 - Le poste d'observation de DALHEM annonce l'ennemi

11 Mai 40
2hres - une patrouille ennemie en éclaireur ,Cavaliers et motorisés sont signalés aux débouchés de RICHELLE, mais ils sont refoulés.
A l'aube les hommes occupant les abris reçoivent l'ordre de se replier.
13hres 20 - Premières rafales ennemies, survol par l'aviation ennemie. L'ennemi apparait le long de la MEUSE. Forte réaction de nos unités, Forte activité de l'aviation ennemie.
17hres 15 - Première action offensive de l'ennemi qui a pénétré dans les carrières de RICHELLE et de là, exécute des tirs de mousqueterie.
20hres - le pont de VIVEGNIS sur le canal Albert est détruit.
22hres - Le pont de HERMALLE sur le canal Albert saute. L'ennemi a étendu son action et occupe en fin de journée, les carrières de RICHELLE, le Château et les villages d' ARGENTEAU, SAROLAY et CHERATTE – HAUTEURS. Partout il a des vues plongeantes sur nos positions. Son action se borne cependant à des tirs sporadiques et à aucun moment il ne tentera de franchir le fleuve.
22hres 30 - Ordre de se replier sur Ville en Hesbaye itinéraire : Haccourt, Oupeye, Liers, Rocour, Hollogne aux Pierres, Horion-Hozémont, Lens st Remy, Fumal, Ville en Hesbaye. L'ordre est exécuté à 23 Heures 10.
12 Mai 40
1hre - Le bataillon franchit le pont de HACCOURT et la 51ème Cie le fait sauter.
Oui, les Cyclistes-Frontière ont bien mérité la reconnaissance de la ville de Visé. Ils ont fait de leur mieux pour la défense de son patrimoine seule l'amplitude des moyens de l'ennemi a eu raison de leur volonté.
Écrit par : Monsieur S. Chantraine
Tiré du bulletin ‘’VIGILO’’ (Amicale Nationale des Cyclistes-Frontière) fondée en 1977.
Source :
https://www.maisondusouvenir.be/cyclistes_frontiere.php
 
 
Note: 5
(1 note)
Ecrit par: prosper, Le: 30/05/20


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